Tollé en Israël après un nouveau rapport de l’ONU sur des « actes génocidaires » présumés à Gaza
Le rapport "accuse les victimes des crimes commis contre elles. Le Hamas est l'organisation qui a commis d'horribles crimes sexuels contre des Israéliens", rappelle l'État hébreu

Israël a déclaré jeudi qu’un nouveau rapport de l’ONU, alléguant d’actes « génocidaires » contre les droits des femmes en matière de procréation à Gaza et l’utilisation systématique de la violence sexuelle comme outil de guerre, sont comparables aux théories du complot antisémites les plus préjudiciables de l’Histoire.
« C’est l’un des pires cas de diffamation du sang que le monde ait jamais vu [et le monde en a vu beaucoup] », a déploré le ministère des Affaires étrangères dans un message publié le le réseau social X.
« Il accuse les victimes des crimes commis contre elles. Le Hamas est l’organisation qui a commis d’horribles crimes sexuels contre des Israéliens. C’est en effet un document malsain que seule une organisation antisémite telle que l’ONU pouvait produire. »
Le terme de « diffamation par le sang » désignait historiquement les accusations portées contre les Juifs en Europe qui utilisaient soi-disant le sang chrétien à des fins rituelles, ce qui a souvent inspiré des attaques meurtrières contre les Juifs. Cette expression a été adoptée ces dernières années comme étant utilisée pour désigner des allégations particulièrement malveillantes contre Israël ou les Juifs.
L’ambassadeur d’Israël auprès des Nations unies à Genève, Daniel Meron, a déclaré au Times of Israel que ce rapport de l’ONU « est un nouvel exemple de la diffamation par le sang que des acteurs au sein de l’ONU perpétuent contre Israël dans une vaine tentative de l’accuser d’actes qui n’ont jamais été commis, tout en détournant l’attention des crimes de guerre des organisations terroristes et des États qui les soutiennent ».
« Au lieu de fabriquer des accusations, il est temps que l’ONU condamne explicitement le [groupe terroriste palestinien du] Hamas pour ses actions et dénonce dans ses discussions les horribles violences sexuelles commises contre les Israéliens le 7 octobre [2023] et par la suite. »
#PressRelease Israel categorically rejects the unfounded allegations made by the Commission of Inquiry pic.twitter.com/R5RvIrEpdU
— Israel in UN/Geneva???????????????? | #BringThemHome (@IsraelinGeneva) March 12, 2025
La mission permanente d’Israël auprès de l’ONU à Genève a déclaré dans un communiqué de presse que la commission d’enquête « adopte délibérément un niveau de corroboration inférieur dans son rapport, ce qui lui a permis d’inclure des informations provenant de sources uniques de seconde main non corroborées. Cela est incompatible avec les normes et méthodologies de vérification établies par l’ONU ».
Le Premier ministre Benjamin Netanyahu a pour sa part qualifié le Conseil des droits de l’homme des Nations unies « d’organisme antisémite, pourri, soutenant les terroristes et hors de propos ».
« Au lieu de se concentrer sur les crimes contre l’humanité et les crimes de guerre commis par l’organisation terroriste Hamas lors du pire massacre perpétré contre le peuple juif depuis la Shoah, l’ONU choisit une fois de plus d’attaquer Israël avec de fausses accusations, y compris des accusations non fondées de violence sexuelle », a déclaré Netanyahu dans un communiqué.
Cochav Elkayam-Levy, qui dirige la Commission civile sur les crimes du Hamas contre les femmes et les enfants du 7 octobre, un organisme indépendant qui recueille les témoignages de victimes de violences sexuelles en Israël lors de l’attaque du Hamas du 7 octobre 2023, a affirmé jeudi que le rapport accusant Israël d’utiliser la violence sexuelle comme stratégie contre les Gazaouis suit le schéma des « efforts visant à créer une fausse comparaison entre Israël et le Hamas, en particulier dans le contexte de la violence sexuelle ».
« Malheureusement, ce schéma se répète dans divers organes des Nations unies depuis le 7 octobre », a-t-elle déclaré dans un communiqué. « Cette comparaison morale est douloureuse et erronée car son but est d’établir de faux récits historiques et d’infliger un préjudice irréparable tant aux victimes qu’à la justice. »
« Nous avons toujours cru aux institutions internationales et au système des droits de l’homme, mais une telle conduite, qui cherche à ancrer de faux récits historiques, doit cesser. Nous devons la vérité aux victimes. »
Hagit Peer, présidente de l’association israélienne de défense des droits des femmes Naamat, déplore que « ce rapport scandaleux tente de transformer la victime en agresseur » et accuse les groupes internationaux qui militent contre les violences sexuelles d’ignorer les victimes israéliennes et juives.
« Ce rapport empeste l’antisémitisme le plus flagrant. Il s’agit d’un effort visant à créer une réalité alternative et inversée concernant le massacre sexuel perpétré par le Hamas contre des femmes et des hommes israéliens, tandis que les institutions internationales restent d’un silence assourdissant. »
« La commission a constaté que les autorités israéliennes ont en partie détruit la capacité des Palestiniens à Gaza – en tant que groupe – à faire des enfants, à travers la destruction systématique des soins de santé sexuelle et reproductive », a indiqué dans un communiqué une commission d’enquête des Nations unies.
Selon l’ONU, un génocide est un crime « commis dans l’intention de détruire, ou tout ou en partie, un groupe national, ethnique, racial ou religieux », et cinq types d’actes peuvent être considérés comme constitutifs d’un génocide.
La commission estime que deux d’entre eux concernent Gaza : les « mesures visant à entraver les naissances » et la « soumission intentionnelle » d’un groupe à des conditions d’existence « devant entraîner sa destruction physique ».
« Le ciblage des installations de soins de santé reproductive, notamment par des attaques directes contre les maternités et la principale clinique de fécondation in vitro de Gaza, combiné à l’utilisation de la famine comme méthode de guerre, a eu un impact sur tous les aspects de la reproduction », a assuré la présidente de la commission, la Sud-Africaine Navi Pillay, connue pour ses positions anti-Israël.
Ces violations ont causé des « souffrances physiques et mentales immédiates aux femmes et aux jeunes filles », mais ont « aussi des effets irréversibles à long terme sur la santé mentale et sur les possibilités pour les Palestiniens, en tant que groupe, de faire des enfants », a ajouté la Sud-Africaine, qui fut notamment présidente du Tribunal pénal international pour le Rwanda et juge à la Cour pénale internationale (CPI).
Dans ce nouveau rapport, la commission pointe du doigt la destruction par les forces de sécurité israéliennes de la plus grande clinique de fécondation in vitro al Basma, qui conservait des milliers d’embryons.
Cette destruction « visait à empêcher les naissances de Palestiniens à Gaza » et constitue à ses yeux « un acte génocidaire », selon la commission controversée, créée par le Conseil des droits de l’homme de l’ONU en 2021.
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Elle conclut également que cette destruction « visait à détruire les Palestiniens de Gaza en tant que groupe ».
La commission se penche aussi sur les conséquences du blocage de l’aide humanitaire par Israël dans le cadre de la guerre à Gaza, déclenchée après l’attaque sans précédent contre Israël du groupe terroriste islamiste palestinien du Hamas le 7 octobre 2023.
Les forces de sécurité israéliennes « ont délibérément imposé des conditions de vie visant à entraîner la destruction physique des Palestiniens de Gaza », affirme la commission, pour qui il s’agit également d’un acte « génocidaire ».
« Des femmes et des jeunes filles sont mortes de complications liées à la grossesse et à l’accouchement en raison des conditions imposées par les autorités israéliennes, qui leur ont refusé l’accès aux soins de santé reproductive – des actes qui relèvent du crime contre l’humanité d’extermination », relève également la commission, qui a déjà accusé Israël de crimes contre l’humanité et le Hamas de crimes de guerre.
Des ONG, dont Amnesty International, et des experts indépendants de l’ONU ont accusé Israël de « génocide » à Gaza. En novembre, un comité spécial de l’ONU avait également jugé que les méthodes de guerre employées par Israël à Gaza présentaient les « caractéristiques d’un génocide ».
De son côté, l’Afrique du Sud est à l’origine d’une plainte pour génocide visant Israël devant la Cour internationale de justice.
Le pogrom mené par le Hamas contre Israël le 7 octobre 2023 a entraîné du côté israélien la mort de 1 218 personnes, la plupart des civils, selon un décompte de l’AFP basé sur des données officielles et incluant les otages morts ou tués en captivité.