Trump devant le Congrès : « Nous allons ramener nos otages de Gaza »
"Nous allons nous appuyer sur les Accords d'Abraham", a déclaré le président américain lors d'un discours auquel ont assisté plusieurs anciens otages
Jacob Magid est le correspondant du Times of Israël aux États-Unis, basé à New York.

Devant plusieurs anciens otages israéliens, le président américain Donald Trump a brièvement évoqué ses efforts pour obtenir la libération des captifs de Gaza lors d’un discours prononcé mardi soir devant le Congrès dans le cadre d’une session conjointe.
« En ce qui concerne le Moyen-Orient, nous allons ramener nos otages de Gaza », a déclaré Trump.
Après une attente considérable de la part des Israéliens, ce fut finalement sa seule remarque sur le sujet dans tout son discours qui, ayant duré un peu plus d’une heure et quarante minutes, a établi un record de la plus longue allocution présidentielle prononcée lors d’une session conjointe du Congrès.
Alors que Trump a adressé des félicitations personnalisées à quelques personnes présentes tout au long de son discours, aucun des anciens otages, parmi lesquels le citoyen américano-israélien Keith Siegel, n’a eu droit à une telle attention.
La femme de Siegel, Aviva, a été aperçue dans la galerie de la Chambre, tout comme les ex-otages Noa Argamani et Iaïr Horn, ainsi que Ronen Neutra, le père de l’otage américano-israélien Omer Neutra, assassiné le 7 octobre 2023 et dont la dépouille a été emportée à Gaza. Chaque membre du groupe portait un foulard jaune rappelant le sort des otages à Gaza.
Dimanche, Sharon Sharabi a annoncé que son frère, Eli Sharabi, récemment relâché, se rendrait à Washington le lendemain pour rencontrer Trump, à qui on avait montré une interview accordée par Eli la semaine dernière et dans laquelle il décrit ses terribles conditions de captivité.

Le Forum des familles des otages a déclaré qu’Eli, ainsi que ses anciens compagnons d’infortune Doron Steinbrecher, Naama Levy, Omer Shem Tov, Horn et les époux Siegel, devaient rencontrer des responsables de l’administration Trump, sans préciser si le président lui-même serait présent.
Les familles des otages ont appelé le Premier ministre Benjamin Netanyahu à respecter l’accord conclu en janvier, rejetant ses efforts pour le remanier plutôt que de passer à la deuxième phase, qui aurait dû commencer dimanche. La délégation de familles a l’intention d’insister sur ce message lors des réunions à Washington cette semaine.
Trump a joué un rôle déterminant dans la conclusion de l’accord de libération des otages après de longs mois de pourparlers laborieux sous l’administration précédente. Des diplomates des pays arabes médiateurs avaient déclaré au Times of Israel que Steve Witkoff, l’envoyé de Trump au Moyen-Orient, avait réussi à faire davantage avancer Netanyahu en une seule réunion le 11 janvier que l’ancien président américain Joe Biden pendant toute la guerre.
Cependant, ces dernières semaines, Trump semble s’être éloigné du cadre par étapes qu’il a contribué à finaliser, se montrant de plus en plus frustré par les cérémonies de libération des otages organisées par le groupe terroriste palestinien du Hamas et préconisant qu’Israël reprenne les combats.

Israël a annoncé samedi avoir accepté « la proposition de Witkoff » qui consiste à abandonner le cadre actuel en faveur d’une prolongation du cessez-le-feu englobant la période des fêtes de Ramadan et de Pessah, pendant laquelle les derniers otages seraient libérés en deux vagues.
Le Hamas a rejeté cette proposition, insistant pour que les parties s’en tiennent au cadre convenu en janvier. Cet accord exigeait que les parties entament des pourparlers sur les modalités de la deuxième phase le 3 février, mais Israël a largement refusé de le faire, car la phase 2 prévoit la libération des otages encore en vie en échange d’une fin permanente de la guerre – ce que Netanyahu n’acceptera pas tant que le Hamas ne se rendra pas ou ne sera pas complètement désarmé.
Alors que la première phase touchait à sa fin samedi, Netanyahu a annoncé l’interruption de l’acheminement de l’aide humanitaire à Gaza. La Maison Blanche a soutenu cette décision, déclarant qu’elle approuvait la position d’Israël dans les pourparlers. Israël a menacé de reprendre les combats si le Hamas n’acceptait pas la « proposition Witkoff ».
Un retour à la guerre réduirait probablement encore les chances d’un accord de normalisation entre Israël et l’Arabie saoudite, que Trump s’est engagé à négocier et a mentionné dans son discours de mardi.

« Au cours de mon premier mandat, nous avons conclu l’un des accords de paix les plus novateurs depuis des générations, les Accords d’Abraham, et nous allons maintenant nous appuyer sur ces fondations pour créer un avenir plus pacifique et plus prospère pour toute la région », a-t-il déclaré.
Ryad a insisté sur le fait qu’elle ne signerait pas un tel accord sans qu’Israël accepte de créer un État palestinien, ce qui est hors de question pour Netanyahu et son gouvernement de ligne dure. L’Arabie saoudite a également intensifié ses critiques à l’encontre d’Israël ces dernières semaines, furieuse que Netanyahu ait suggéré qu’elle accueille des Palestiniens de Gaza. Il s’agit là d’un signe supplémentaire que la normalisation des relations s’éloigne un peu plus.
« Il se passe beaucoup de choses au Moyen-Orient… [C’est une] région difficile », a déclaré Trump.
La seule autre mention d’Israël dans son discours, largement axé sur la politique intérieure, est survenue lorsque Trump a indiqué qu’il demandait au Congrès de « financer un bouclier antimissile d’avant-garde de type ‘Dôme d’or’ pour protéger notre patrie ».
Il avait mentionné cette initiative à plusieurs reprises lors de sa campagne électorale l’année dernière.

« D’autres pays l’ont, Israël l’a », a déclaré Trump.
« Nous devrions l’avoir. Nous voulons être protégés. »