Israël en guerre - Jour 425

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Opinion

Trump est-il vraiment d’accord avec Netanyahu sur l’Iran, Gaza et les implantations ?

Si ces deux leaders sont résolument alliés, ils ne sont pas nécessairement bien alignés

David est le fondateur et le rédacteur en chef du Times of Israel. Il était auparavant rédacteur en chef du Jerusalem Post et du Jerusalem Report. Il est l’auteur de « Un peu trop près de Dieu : les frissons et la panique d’une vie en Israël » (2000) et « Nature morte avec les poseurs de bombes : Israël à l’ère du terrorisme » (2004).

Le président américain Donald Trump (à gauche) et le Premier ministre Benjamin Netanyahu, lors de l'annonce de la proposition de paix israélo-palestinienne dans la salle Est de la Maison Blanche à Washington, le 28 janvier 2020. (AP/Susan Walsh)
Le président américain Donald Trump (à gauche) et le Premier ministre Benjamin Netanyahu, lors de l'annonce de la proposition de paix israélo-palestinienne dans la salle Est de la Maison Blanche à Washington, le 28 janvier 2020. (AP/Susan Walsh)

Si les élections avaient eu lieu en Israël, Donald Trump aurait obtenu une marge de victoire bien plus importante qu’aux États-Unis, probablement même supérieure à celle de n’importe quel État américain. Deux sondages préélectoraux révélaient que 66 % et 65 % des Israéliens préféraient Trump à Kamala Harris, contre seulement 17 % et 13 % pour cette dernière. Son soutien auprès des Israéliens juifs était encore plus élevé.

Quel contraste avec 2016, où plusieurs sondages montraient une nette préférence des Israéliens pour Hillary Clinton plutôt que pour Trump, bien que certains des sondages de l’époque indiquaient que les personnes interrogées se disaient pourtant convaincues que le programme de Trump était plus favorable à Israël.

Une des différences majeures entre cette période et aujourd’hui réside dans le sentiment d’inquiétude et de colère beaucoup plus prononcé des Israéliens face à l’hostilité croissante de l’extrême gauche du Parti démocrate envers Israël.

Par ailleurs, en 2016, Trump, bien que déjà réputé pour son imprévisibilité, restait largement méconnu sur la scène politique internationale.

En 2024, en revanche, les Israéliens se souviennent de son premier mandat, au cours duquel il a mis en œuvre des politiques clés très appréciées par une grande partie du spectre politique israélien comme la reconnaissance de Jérusalem comme capitale d’Israël et le transfert de l’ambassade américaine dans la ville, ou encore la reconnaissance de la souveraineté israélienne sur le plateau du Golan, l’intensification des pressions économiques sur le régime de Téhéran pour contrecarrer ses ambitions nucléaires et sans oublier, bien évidemment, les Accords d’Abraham qui ont permis la normalisation avec les Émirats arabes unis, le Bahreïn et le Maroc.

Ainsi, cette fois-ci, c’est Trump qui apparaît comme un leader familier, tandis que Harris est perçue comme une néophyte imprévisible – généralement considérée comme favorable à Israël (mais pas nécessairement à son gouvernement), mariée à un Juif, et tout le reste, mais restant une inconnue.

Benjamin Netanyahu se félicite de la victoire de Trump, malgré le froid qui a suivi la défaite de Trump en 2020, lequel avait boudé Netanyahu longtemps après, parce que le Premier ministre avait eu le culot de féliciter Joe Biden pour sa victoire. Trump y avait vu un acte de profonde déloyauté qu’il avait résumé en deux mots au journaliste israélien Barak Ravid, « [Netanyahu] peut aller se faire voir ».

Les deux hommes se sont réconciliés depuis. Trump a accueilli M. et Mme Netanyahu à Mar-a-Lago en juillet, et Netanyahu n’a pas tardé à qualifier la victoire de Trump de « plus grand retour de l’histoire » il y a deux semaines. Les deux leaders se sont depuis téléphoné à plusieurs reprises.

L’ex-président américain Donald Trump accueille le Premier ministre Benjamin Netanyahu et son épouse Sara dans sa résidence balnéaire de Mar-a-Lago, en Floride, le 26 juillet 2024. (Cabinet du premier ministre)

Netanyahu, qui a critiqué l’administration Biden cette semaine à la tribune de la Knesset pour avoir tenté, à des moments cruciaux au cours de l’année écoulée, d’empêcher certaines opérations militaires israéliennes à Gaza et contre l’Iran, espère manifestement une approche plus conciliante de la part de Trump. Les deux leaders « voient d’un même œil » la menace iranienne, a déclaré Netanyahu la semaine dernière, par exemple.

La confiance de Netanyahu n’est pas infondée. Il est convaincu, tout comme la majorité des Israéliens qui ont largement préféré Trump à Kamala Harris, que les Ayatollahs redouteront davantage Trump que Harris, et que l’Arabie saoudite pourrait être plus disposée à coopérer avec Trump, voire à rejoindre les Accords d’Abraham en normalisant ses relations avec Israël.

Toutefois, malgré leur alliance affichée, Trump et Netanyahu ne sont pas totalement alignés sur plusieurs sujets clés. Trump a clamé haut et fort qu’Israël devait rapidement gagner la guerre à Gaza et que « les massacres devaient cesser ». Dans son discours de victoire en Floride, le président élu des États-Unis a souligné qu’il entendait « arrêter les guerres », et non les initier.

Dans ce même discours, Trump a précisé qu’il donnerait la priorité aux affaires intérieures américaines, affirmant qu’il fallait « faire passer notre pays en premier, au moins pendant un certain temps ». De son côté, son vice-président élu, JD Vance, a déclaré deux semaines avant la tenue de l’élection que les intérêts des États-Unis et d’Israël ne se recoupaient pas toujours et que « notre intérêt est de ne pas entrer en guerre avec l’Iran ».

Ce genre de propos ne reflète pas vraiment ni les idées ni la politique actuelles de Netanyahu.

La question des implantations en Cisjordanie et du conflit israélo-palestinien constitue un autre point de divergence notable. La victoire de Trump a été accueillie avec euphorie par les leaders des implantations et leurs soutiens politiques, notamment au sein du Likud de Netanyahu et des partis de la coalition d’extrême-droite.

Bezalel Smotrich, chef de HaTzionout HaDatit, et Itamar Ben Gvir, leader d’Otzma Yehudit, ont tous deux présenté le retour de Trump comme une occasion d’étendre et d’annexer les implantations, ainsi que d’appliquer la souveraineté israélienne en Cisjordanie.

Le candidat républicain à l’élection présidentielle américaine, l’ancien président Donald Trump, à droite et l’ancien gouverneur de l’Arkansas, Mike Huckabee, lors d’une table ronde au Drexelbrook Catering & Event Center, à Drexel Hill, en Pennsylvanie, le 29 octobre 2024. (Crédit : AP/Julia Demaree Nikhinson)

La nomination par Trump de Mike Huckabee comme ambassadeur en Israël a été saluée comme emblématique d’une administration entrante profondément favorable aux implantations, Huckabee, ayant indiqué lors d’une interview la semaine dernière que l’annexion était « effectivement envisageable », après une déclaration dans les annales selon laquelle les liens d’Israël avec la Judée et la Samarie étaient plus forts que les liens de l’Amérique avec Manhattan.

Or, cette position semble contredire les déclarations de Trump peu après son investiture en février 2017. Lors d’un entretien avec Israel Hayom, il avait exprimé des réserves sur les implantations, affirmant qu’elles « n’aident pas le processus de paix … À chaque fois que vous prenez des terres pour des implantations, il reste moins de terres » et que selon lui, leur expansion n’était pas « une bonne chose pour la paix ».

Lors de sa première visite en Israël en tant que président, en mai 2017, Trump avait renforcé cette position en concluant son voyage par un discours au Musée d’Israël. Il y déclarait que le président de l’Autorité palestinienne (AP) Mahmoud Abbas – rencontré plus tôt à Bethléem – ainsi que les Palestiniens « étaient prêts à faire la paix. » Déviant de son discours préparé, il avait insisté auprès de son auditoire sceptique, comprenant notamment Netanyahu : « Je sais que vous l’avez déjà entendu. Mais je vous le dis : c’est ce que je fais. Ils sont prêts à faire la paix. »

Le président américain de l’époque, Donald Trump, tend la main pour serrer celle du président de l’Autorité palestinienne, Mahmoud Abbas, avant une réunion au Palace Hotel lors de la 72e Assemblée générale des Nations unies, à New York, le 20 septembre 2017. (Crédit : AFP Photo/Brendan Smialowski)

Aujourd’hui, il est peu probable que Trump conserve une attitude aussi favorable envers Abbas et les Palestiniens, qu’il l’était il y a quelques années – en particulier à la suite du pogrom perpétré par le Hamas dans le sud d’Israël il y a 412 jours, de l’empathie généralisée des Palestiniens pour ce massacre barbare et de l’éloge funéraire du chef génocidaire du Hamas par la faction Fatah d’Abbas, qui l’a qualifié de « grand dirigeant national ».

Malgré cela, les messages ambigus de l’administration Trump sur les implantations ont culminé en janvier 2020, lorsqu’un fiasco politique a éclaté autour de son plan « de la paix vers la prospérité ». Les Palestiniens ont rejeté ce plan, mais Netanyahu croyait alors avoir le soutien de Trump pour annexer l’ensemble des implantations et la vallée du Jourdain. Le Premier ministre avait même affirmé aux journalistes israéliens présents à Washington que l’annexion se ferait dans les jours suivants.

C’est alors que Jared Kushner, gendre et conseiller de Trump, a catégoriquement démenti cette idée, provoquant un recul spectaculaire.

Plus tard, Trump confiera à Ravid que Netanyahu « ne voulait pas faire la paix. Il ne l’a jamais voulu » et a confirmé avoir empêché son plan d’annexion. « Je me suis mis en colère et je l’ai arrêté. »

Huit mois plus tard, Netanyahu signait les accords d’Abraham, après avoir accepté comme condition préalable à la conclusion de l’accord avec les Émirats de ne procéder à aucune annexion de la Cisjordanieau moins jusqu’en 2024.

Aujourd’hui, les enjeux sont encore plus importants. L’Iran est plus proche que jamais de posséder l’arme nucléaire. La perspective d’une normalisation des relations avec l’Arabie saoudite, et d’une alliance régionale contre les Ayatollahs, semble s’éloigner, Ryad accusant Israël de génocide. Le mouvement d’implantation, quant à lui, ainsi qu’une bonne partie de la coalition de Netanyahu, ont les yeux rivés sur Gaza comme sur la Cisjordanie.

Le président américain Donald Trump montre un tableau mettant en évidence les ventes d’armes à l’Arabie saoudite lors d’une réunion avec le prince héritier saoudien Mohammed bin Salman dans le bureau ovale de la Maison Blanche, le 20 mars 2018. (Crédit : Evan Vucci/AP)

Le futur président américain a donc du pain sur la planche mais affiche une priorité claire pour les affaires intérieures des États-Unis. Cependant, il serait avisé qu’il clarifie rapidement ses positions sur des questions cruciales comme la lutte contre l’Iran, la fin de la guerre de Gaza et la libération des otages – des sujets qu’il a abordés avec le président Joe Biden la semaine dernière – ainsi que ses positions sur les implantations.

Son allié enthousiaste, Benjamin Netanyahu, a besoin de ces éclaircissements. Il en va de même pour une nation israélienne qui aurait soutenu Trump bien plus largement que les électeurs américains, mais qui reste profondément divisée et fragilisée par les choix et la gouvernance de son propre Premier ministre.

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