Trump : l’Iran « a carte blanche » en Syrie, un responsable israélien « choqué »
"Il est triste qu'il ne soit pas attentif aux documents des services du renseignement", a déclaré une source haut placée de Jérusalem, en parlant du président américain
Jeudi, un haut responsable israélien aurait critiqué le président américain Donald Trump pour avoir semblé donner carte blanche à l’Iran afin qu’il puisse s’établir militairement en Syrie.
Le président américain, mercredi, a déclaré au sujet des forces iraniennes en Syrie : « Ils peuvent faire ce qu’ils veulent, franchement », tout en laissant entendre que Téhéran retirait ses troupes du pays.
« Il est triste qu’il ne soit pas attentif aux documents des services du renseignement », a déclaré la source israélienne anonyme, selon un rapport publié jeudi par le site d’information Ynet.
« Je suis tout simplement sous le choc », poursuit la source. « Trump ne sait tout simplement pas ce qui se passe en Syrie et le retranchement iranien dans ce pays. »
Les déclarations de Trump sont arrivées deux semaines après qu’il a ébranlé Jérusalem en annonçant qu’il retirerait toutes les troupes américaines de la Syrie. Les soldats américains dirigeaient la coalition contre le groupe terroriste d’État islamique, tout en aidant à contrecarrer l’établissement d’une infrastructure militaire iranienne permanente en Syrie.
Ces dernières années, Israël a averti à plusieurs reprises que l’Iran cherchait à établir une présence militaire en Syrie, où il se bat aux côtés de son mandataire libanais, le Hezbollah, pour rétablir le régime du président syrien Bashar el-Assad.
Les responsables israéliens ont également averti que le départ de l’Amérique ouvrirait la porte à la création par Téhéran d’un « pont terrestre » de l’Iran vers le Liban et la mer Méditerranée en passant par l’Irak et la Syrie.
Au cours des dernières années, Israël a mené des centaines de frappes aériennes en Syrie contre des cibles liées à l’Iran.
Pourtant, M. Trump a déclaré mercredi, lors d’une réunion du cabinet, que Téhéran, comme les États-Unis, retirait ses forces de Syrie.
Le président américain a ajouté qu’en se retirant de l’accord nucléaire avec l’Iran l’année dernière, Washington avait chamboulé les calculs de Téhéran et entravé ses efforts visant à déstabiliser la région.
« L’Iran n’est plus le même pays, a-t-il dit. « L’Iran se retire de Syrie. Ils peuvent faire ce qu’ils veulent, franchement, mais ils se retirent. Ils se retirent du Yémen. L’Iran veut survivre maintenant. »
La décision de Trump de retirer les 2 000 soldats américains de Syrie a provoqué un bouleversement majeur au sein de son propre gouvernement ; son secrétaire à la Défense, James Mattis, a démissionné en raison du retrait.
Trump a brossé un tableau sombre de la situation en Syrie mercredi, en la résumant en deux mots – « sable et mort » – tout en restant vague sur le calendrier du retrait des troupes américaines.
« La Syrie a donc été perdue il y a longtemps. Elle a été perdue il y a longtemps. Et à part ça, je ne veux pas – on parle de sable et de mort. C’est de cela qu’il s’agit », a déclaré M. Trump lors d’une réunion du Cabinet. « Il ne s’agit pas d’une énorme richesse. On parle de sable et de mort ».
Sur la question de savoir quand les forces américaines quitteraient la Syrie, Trump a répondu : « Je ne veux pas rester en Syrie éternellement ».
Il a ajouté : « Je n’ai jamais dit que nous partirions du jour au lendemain… Nous nous retirons… sur une certaine période de temps ».
L’annonce du retrait de la Syrie par le président américain a été le premier point de discorde important entre Washington et Jérusalem depuis son entrée en fonction – le Premier ministre Benjamin Netanyahu l’aurait supplié de reconsidérer cette décision et a renforcé la perception selon laquelle il considère la relation américaine avec Israël comme une relation de négociation.
Mardi, le secrétaire d’État américain Mike Pompeo a déclaré à Netanyahu que le retrait prévu des forces terrestres américaines de Syrie ne changera rien à l’engagement des États-Unis à contrer l’agression iranienne et à garantir la sécurité d’Israël.
« La décision du président sur la Syrie ne change rien à ce que cette administration fait aux côtés d’Israël », a déclaré Pompeo lors d’une conférence de presse conjointe avec Netanyahu avant leurs entretiens au Brésil.
M. Trump a déclaré la semaine dernière qu’il ne pensait pas que le retrait des troupes américaines de Syrie mettrait Israël en danger.