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« Tu ne te tairas point », un podcast sur les violences sexuelles de rabbins en France

À travers trois profils de rabbins prédateurs présumés, l’enquête remonte jusqu’aux plus hautes instances du judaïsme en France

« Tu ne te tairas point » est un podcast sur les violences sexuelles commises par des rabbins au sein de la communauté juive orthodoxe de France.

La série-enquête en six épisodes d’une vingtaine de minutes chacun est diffusée depuis mercredi sur toutes les plateformes d’écoute en ligne, dont Deezer et Apple Podcasts. Les épisodes seront mis en ligne au fur et à mesure jusqu’au 19 avril.

Le podcast a été écrit et réalisé par les journalistes Salomé Parent-Rachdi et Lila Berdugo.

Elles se sont intéressées au sujet après les accusations d’agressions sexuelles contre l’auteur haredi Chaïm Walder à l’automne 2021.

« En Israël, l’annonce provoque un séisme et Chaïm Walder est renommé le ‘Harvey Weinstein ultra-orthodoxe’. Mais en France, les médias ne s’attardent pas sur cette affaire », expliquent-elles.

Elles ont ainsi rassemblé des témoignages de victimes qui accusent des rabbins français de violences physiques et psychologiques. La plupart d’entre elles racontent pour la première fois les traumatismes qu’elles ont vécus.

À travers trois profils de rabbins prédateurs présumés, l’enquête remonte jusqu’aux plus hautes instances du judaïsme en France, « pour mettre au jour une omerta qui dure depuis de nombreuses années et révéler les mécanismes de silenciation propre au judaïsme ».

Elles ont ainsi interviewé le grand rabbin de France, Haïm Korsia, et le président 
du Consistoire central, Elie Korchia.

La série donne également la parole à des victimes et à Janine Elkouby, co-fondatrice du collectif « Nous Pour Elles », qui tend à dénoncer les abus sexuels commis par des rabbins en France.

« L’enjeu dans cette enquête, c’est aussi celui de la place dominante occupée par le rabbin au sein des communautés : dans le judaïsme orthodoxe, le rabbin est parfois considéré comme le représentant de la parole divine. Certains rabbins profitent de cette situation de toute puissance », expliquent-elles. « En témoignent ces femmes, victimes d’un mécanisme d’emprise bien rôdé : en situation de détresse, elles se sont tournées vers leur rabbin à qui elles ont confié leurs souffrances. Le piège se referme quand celui-ci use de son autorité religieuse, de sa connaissance des textes sacrés, pour faire croire à ses victimes qu’il est le seul à pouvoir les aider, à les comprendre, à leur parler. Pour in fine, les convaincre d’avoir des rapports sexuels. »

« Les rabbins mis en cause par les victimes sont connus de la hiérarchie consistoriale. Pourquoi les victimes n’ont-elles pas été entendues ? Pourquoi le problème n’est-il pas adressé largement et publiquement ? »

Les deux journalistes ont ainsi travaillé dans la « recherche de la vérité », pour que « l’argument du ‘prédateur isolé’ cesse d’être brandi par les autorités religieuses pour éviter de se confronter à la parole des victimes existantes ».

Dans le podcast, les rabbins visés par les accusations reprises dans l’enquête ne sont pas nommés : il s’agissait là de la seule condition des victimes qui ont accepté de témoigner.

« Nous connaissons l’identité des rabbins, mais nous avons décidé de respecter la volonté des victimes, qui craignent encore à ce jour les représailles de leur agresseur et d’une partie de la communauté. Par ailleurs, les rabbins numéro 1 et numéro 2 ne font à ce jour l’objet d’aucune poursuite judiciaire. Ils sont donc présumés innocents. Mais la présomption d’innocence ne nous empêche pas de procéder à une enquête sourcée et fouillée, dans laquelle nous avons donné un droit de réponse à ces rabbins. La rencontre dans le podcast avec le rabbin numéro 1, qui est le personnage clé de cette enquête, en réponse au témoignage de Déborah, répond à l’obligation journalistique du contradictoire. »

Ce « rabbin 1 », un homme « charismatique, extrêmement intelligent » pour certaines des personnes interrogées, un personnage « manipulateur et violent » pour d’autres, a notamment exercé à Aix-en Provence, Grenoble et Bordeaux ces dernières années. Il a démissionné en 2020 et se fait depuis discret.

En juillet dernier, le collectif « Nous pour elles » a publié une lettre ouverte contre des « rabbins prédateurs » sexuels.

Le texte vise ainsi à « interroger sur les réelles dimensions de l’abus au sein des institutions juives françaises, consistoriales et non-consistoriales » et appelle à la création d’une instance française « spécialement habilitée à s’occuper de ces graves problèmes » – une commission formée par le grand rabbin de France s’est depuis réunie en ce sens l’été dernier.

La lettre ouverte rapportait notamment le cas du rabbin marseillais Yossef Ohayon, dont la condamnation pour une agression sexuelle contre une jeune fille de 15 ans a fait l’objet en 2017 de plusieurs articles de presse. Elle citait aussi – sans nommer qui que ce soit – le cas « d’un rabbin accusé de pédophilie, actuellement directeur rabbinique d’un Beth Din et responsable de la casheroute dans sa région » ; celui « d’un rabbin qui aurait profité de sa fonction dans sa communauté pour abuser d’une dizaine de jeunes femmes. L’affaire aurait été étouffée il y a plusieurs années – une victime en tout cas aurait reçu, en échange de son silence, une proposition financière de la part du Consistoire – et le rabbin est aujourd’hui employé et jouit d’une fonction très honorable au sein du Consistoire » ; et celui « d’un rabbin condamné pour graves violences conjugales envers son épouse alors qu’il était en fonction dans deux communautés distinctes, actuellement grand rabbin dans une troisième communauté ».

« Nous précisons n’avoir aucun doute que les rabbins de France sont, dans leur immense majorité, entièrement dévoués à leurs communautés respectives. Dans des conditions parfois difficiles, ils effectuent un remarquable travail de terrain, lequel mérite de notre part admiration et reconnaissance », écrivait la lettre.

« Néanmoins, dans nos échanges, sous le coup du secret, on nous a souvent dit que les affaires de mœurs sont bien moins rares qu’on ne voudrait le croire au sein des institutions juives de France. Les témoignages que nous avons recueillis de manière informelle le confirment également. Et ces abus se conjuguent au présent. »

Le collectif avait reçu le soutien du grand rabbin de Safed, Shmuel Eliyahu, qui avait dénoncé les crimes sexuels de Chaïm Walder et de Yehuda Meshi Zahav, fondateur de l’organisme caritatif israélien ZAKA. Les deux accusés se sont depuis suicidés.

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