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Tunisie : 6 mois de prison pour une parodie de sourate du Coran

Emna Charki, 27 ans, a été reconnue coupable d'atteinte à la religion et d'incitation à la haine après avoir partagé le 4 mai deux paragraphes enluminés

Emna Charki, 27 ans, une Tunisienne condamnée à six mois de prison par un tribunal de Tunis pour une parodie publiée sur Facebook liant le Coran et le COVID-19, le 14 juillet 2020 avec son chien, avant d'entrer en prison. (Fethi Belaid / AFP)
Emna Charki, 27 ans, une Tunisienne condamnée à six mois de prison par un tribunal de Tunis pour une parodie publiée sur Facebook liant le Coran et le COVID-19, le 14 juillet 2020 avec son chien, avant d'entrer en prison. (Fethi Belaid / AFP)

Une internaute tunisienne a été condamnée à six mois de prison mardi pour avoir partagé sur Facebook une publication intitulée « sourate corona » parodiant le Coran, une condamnation qui relance le débat sur la liberté d’expression concernant la religion en Tunisie.

Emna Charki, 27 ans, a été reconnue coupable d’atteinte à la religion et d’incitation à la haine après avoir partagé le 4 mai deux paragraphes enluminés comme le texte sacré musulman.

« Il n’y a pas de différence entre rois et esclaves, suivez la science et laissez les traditions », peut-on lire dans ce texte à la conclusion ironique « ainsi parle le grand Jilou », un nom de divinité inventé.

Mme Charki a été convoquée dès le 5 mai par la police, et inculpée le lendemain pour « atteinte au sacré », « atteinte aux bonnes mœurs et incitation à la violence ».

Condamnée mardi à six mois de prison ferme et 2 000 dinars (650 euros) d’amende, elle a dix jours pour faire appel, a précisé le tribunal de Tunis à l’AFP, ajoutant qu’elle restait libre.

« Dans un pays de liberté, où la Constitution garantit la liberté d’expression et de conscience et les droits de la femme, moi, en tant que femme libre en matière de croyance et d’expression, on me condamne à six mois de prison (…) c’est illogique ! », a-t-elle lancé.

Elle a indiqué son intention de faire appel, une fois qu’elle aura été notifiée de la décision.

Arborant un tee-shirt à l’effigie de Che Guevara, Emna Charki a reçu quelques journalistes dans le logement qu’elle et sa mère se préparent à quitter car leur propriétaire a indiqué ne plus vouloir les loger en raison de cette affaire, selon elles.

« L’avenir de ma fille est anéanti », s’est inquiétée sa mère, voilée de bleu. Avec un casier judiciaire « elle ne pourra plus travailler ni même marcher librement dans la rue ».

Emna Charki a déploré que les autorités n’aient pas réagi face aux multiples menaces qu’elle a reçues.

« Lois obsolètes »

« Après tout ce que la jeunesse tunisienne a fait pour ce pays, tout ce qu’elle a montré comme soif de liberté, c’est incroyable qu’on prenne encore des décisions basées sur des lois liberticides obsolètes », a déclaré à l’AFP l’ex-députée Bochra Belhaj Hmida.

C’est « comme si rien n’avait changé, dix ans après la révolution, six ans après la Constitution, et après un grand débat sur les libertés individuelles », a-t-elle déploré.

Mme Belhaj Hmida a présidé une commission qui avait dressé une liste de lois et décrets à modifier ou annuler afin de mettre en œuvre l’égalité et les libertés individuelles consacrées par la Constitution votée en 2014, dans le sillage de la révolution de 2011.

Emna Charki était poursuivie en vertu de l’article 6 de la Constitution qui stipule que « l’Etat protège la religion ».

La loi fondamentale, fruit d’un compromis historique, prévoit que l’Etat « garantit la liberté de croyance, de conscience » tout en s’engageant à « protéger le sacré ».

Avant la Constitution, d’autres condamnations avaient défrayé la chronique, notamment celle d’un jeune Tunisien, Jabeur Mejri, condamné en 2012 à sept ans et demi de prison pour avoir diffusé sur internet des textes et dessins considérés comme insultants pour l’islam. Condamné pour troubles à l’ordre public, il avait été gracié en 2014.

Amnesty International avait appelé fin mai les autorités tunisiennes à abandonner les poursuites dans l’affaire d’Emna Charki, qui illustre selon l’ONG la poursuite des atteintes à la liberté d’expression dans la jeune démocratie tunisienne.

Cette internaute risque « une peine de prison pouvant aller jusqu’à trois ans simplement pour avoir partagé un message satirique sur Facebook », avait souligné Amna Guellali, responsable régionale d’Amnesty International.

« Un tel procès envoie le message que toute personne osant exprimer une opinion controversée sur les réseaux sociaux risque d’être punie », avait déploré Amnesty, appelant à protéger Emna Charki après des menaces « inquiétantes » de « mort et de viol ».

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