Un investisseur de premier plan en Israël prévient que « l’économie est en danger »
Shlomo Dovrat, dont la société gère plus de 1,3 Mds de $, n'a "jamais vu une telle inquiétude parmi les investisseurs étrangers"
Dans une interview diffusée vendredi soir, l’un des principaux investisseurs israéliens du secteur de la high-tech a prévenu que le pays devait résoudre sa crise interne liée à la réforme judiciaire du gouvernement au plus vite, ajoutant que l’économie israélienne est « en réel danger ».
S’adressant à la Douzième chaîne, Shlomo Dovrat, qui est co-fondateur et associé général de Viola Ventures, un fonds de capital-risque israélien qui gère plus de 1,3 milliard de dollars, s’est dit « profondément inquiet » des projets de réforme du système judiciaire du gouvernement.
« Je crois que nous vivons un moment dangereux ; je ne me souviens pas en avoir vu de tel depuis de nombreuses années », a-t-il déclaré.
Dovrat, qui, selon la Douzième chaîne, n’a pas donné d’interview depuis 20 ans, a rompu son silence en raison de son extrême inquiétude.
« En 40 ans, nous avons construit une économie glorieuse, une industrie high-tech spectaculaire », a déclaré Dovrat, « mais les projets du gouvernement conduisent à un danger pour l’économie et la société à un niveau que je ne me souviens pas avoir déjà vu ».
« Nous constatons que la prime de risque pour les investissements en Israël augmente de façon spectaculaire », a-t-il déclaré, notant que l’argent sort d’Israël et qu’une grande partie de cet argent ne reviendrait probablement pas.
Selon Dovrat, les investisseurs étrangers « n’investiront pas dans un pays qui n’a pas de garanties, qui n’a pas de stabilité politique et qui n’a pas un système judiciaire indépendant capable de protéger leurs droits de propriété ».
Il a déclaré que Netanyahu « doit agir rapidement ».
« Les marchés votent avec leurs pieds. Des milliards de dollars sortent d’Israël chaque jour… Dans les conseils d’administration des entreprises dans lesquelles nous investissons, les investisseurs étrangers disent que ‘le risque d’Israël est trop élevé maintenant, qu’ils doivent faire sortir leur argent d’Israël’. C’est ce que nous entendons, et pas seulement d’une ou deux entreprises. C’est une tendance qui se généralise », a-t-il déclaré.
Certaines entreprises high-tech israéliennes ont déclaré qu’elles prévoyaient de transférer leurs activités hors du pays en raison du projet de refonte judiciaire.
« Chaque jour qui passe, et où cette crise n’est pas résolue, nous fait courir un risque énorme. L’heure tourne. Nous devons agir … et vite », a déclaré Dovrat.
« Dès que l’industrie de la high-tech quittera Israël ou que l’économie s’affaiblira de façon générale et que les investisseurs étrangers cesseront de venir ici, le coût de la vie et les intérêts sur les prêts immobiliers augmenteront de façon spectaculaire », a-t-il déclaré.
Il a qualifié l’industrie de la high-tech d’Israël de « miracle économique d’Israël », représentant 45 % des exportations et près de 20 % du PIB « et un pourcentage énorme des recettes fiscales ».
« Nous n’aurons plus les fonds pour nos hôpitaux, nos infrastructures, notre système de santé,… ni bien sûr, pour notre sécurité », a-t-il précisé.
« Nous n’avons pas le temps de faire de la politique… Cela ne peut pas se terminer par des mois de négociations et un compromis à la dernière minute. Si ce processus dure des mois, il n’y aura plus rien à réparer », a-t-il averti, ajoutant qu’il n’avait « jamais vu une telle inquiétude parmi les investisseurs étrangers ».
Dovrat a également appelé le président Isaac Herzog à trouver un compromis « dans les jours qui viennent ».
« Ils doivent agir immédiatement. Pas de délibérations, pas de négociations, pas de pause, pas de conditions préalables. Pas de jeux d’ego, pas de jeux de pouvoir. Un accord dans les jours qui suivent. Il n’y a plus de temps à perdre. Nous courons vers un terrible danger », a-t-il déclaré.
L’interview de Dovrat survient après la publication d’un article, dans lequel le gouverneur de la Banque d’Israël, Amir Yaron, a averti les ministres qu’une crise économique pourrait éclater à tout moment, dans un contexte d’inquiétudes croissantes concernant la volonté du gouvernement de procéder à des changements radicaux dans le système judiciaire, qui a effrayé les investisseurs et les entrepreneurs ces dernières semaines et suscité des craintes de ralentissement économique.