Un Juif américain exécuté pour le meurtre au Texas d’une femme âgée
Dans ses derniers échanges avec son guide spirituel, Jedidiah Murphy, dont le cas avait attiré le soutien des activistes juifs, a exprimé sa tristesse face au carnage du Hamas en Israël
JTA — Jedidiah Murphy, homme Juif qui se trouvait dans les couloirs de la mort, au Texas, et dont le combat pour éviter l’injection létale avait gagné le soutien d’activistes de premier plan, a été exécuté. Il avait été condamné à mort pour le meurtre d’une octogénaire, Bertie Lee Cunningham, lors d’un vol de voiture, il y a vingt ans.
« A la famille de la victime, je tiens à dire que je m’excuse sincèrement pour tout ce que j’ai fait. J’espère que cela vous réconfortera, merci », a-t-il prononcé comme dernières paroles, avant de lire un psaume.
L’exécution de Murphy, 48 ans a eu lieu mardi soir après une série de tentatives de dernière minute visant à éviter la peine capitale au condamné.
Elle s’est déroulée dans une prison de Huntsville mardi, le jour même de la Journée mondiale contre la peine de mort. Il a été déclaré décédé 22 heures 15, selon le ministère texan de la Justice.
Le 4 octobre 2000, à Garland, au nord-est de Dallas, Murphy avait menacé une femme de 79 ans avec une arme à feu pour qu’elle le prenne dans sa voiture. Après avoir conduit pendant environ 30 minutes, Murphy avait forcé la femme à monter dans le coffre du véhicule. La victime avait été abattue alors qu’elle grimpait dans le coffre.
Murphy avait ensuite conduit la voiture de la victime jusqu’au comté de Van Zandt, où il l’avait retirée du coffre et jetée dans un ruisseau, selon le ministère texan de la Justice.
Il avait obtenu un sursis de son exécution, qui avait été prononcé vendredi par une Cour de district fédérale mais le Bureau du procureur-général avait déposé un appel réclamant l’annulation de ce report. Mardi, ses avocats avaient à nouveau réclamé un sursis, affirmant que les substances qui devaient lui être injectées avaient été endommagées par les fumées et par une chaleur extrême au cours d’un récent incendie survenu dans la prison de l’état – une requête qui avait été rejetée. Une requête de dernière minute qui avait été déposée à la Cour suprême avait été écartée.
« Je voudrais pouvoir dire que ça a été un choc », a commenté le chantre Michael Zoosman, ancien aumônier de prison qui est dorénavant à la tête de LChaim, un groupe juif qui lutte contre la peine de mort, pendant une veillée qui a eu lieu sur Zoom tout au long des dernières heures du combat judiciaire mené par Murphy jusqu’à son exécution.
Pendant la veillée, Zoosman a chanté « Oseh Shalom » et le Psaume 23 depuis sa Soukka et il a indiqué que Murphy, devenu pour lui un ami avec lequel il échangeait de nombreuses lettres, avait exprimé, lors de son dernier contact avec lui, sa tristesse au sujet de l’assaut brutal et meurtrier qui a été lancé par le Hamas contre Israël et qui a fait plus de 1 200 morts depuis samedi.
« Puisse-t-il y avoir de la paix, puissions-nous, un jour, ne plus voir de meurtres », a dit Zoosman. « Amen ».
Le dossier de Murphy avait mobilisé les opposants juifs à la peine capitale et notamment Zoosman, Alan Dershowitz, professeur de droit émérite et commentateur politique et le rabbin David Goldstein du mouvement ‘Habad, qui avait défendu la cause de Murphy pendant de longues années.
Lundi, Goldstein, qui avait guidé Murphy jusqu’à sa bar mitzvah, en 2016, a accompagné Murphy alors que ce dernier priait, avec ses teffilines, pour la toute dernière fois.
Quand il était enfant, Murphy avait été abusé par son géniteur et par son père adoptif ; il avait été aussi abandonné par sa mère, qui était juive, a expliqué le Forward. L’année qui avait précédé son crime, Murphy avait fait appel à un psychiatre et ce dernier avait posé un diagnostic de trouble dissociatif de l’identité, décelant également un état dépressif majeur et une addiction alcoolique, a signalé le Texas Observer. Lors de ses aveux, il était sous cocaïne. Il a depuis déclaré ne se rappeler de rien.
« Il y a trois ans, j’ai imploré Hashem, je me suis soumis à son autorité et j’ai totalement retrouvé mes esprits », avait écrit Murthy dans un courriel écrit depuis sa prison, le mois dernier, à la Jewish Telegraphic Agency. « C’est un miracle et donc, est-ce que j’ai la foi ? Absolument, parce que j’ai surmonté l’adversité encore et encore et que je sais que c’est pour une raison que je ne comprends pas encore pleinement. Etre Juif m’a donné un sentiment de communauté et j’ai eu la chance de rencontrer des rabbins qui se sont investis pour quelqu’un qui ne le méritait pas ».
Dans un message envoyé par Murphy à Zoosman, au début de la semaine, le condamné à mort avait déclaré que l’incertitude autour du sort qui lui était réservé était difficile, mais qu’elle l’était encore davantage pour sa famille.
« Nous l’avons constaté à de nombreuses occasions dans ce genre de cas où, la veille, il y a encore un sursis mis en place alors que pourtant, l’exécution sera menée à bien », a confié Zoosman à la JTA.
A cause de cette incertitude, la semaine dernière, Zoosman avait envoyé à Murphy une copie du vidui, une prière confessionnelle traditionnelle qui est récitée avant la mort.
« Je l’ai fait de nombreuses fois pour des gens en tant qu’aumônier dans des hospices ou dans des hôpitaux », a noté Zoosman. « Mais cela s’appliquait aussi ici dans le cas où, finalement, il serait mis à mort – c’est la prière que notre tradition offre à quelqu’un qui est sur le point de rencontrer la mort ».
L’équipe du Times of Israel a contribué à cet article.