Un ministre compare les Palestiniens à des prisonniers pour justifier les restrictions
Amichai Eliyahu soutient Ben Gvir, chef du parti d'extrême droite Otzma Yehudit, et assure que les restrictions imposées aux résidents de Cisjordanie ne sont pas de l'apartheid
Le ministre du Patrimoine Amichai Eliyahu a comparé dimanche les restrictions imposées à la liberté de mouvement des Palestiniens en Cisjordanie – pour améliorer la sécurité des résidents d’implantations israéliens – au fait de mettre derrière les barreaux les criminels.
« Si quelqu’un est une menace pour ma vie, j’empiète légèrement sur ses droits civils tout en permettant aux personnes respectueuses de la loi de continuer à vivre normalement », a déclaré Elihayu à Ynet.
« En prison, on prive les détenus de leurs droits civils pour que le reste de la société puisse vivre mieux », a-t-il poursuivi. « Est-ce que c’est de l’apartheid ? »
Eliyahu, qui est membre du parti d’extrême droite Otzma Yehudit, a affirmé : « Vous pouvez le crier mille fois, cela n’en fait pas pour autant de l’apartheid. »
La semaine passée, le chef de son parti, le ministre de la Sécurité intérieure Itamar Ben Gvir, s’était attiré les foudres de l’opinion publique en déclarant, suite à des attentats terroristes meurtriers contre des résidents d’implantations israéliens, que sa famille avait davantage le droit de se trouver en Cisjordanie que les Palestiniens.
L’administration Biden et les organisations représentatives des Juifs américains se sont élevés contre ces propos, le Département d’État américain allant même jusqu’à le citer nommément. Dans la même semaine, le Premier ministre Benjamin Netanyahu s’est inscrit en faux contre les propos de Ben Gvir, déclarant qu’Israël faisait en sorte de garantir la plus grande liberté possible de mouvement pour les populations israélienne et palestinienne en Cisjordanie.
« Nous devons faire en sorte que les bons Arabes israéliens ‘de Cisjordanie’ puissent se déplacer librement, sans trop d’impacts négatifs sur leur vie, pour garantir le bon ordre des choses », a poursuivi Eliyahu.
« En revanche, ceux qui jettent des pierres, qui lancent des cocktails Molotov, qui s’en prennent à notre vie, qui se livrent à des harangues contre nous dans les écoles ou les mosquées, force nous est, sans gaieté de coeur, de limiter leur liberté de mouvement. »
Eliyahu n’a pas expliqué de quelle manière il entend faire la différence entre ces deux groupes de personnes.
Ben Gvir a déclaré dimanche matin, avant le Conseil des ministres, que ses propos ont été déformées par « l’extrême gauche israélienne » pour lui nuire et que ce qu’il voulait dire était que « le droit à la vie l’emporte sur le droit à la liberté de mouvement ».
Vendredi, un diplomate de haut rang a déclaré au site d’information Ynet que les propos de Ben Gvir « nuisaient à la diplomatie publique d’Israël et donnaient à entrevoir le véritable visage de ce gouvernement ».
« Les dégâts sont immenses », a précisé la source anonyme, ajoutant que les propos de Ben Gvir donnaient aux détracteurs d’Israël « toutes les raisons » pour accréditer leur thèse, à savoir qu’Israël est un État raciste qui pratique l’apartheid.
Ces derniers ont relevé que, sur le coup, ni Netanyahu ni les ministres du gouvernement n’ont récusé les déclarations de Ben Gvir, ce qui rend difficile de soutenir qu’il ne s’agit pas là de la position officielle du gouvernement.
La réputation de racisme qui entoure Ben Gvir n’a rien de nouveau et trouve son origine dans ses provocations envers les Arabes et les Palestiniens tout autant que dans son passé de disciple de Meir Kahane.
L’Associated Press a contribué à cet article.