Israël en guerre - Jour 566

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Une enquête montrant que les ados religieux sont sexuellement actifs incite à repenser le dialogue

Un grand nombre d'élèves des écoles religieuses sionistes, où l'éducation sexuelle est souvent négligée, ont des relations sexuelles avec leurs camarades, y compris dans les établissements non-mixtes

La chercheuse Maor Kaplan. (Crédit : Jonathan Bloom)
La chercheuse Maor Kaplan. (Crédit : Jonathan Bloom)

Une enquête menée auprès de lycéens issus de la communauté sioniste religieuse a révélé que nombre d’entre eux, qui fréquentent des écoles non-mixtes, sont sexuellement actifs et sont plus susceptibles que leurs camarades des écoles mixtes d’avoir une relation amoureuse homosexuelle.

Les résultats, basés sur un questionnaire qui a été soumis à plus d’un millier de lycéens en Israël, ont provoqué une onde de choc dans la communauté sioniste religieuse d’Israël, où les questions de santé sexuelle sont souvent reléguées au second plan.

Maor Kaplan, doctorante à l’université de Haïfa, a constaté que, sur la base des résultats de son enquête, que bien que la plupart des répondants (56 % des garçons et 70 % des filles) affirment respecter les règles religieuses orthodoxes prohibant les contacts physiques entre garçons et filles, plus des deux tiers des répondants affirment avoir eu une relation amoureuse avec le sexe opposé et presque autant admettent avoir eu des contacts physiques. Un quart des répondants affirment avoir eu des contacts intimes avec une personne du sexe opposé.

Un grand nombre de garçons et de filles ont déclaré se masturber, dont beaucoup régulièrement, et consommer du contenu pornographique.

Selon Kaplan, nombre de ces personnes interrogées ont fréquenté des écoles où l’éducation sexuelle n’était pas abordée avant la Terminale et, même dans ce cas, dans le contexte d’une vie familiale monogame.

« Mes recherches montrent que nous ne pouvons pas attendre aussi longtemps. Nous devons donner aux adolescents les outils nécessaires pour gérer la sexualité, y compris la honte et la culpabilité, et nous assurer que s’ils sont prêts à toucher quelqu’un, alors qu’ils le fassent de la bonne manière », a-t-elle déclaré.

Illustration : Photo de lycéens (Crédit : Maya Levin/Flash90)

L’enquête en ligne, qui a circulé entre les élèves des lycées religieux sionistes – souvent des internats – via WhatsApp et les réseaux sociaux, a été remplie sur la base du volontariat par 1 050 adolescents qui se sont déclarés comme tels, mais de manière anonyme.

Environ 40 % des personnes interrogées fréquentaient des écoles exclusivement masculines ou féminines, tandis que les autres étaient scolarisés dans des établissements mixtes, y compris ceux qui ne dispensent des cours mixtes que pour les matières profanes.

Environ 10 % des personnes ayant répondu à l’enquête ont déclaré avoir eu des contacts sexuels avec une personne du même sexe, notamment des baisers et des rapports sexuels. Dans les écoles mixtes, ce chiffre s’élève à 13 % des garçons et 12 % des filles, alors que seulement 7 % des garçons et 9 % des filles des écoles mixtes ont rapporté les mêmes expériences.

« Ce que ma recherche met en évidence, c’est que les parents qui envoient leurs enfants dans des établissements d’enseignement non-mixtes doivent eux aussi parler de sexualité », a déclaré Kaplan. « L’énergie sexuelle ne peut pas être complètement supprimée. »

Parmi les résultats les plus surprenants de l’enquête, 39 % des étudiantes interrogées ont déclaré s’être senties attirées par une autre fille et 38 % se sont interrogées sur leur orientation sexuelle, contre 23 % des garçons pour les deux questions.

Illustration : couloir d’un lycée. (Crédit : Melanie Lidman/Times of Israel)

De nombreuses communautés sionistes religieuses, qui sont en quelque sorte analogues aux communautés orthodoxes modernes de la diaspora, sont des lieux où l’homosexualité reste taboue, voire explicitement proscrite.

« Les filles sont confrontées à une plus grande ambiguïté », a expliqué Kaplan, qui a travaillé dans le domaine de l’éducation sexuelle pendant plus de dix ans, notamment dans des pensionnats religieux composés uniquement de filles. « Elles sont plus susceptibles de ne pas savoir si quelqu’un est seulement un bon ami ou si c’est plus que cela ».

Elle note que l’enquête a révélé que ceux qui ont fréquenté des écoles non-mixtes étaient plus susceptibles de remettre en question leur orientation que ceux qui ont fréquenté des écoles mixtes.

Kaplan, mère de huit enfants et membre de la communauté sioniste religieuse, a déclaré par téléphone au Times of Israel qu’elle avait remarqué depuis longtemps une dissonance flagrante entre l’idée que les parents religieux se faisaient de leurs enfants et la réalité dans laquelle ces derniers vivaient réellement.

« J’ai été frappée par le contraste frappant entre les conversations privées que j’avais avec les élèves et le silence total sur la sexualité dans les salles de classe et les couloirs. C’est à ce moment-là que j’ai réalisé à quel point il était crucial d’aborder ce sujet », a-t-elle déclaré.

Illustration : Le lycée Neve Shmuel à Efrat en 2021. (Crédit : Gershon Elinson/Flash90)

Le ministère de l’Éducation a déclaré dans un communiqué que les élèves de tous les milieux recevaient un enseignement d’éducation sexuelle, les cours commençant dès la première année, « en fonction de l’âge et du contexte culturel, tout en préservant les valeurs de la communauté ».

Il a énuméré plusieurs programmes destinés spécifiquement à la communauté sioniste religieuse, tous créés, selon lui, par des éducateurs sionistes religieux.

Kaplan a rétorqué que les cours sont axés sur le développement physique et la sécurité, et que la santé sexuelle proprement dite n’est souvent pas abordée. En outre, de nombreuses écoles n’appliquent pas ces programmes avant la Terminale, quand ils deviennent obligatoires.

Tendances

L’enquête de Kaplan, apparemment la première du genre, n’a pas été publiée ni examinée par des pairs, et sa méthodologie manque de rigueur scientifique nécessaire pour tirer des conclusions plus concrètes, notamment en ce qui concerne l’utilisation d’échantillons représentatifs.

« Nous avons fait de notre mieux avec nos ressources, mais je pense que cette enquête nous révèle des tendances importantes », a déclaré Kaplan.

Néanmoins, ses résultats ont incité certains à repenser la manière dont les communautés sionistes religieuses abordent le sujet.

Illustration : Les élèves du lycée pour filles Uria dans le Gush Etzion célèbrent leur dernier jour d’école en 2015. (Crédit : Gershon Elinson/Flash90)

Le mois dernier, l’enquête a fait la Une du supplément du week-end de Makor Rishon, un journal de droite largement lu par la communauté sioniste religieuse, suscitant une large discussion sur les réseaux sociaux.

« L’éducation mixte et non-mixte ont toutes deux un prix », a écrit le grand rabbin du kibboutz Kvutzat Yavne, Ilay Ofran, en réaction à l’article, à ses 30 000 abonnés sur Facebook.

« Les coûts, en particulier dans les domaines sexuel et physique, peuvent être significatifs », a ajouté Ofran, fondateur de l’académie religieuse pour garçons Mechinat Ruach Hassadeh. « Pourtant, la plupart des parents qui envoient leurs enfants dans une yeshiva ou une oulpena ne prennent pas le temps d’examiner ces questions, d’en discuter ou de les guider.

Tehila Friedman, une ancienne législatrice du parti Kakhol lavan, qui dirige actuellement l’institut politique centriste Libba Center, a déclaré que l’enquête avait ébranlé toute illusion selon laquelle la répartition des élèves en fonction de leur sexe n’était pas une manière responsable ou efficace de traiter la question.

« Il est clair que les écoles séparées ne sont pas l’outil ultime de l’effort religieux pour préserver l’intimité dans le cadre du mariage hétérosexuel », a écrit Friedman, qui présidait auparavant le groupe orthodoxe libéral Ne’emanei Torah va’Avodah.

Kaplan a noté que le fait que le sujet soit même abordé ouvertement était une réussite.

« Trop de parents pensent que s’ils ne parlent pas de sexualité, elle n’existe pas », a-t-elle déclaré.

« Lorsque j’ai commencé mon travail, je ne pouvais même pas utiliser le mot sexualité, alors je parlais de féminité », a-t-elle ajouté. « Aujourd’hui, la conversation est beaucoup plus légitime. »

La chercheuse a souligné que le fait de communiquer ouvertement sur la sexualité réduit les comportements qu’elle qualifie de dangereux, tels que les relations sexuelles avec des partenaires multiples, la consommation de pornographie et les grossesses non désirées.

« Dans le système d’éducation religieuse, nous ne pouvons pas attendre que les adolescents s’adressent à nous », a-t-elle déclaré.

« Nous devons intentionnellement créer des espaces qui intègrent ces contenus dans le discours ».

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