Une start-up « verte » s’engage à retourner à Kfar Aza pour aider à sa reconstruction
2 jours avant l'assaut sanglant du Hamas, Kenaf Ventures avait rencontré ses partenaires dans l'un des kibboutzim les plus touchés, pour célébrer le partenariat et parler du futur
Le 5 octobre, une rencontre joyeuse s’est tenue au kibboutz Kfar Aza, à deux kilomètres de la frontière de Gaza, entre les membres de la direction de la communauté agricole, le personnel d’une grande usine de plastique appartenant au kibboutz et une start-up environnementale également basée dans ce kibboutz.
Kenaf Ventures – qui tire son nom d’une remarquable plante absorbant le dioxyde de carbone et transformée en combustible fossile vert pour les industries du plastique et de la construction – arrivait au terme d’un cycle de financement de démarrage couronné de succès.
L’usine de plastique, Kafrit, et le kibboutz étaient les principaux investisseurs, et les participants à la réunion avaient parlé d’un avenir prometteur.
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Deux jours plus tard, quelque 3 000 terroristes ont franchi la frontière prenant d’assaut les communautés voisines, assassinant 1 200 personnes et en enlevant au moins 240, depuis retenues dans la bande de Gaza.
Des dizaines de terroristes palestiniens du Hamas se sont infiltrés dans Kfar Aza et ont massacré au moins un quart des résidents, commettant des actes d’une inqualifiable atrocité.
Parmi les victimes de la communauté bucolique figurent le PDG adjoint de Kafrit, Nadav Goldstein, et sa fille aînée, Yam, qui ont été assassinés. Son épouse, Chen, et leurs trois autres enfants – Agam, 17 ans, Gal, 11 ans, et Tal, 9 ans – sont portés disparus depuis lors, et présumés otages retenus à Gaza.
« Nadav nous a donné la première grande accolade », a déclaré Asaf Ofer, co-fondateur et PDG de Kenaf Ventures, au Times of Israel. « Il nous a fait découvrir la zone, avec Kfar Aza. C’est lui qui m’appelait le matin [Ofer vit dans le centre d’Israël] pour me dire à quel point il était heureux de voir Kenaf se développer. »
« Nous planifions les choses ensemble [avec l’usine Kafrit et le kibboutz]. Nous avions une vision commune. Nous avions le sentiment de construire quelque chose de nouveau. »
Selon Ofer, Kenaf n’était qu’une des nombreuses entreprises agricoles, technologiques et industrielles qui étaient sur le point de décoller dans la zone frontalière de Gaza.
« Les gens n’ont pas seulement perdu une usine, une maison, un champ ou un tracteur volé. Ils ont perdu leurs rêves. »
Goldstein est l’un des trois employés de Kafrit assassinés en ce samedi noir.
Les six employés de Kenaf ont survécu. Uri Shapira, le directeur, qui a grandi à Kfar Aza, a passé près de 15 heures coincé dans son mamad – pièce sécurisée – essayant d’empêcher les terroristes d’ouvrir la porte, jusqu’à l’arrivée de Tsahal. Il se trouve actuellement aux États-Unis, où il raconte ce qui s’est passé ce jour-là.
Ofer espère obtenir l’autorisation de visiter les champs et l’usine de la société la semaine prochaine. Cette dernière n’avait commencé à fonctionner qu’au début de l’année.
Lui, et les quatre autres co-fondateurs, prévoient de refaire un tour de table de financement.
Est-il déterminé à revenir ?
« C’est un euphémisme », a-t-il répondu.
« Des gens ont payé de leur sang pour construire cette terre », a-t-il dit, faisant référence aux premiers immigrants en Israël, parmi lesquels se trouvaient des survivants de la Shoah.
« Pour eux, la chose la plus importante était de continuer. Nous avons la responsabilité d’aller de l’avant. »
Le gouvernement, a-t-il poursuivi, parle d’aide, mais ne passe pas encore à l’action. Il accuse le gouvernement d’échouer à la fois sur le plan économique et sur le plan émotionnel.
« Si ce gouvernement était une entreprise, il aurait fermé ses portes il y a longtemps », a-t-il déploré.
Kenaf Ventures cultive une espèce d’hibiscus, l’Hibiscus cannabinus, qui contient des fibres très résistantes. Cette plante a été cultivée pour la première fois par les Égyptiens de l’Antiquité, qui l’utilisaient pour fabriquer toutes sortes de produits, des sacs aux voiles.
Plus récemment, on a découvert qu’elle était particulièrement efficace pour absorber le dioxyde de carbone, dont les émissions dans l’atmosphère sont l’un des principaux facteurs du dérèglement climatique.
Selon Ofer, le kénaf – également appelé chanvre du Deccan – absorbe environ 73 tonnes de CO₂ par hectare au cours d’une période de croissance de quatre à cinq mois et contient 50 % de carbone lorsqu’il est récolté. Lorsqu’il est utilisé – à la place de matériaux dérivés de combustibles fossiles à forte émission de dioxyde de carbone dans les plastiques, les bâtiments et les produits d’isolation – il augmente la valeur environnementale du produit, tout en le rendant plus compétitif, alors que le monde évolue vers une taxation du carbone.
Fournissant deux récoltes par an, la plante peut être cultivée dans des sols pauvres, est résistante aux parasites, a besoin de relativement peu d’eau et ne nécessite donc que très peu d’entretien, a expliqué Ofer. Elle a également un potentiel en tant que culture vivrière riche en protéines.
Ofer a indiqué que cette plante présentait un grand potentiel de génération de revenus pour l’ensemble de la communauté agricole de la frontière de Gaza et que Kenaf Ventures avait prévu de planter des milliers de dunams dans toute la région.
Ce potentiel a déjà attiré des agriculteurs et des agronomes curieux, dont certains travaillent en réalité avec les plantes dans les champs, aux côtés des kibboutznikim de Kfar Aza, a-t-il ajouté.
L’entreprise n’employait pas d’ouvriers agricoles thaïlandais, dont certains ont été assassinés le 7 octobre et dont beaucoup sont rentrés chez eux depuis la guerre, laissant le secteur agricole en manque de bras et dépendant des volontaires.
« De mon point de vue, la victoire dans cette guerre n’est pas de voir [le chef du Hamas, Yahya] Sinwar renversé », a conclu Ofer, « mais de voir tous les amis et partenaires, ainsi que ceux que je ne connais pas, retourner à leur vie ».
« Pour cela, nous devons tous travailler dur et nous avons besoin que le gouvernement se mette au travail. De nombreuses personnes avec lesquelles je suis en contact attendent avec impatience, parce que nous n’avons pas d’autre option. »
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