Uranium/Rivières du sud d’Israël : Des experts divergent sur le risque sanitaire
Le toxicologue Shlomo Almog s'est exprimé dans le cadre du recours collectif intenté contre Rotem Amfert Negev, disant que l'uranium quitte rapidement le corps humain
Sue Surkes est la journaliste spécialisée dans l'environnement du Times of Israel.
L’ICL Group, qui appartient à la famille Ofer, a soumis une opinion écrite par un toxicologue qui sera débattue lors d’une audience de la cour de Beer Sheva dans la journée de mardi, en réponse à un recours collectif déposé contre la corporation et sa filiale Rotem Amfert Negev Ltd., concernant les pollutions présumées des rivières Zin et Akrabim et des sources du sud d’Israël.
Cette opinion, écrite par le docteur Shlomo Almog, pharmacologue au sein du département de médecine de l’université de Tel Aviv, nie que l’eau puisse présenter un danger pour la santé publique, disant que si une immersion peut, en effet, exposer la peau à de l’uranium radioactif, ce dernier quitte le corps par les urines en quelques jours et qu’il peut aussi disparaître de l’épiderme sous l’effet d’un nettoyage à l’eau et au savon.
Cette déclaration d’Almog contredit ainsi les affirmations faites lors de la procédure judiciaire par la docteure Orit Skutelsky, coordinatrice pour les Côtes et pour l’eau au sein du département de zoologie de l’université de Tel Aviv. Elle avait déclaré au tribunal qu’environ cinq kilomètres de la rivière Zin était fortement polluée, avec une eau claire qui avait changé de couleur et qui était devenue jaune et qui dégageait dorénavant une puanteur acide. Plusieurs végétaux rares, avait-elle ajouté, avaient cessé de pousser dans la nature en conséquence de cette contamination.
Elle avait basé une grande partie de son opinion sur les recherches réalisées par les spécialistes du département des Sciences de la terre et de la planète de l’Institut des Sciences Weizmann, à Rehovot, et sur les études menées par les services hydrologiques de l’Autorité de l’eau. Ces recherches avaient été publiées l’année dernière dans le journal international Environmental Pollution.
Ces recherches réexaminées par des pairs avaient fait directement le lien entre l’usine de phosphates de Zin et cette pollution – comme le démontraient « la couleur jaunâtre de l’eau, l’écume, la mauvaise odeur et un fort taux d’acidité ». Les fortes concentrations de métaux toxiques variés, dans l’eau, n’excédaient pas seulement les niveaux autorisés pour l’eau potable, avaient ajouté les scientifiques, mais laissaient penser que « en plus de la grave contamination des nappes phréatiques entraînée par les usines de fertilisants, cette contamination affecte les organismes vivants dans leur environnement naturel et elle pose un danger sanitaire pour tous ceux qui viennent se détendre près des rivières ».
Rotem Amfert Negev Ltd. extrait et traite des roches phosphatées pour l’industrie des fertilisants sur trois sites qui sont situés dans le désert du Neguev, dans le sud d’Israël.
Le processus de transformation de la roche entraîne un déchet connu sous le nom de phosphogypse, qui contient lui-même des traces d’uranium.
Dans les usines de Rotem Amfert, ce phosphogypse est stocké dans des bassins d’évaporation ou empilé, une fois sec, directement sur la terre.
Hautement acide, il suinte facilement – dissolvant le carbone en pierre calcaire. En plus de l’uranium, il contient d’autres polluants comme le fluorure, le sulfate, le calcium, le phosphate ou des oligo-éléments.
Qu’il se trouve d’importantes quantités de déchets sur les sites de Rotem Amfert n’est pas en cause.
Dans une affaire distincte, le mois dernier, la compagnie a accepté de financer le nettoyage d’environ un million de mètre-cubes, selon les estimations, de phosphogypse en échange d’un prolongement de sa concession pendant trois ans. Le ministère de la Protection environnementale a estimé qu’il faudrait vingt ans et environ 325 millions de shekels pour nettoyer ce qui représente 80 % de tous les déchets industriels dans le pays, et pour régénérer le sol et l’eau pollués par ces infiltrations toxiques.
Dans son opinion commanditée par l’ICL, Almog rejette les recherches publiées dans Environmental Pollution en accusant les scientifiques et experts en hydrologie ne pas avoir les qualifications nécessaires pour émettre un jugement en matière de santé.
Il convient de la présence de traces d’uranium dans les roches du secteur (et il ne dit rien de Rotem Amfert), mais il nie en revanche que la rivière Zin puisse être dangereuse pour la santé humaine, affirmant que Skutelsky n’a pas été en mesure de présenter des preuves toxicologiques pour prouver ses dires.
Il indique qu’il est hors-sujet de citer les normes concernant l’eau potable, les personnes ne venant pas au bord des rivières pour y boire. Il ajoute que même si c’était le cas, la quantité de matériau radioactif ne dépasse pas les mêmes normes.
Il ajoute ensuite que « l’écrasante majorité des métaux et leurs sels ont un degré de pénétration très faible, s’il y a eu contact, à travers l’épiderme », même s’il admet que cette pénétration peut être « significative » en cas de lésion de la peau ou de coupure.
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Posted by מצילים את הצין on Saturday, June 12, 2021
Dans l’ensemble, se baigner ou faire du kayak dans cette eau n’entraînent qu’une « exposition minimum », indique-t-il, même si l’exposition interne aux radiations – que ce soit en buvant ou en mettant l’eau en contact avec une lésion de l’épiderme – « peut toutefois entraîner un dommage sanitaire aux tissus ». Mais la probabilité qu’un tel cas de figure se présente lors d’une visite occasionnelle « est négligeable et n’est pas source d’inquiétude ».
Quoi qu’il arrive, estime Almog, rassurant, « l’uranium quitte le corps par les urines en quelques jours. » S’il se trouve sur la peau, de l’eau et du savon peuvent le faire disparaître.
La soumission de ce recours collectif qui réclame trois milliards de shekels pour la pollution des eaux avait été faite, en premier lieu, devant la cour de Beer Sheva au mois de septembre 2020 par des résidents inquiets et par l’organisation de défense de l’environnement Adam Teva VDin.
Deux autres initiatives de recours collectif contre Rotem Amfert, encore une fois pour cause de pollution, sont en cours actuellement – l’une d’entre elles en lien avec la rivière Bokek et l’autre avec la rivière Ashalim, qui ne s’est toujours pas régénérée après une contamination résultant de l’effondrement du mur de l’un des bassins d’évaporation d’une usine de Rotem Amfert en 2017.