USA : Selon l’ADL, complotisme et antisémitisme vont souvent de pair
Une étude de l'ADL révèle une relation forte entre la croyance dans des complots secrets et leur acceptation de stéréotypes négatifs sur les Juifs
Une étude menée par l’Anti-Defamation League (ADL) révèle une corrélation étroite entre les tendances conspirationnistes chez les Américains et leur croyance dans des tropes antisémites.
Une étude récente publiée par l’ADL indique que la croyance dans les stéréotypes antisémites aux États-Unis a doublé depuis 2019, pour atteindre son plus haut niveau depuis des dizaines d’années.
En affinant encore ses résultats, l’ADL a constaté que de telles croyances étaient particulièrement élevées chez les individus qui gravitaient également dans l’univers des théories complotistes.
Parmi les stéréotypes sur lesquels les répondants à l’enquête ont été interrogés figuraient des déclarations telles que « les Juifs sont plus loyaux envers Israël qu’envers l’Amérique » (39 % étaient d’accord), « Les Juifs ont trop de pouvoir aux États-Unis aujourd’hui » (20 % étaient d’accord), « Les Juifs ont trop de pouvoir dans le monde des affaires » (26 %) et « Les Juifs ne se soucient pas de ce qui arrive à ceux qui ne font pas partie de leur communauté » (21 %).
En croisant ces données avec d’autres questions, les chercheurs ont constaté, par exemple, que les personnes fortement d’accord avec l’affirmation « Je pense que des événements apparemment sans lien sont souvent le résultat d’activités secrètes » étaient également celles qui étaient d’accord avec le plus grand nombre de tropes anti-juifs (6,7 en moyenne).
Ceux qui étaient fortement en désaccord avec l’énoncé ci-dessus étaient d’accord avec 2,5 tropes en moyenne.
Dans un autre cas, les personnes fortement d’accord pour dire qu’ « il existe des organisations secrètes qui influencent à haut niveau les décisions politiques » étaient également celles avec les scores de stéréotypes juifs (5,2) les plus élevés, par rapport à celles qui étaient fortement en désaccord (2,7).
Dans une section de l’étude destinée à évoquer la théorie du Grand Remplacement, les répondants ont été invités à évaluer l’affirmation : « Il y a des gens qui travaillent secrètement pour s’assurer que les immigrants finiront par remplacer les vrais Américains. »
Une fois encore, ceux qui étaient tout à fait d’accord ont obtenu les scores les plus élevés en matière de stéréotypes juifs (6,8), loin devant ceux qui étaient fortement en désaccord (2,8).
L’étude a également révélé que ceux qui étaient d’accord avec les tropes les plus anti-juifs avaient tendance à en savoir très peu sur les Juifs et n’avaient pas de relations avec eux ou en avaient eu par le passé, mais négatives.
L’étude, publiée en janvier, a révélé que 85 % des Américains croyaient au moins à un trope anti-juif, contre 61 % en 2019.
« Ceux d’entre nous qui travaillent sur la question s’attendaient à de tels résultats, mais les chiffres sont stupéfiants et donnent à réfléchir : il y a une augmentation alarmante des opinions antisémites et de la haine pour la quasi-totalité des paramètres, avec des niveaux inédits depuis des dizaines d’années », explique Jonathan A. Greenblatt, PDG de l’ADL.
« De Pittsburgh à Charlottesville en passant par le harcèlement quasi quotidien des Juifs dans les grandes villes, les croyances antisémites mènent à la violence. J’espère que cette enquête sera un signal d’alarme pour tout le pays », a-t-il déclaré.
L’enquête montre que « l’antisémitisme dans sa forme fasciste classique renait dans la société américaine, disant que les Juifs sont trop secrets et puissants, travaillent contre les intérêts des autres, ne partageant pas leurs valeurs et exploitant les tropes conspirateurs classiques », a expliqué au Washington Post Matt Williams, vice-président du Centre de recherche sur l’antisémitisme de l’ADL.
Les résultats corroborent l’augmentation des actes anti-juifs aux États-Unis.
L’ADL a ainsi enregistré 2 717 incidents antisémites dans tout le pays en 2021, soit une augmentation de 34% par rapport à 2020 et le niveau le plus élevé depuis qu’elle a commencé à suivre la tendance en 1979.
Le sondage en ligne a été mené auprès d’un échantillon représentatif de plus de 4 000 adultes américains entre septembre et octobre 2022, avec une marge d’erreur de 2,06 %.