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Yémen: les rebelles soutenus par Téhéran avancent à Aden

L'Arabie saoudite ne s'est pas encore prononcée de manière formelle sur une pause humanitaire réclamée par la Russie

Les flammes et la fumée s'élevant du site d'une explosion qui a frappé un dépôt d'armes dans la deuxième ville du Yémen d'Aden le 28 mars 2015 Crédit : (Crédit : AFP PHOTO / Saleh al-Obeidi)
Les flammes et la fumée s'élevant du site d'une explosion qui a frappé un dépôt d'armes dans la deuxième ville du Yémen d'Aden le 28 mars 2015 Crédit : (Crédit : AFP PHOTO / Saleh al-Obeidi)

Les rebelles chiites Houthis, soutenus par l’Iran, ont progressé dimanche dans Aden, la deuxième ville du Yémen, malgré les raids de la coalition menée par Ryad, que Moscou presse d’accepter une pause dans ses frappes pour des raisons humanitaires.

Téhéran a de son côté sollicité l’aide du sultanat d’Oman pour obtenir un arrêt « immédiat » de ces frappes, selon les médias iraniens. Oman, qui a de bonnes relations avec l’Iran, est la seule monarchie du Golfe à ne pas participer à cette coalition d’une dizaine de pays.

En dépit des frappes conduites depuis le 26 mars, les rebelles chiites –qui se sont déjà emparés de la capitale Sanaa et des régions du nord et du centre– ont réussi à avancer dans Aden, prenant le contrôle dimanche du siège de l’administration provinciale et se rapprochant d’un port, selon un responsable local.

Les Houthis, alliés à des militaires fidèles à l’ex-président Ali Abdallah Saleh, ont également bombardé des zones résidentielles, mettant le feu à plusieurs habitations, ce qui a poussé des dizaines de familles à fuir, ont indiqué des témoins.

La chaîne Aden TV, fidèle au président Abd Rabbo Mansour Hadi, a de son côté été la cible de tirs d’obus attribués aux rebelles, qui l’ont contrainte à cesser d’émettre. Le bâtiment « a subi des dégâts, mais on ne déplore pas de victimes », a déclaré à l’AFP un responsable d’Aden TV.

Selon un bilan provisoire, cinq civils ont par ailleurs été tués et 14 blessés dimanche dans des accrochages entre des Houthis et des partisans du président Hadi. « Il y a des enfants parmi les blessés », a indiqué à l’AFP le directeur régional de la Santé, Al-Khader Lassouar.

Ces accrochages se sont produits dans les quartiers d’Al-Moalla et Qalloua, non loin du siège d’Aden TV.

Les rebelles avaient pris jeudi le palais présidentiel de la ville avant de s’en retirer vendredi à l’aube à la suite de raids aériens.

De nombreux pays, parmi lesquels la Russie, l’Inde, l’Indonésie et le Pakistan, ont évacué ces derniers jours leurs ressortissants, tandis que la Chine, Djibouti et le Soudan devaient faire de même dimanche, selon le porte-parole saoudien de la coalition, le général Ahmed Assiri.

Un navire de la Marine française a évacué samedi 44 personnes de différentes nationalités, dont des Français, à partir du port de Balhaf, à 380 km à l’est d’Aden. Elles devaient être accueillies à Djibouti, selon le ministère français de la Défense.

Alors que le pays s’enfonce dans les violences, les ONG s’inquiètent de la situation humanitaire et du nombre très élevé de victimes civiles. Le dernier bilan officiel donné par l’ONU remonte à jeudi avec 519 morts et 1.700 blessés en deux semaines.

Sous la pression des ONG, la coalition a annoncé samedi que le comité international de la Croix Rouge (CICR) pourrait acheminer dès dimanche des secours au Yémen par deux avions.

« L’opération humanitaire fait partie de notre travail », a insisté le général Assiri, sans toutefois accéder à une demande d’une pause de 24 heures dans les raids formulée par le CICR.

« Nous ne voulons pas ravitailler les milices » ni que l’approvisionnement en aide interfère avec les opérations militaires, a ajouté le porte-parole.

L’Arabie saoudite ne s’est pas encore prononcée de manière formelle sur une pause humanitaire réclamée par la Russie, proche de l’Iran, dans un projet de résolution déposé samedi devant le Conseil de sécurité de l’ONU à New York.

La présidente du Conseil, la Jordanienne Dina Kawar, a indiqué que les pays membres avaient besoin de « temps pour réfléchir ». La Jordanie fait partie de la coalition qui est intervenue pour défendre le président Hadi, aujourd’hui réfugié à Ryad.

L’Arabie saoudite va démolir 96 hameaux inhabités à sa frontière sud pour empêcher leur éventuelle utilisation par des rebelles yéménites, a rapporté dimanche le quotidien panarabe Al-Hayat.

Alors que la coalition a poursuivi ses raids nocturnes dans le nord, notamment autour de Sanaa et de Saada, fief des Houthis, de violents affrontements se déroulaient dimanche à Loder, localité du Sud, contrôlée par les rebelles.

Ces affrontements ont fait 24 morts, dont 21 miliciens chiites, selon un partisan du président et une source médicale.

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