Yom HaZikaron : Erdan quitte le Conseil de sécurité de l’ONU en signe de protestation
L'envoyé israélien a allumé une bougie et a quitté la réunion du Conseil de sécurité pour protester contre la tenue d’une session critique à l’égard d’Israël en plein Yom HaZikaron
Luke Tress est le vidéojournaliste et spécialiste des technologies du Times of Israël
NEW YORK – L’envoyé d’Israël auprès des Nations unies, Gilad Erdan, a quitté la réunion du Conseil de sécurité de l’ONU pour protester contre la tenue d’une session critique à l’égard d’Israël – et ce, en plein Yom HaZikaron.
La session périodique du Conseil de sécurité sur la question palestinienne » s’est tenue au siège de l’ONU à New York et a été dirigée par la Russie.
« Aujourd’hui est l’un des jours les plus sacrés de l’année pour l’État d’Israël », a déclaré Gilad Erdan. « Nous avons fait de nombreuses demandes pour reporter le débat d’aujourd’hui, en décrivant l’importance profonde de ce jour, mais, tragiquement, ce conseil a refusé de bouger. »
« Le débat d’aujourd’hui a franchi toutes les limites », a-t-il ajouté. « Alors que les Israéliens sont en deuil, ce conseil, comme d’habitude, entendra de nouveaux mensonges éhontés condamnant l’État d’Israël et le dépeignant faussement comme la racine de tous les problèmes de la région. »
S’adressant directement au ministre russe des Affaires étrangères, Sergeï Lavrov, qui dirigeait la session, Erdan a demandé : « Que feriez-vous si ce conseil se réunissait pour isoler et condamner la Fédération de Russie et ses soldats le 9 mai, le jour de la Victoire sur les nazis ? ».
Erdan a déclaré que la poursuite du conflit israélo-palestinien était due à l’obstination des Palestiniens et a accusé le Conseil de sécurité d’hypocrisie en se concentrant sur Israël, tout en ignorant les activités déstabilisatrices de l’Iran dans la région.
Erdan a lu au Conseil les noms des Israéliens tués dans l’exercice de leurs fonctions ou lors d’attaques terroristes au cours de l’année écoulée, en terminant par les trois membres de la famille Dee qui ont été tués par balles en Cisjordanie au début du mois.
Il a déposé une bougie commémorative sur la table devant lui et a quitté l’hémicycle avec le reste de la délégation israélienne.
« Je refuse de passer ce jour solennel à écouter des mensonges et des condamnations. Ce débat déshonore ceux qui sont tombés au combat et Israël n’y participera pas », a-t-il déclaré.
Le refus de la Russie de reporter le débat a été perçu comme des représailles pour le soutien apporté par Israël à l’Ukraine, et les Palestiniens ont considéré la décision de la Russie comme une victoire, selon un reportage diffusé samedi par la Douzième chaîne, citant un responsable diplomatique.
Bien qu’Israël ait cherché à éviter de se mettre à dos la Russie – qui contrôle l’espace aérien au-dessus de la Syrie où Israël opère pour cibler les mandataires iraniens – il a vivement critiqué Moscou et son invasion de l’Ukraine à plusieurs reprises, y compris à l’ONU.
À la fin de l’année dernière, Erdan a reproché à l’Assemblée générale des Nations unies d’avoir organisé un vote crucial sur Israël après le début du Shabbat, alors qu’il ne pouvait pas y assister.
Lors de la réunion de mardi, le ministre des Affaires étrangères de l’Autorité palestinienne (AP), Riyad al-Maliki, s’exprimant avant Erdan, a lié la session au 75e anniversaire de l’Indépendance d’Israël, qui a commencé mardi soir. Les Palestiniens appellent la création d’Israël la Nakba – le mot palestinien signifiant « catastrophe ».
« 75 ans plus tard, la Nakba continue. Le déni de nos droits, le déplacement et le remplacement de notre peuple sont toujours en cours, avec un objectif poursuivi au grand jour : l’annexion. Il est temps de mettre un terme à la Nakba », a-t-il déclaré.
« Il s’agit de la crise des réfugiés la plus longue au monde, du déni des droits collectifs et individuels nationaux le plus long au monde, de la crise de protection la plus longue au monde », a-t-il ajouté. « La question se pose donc de savoir pourquoi cette crise perdure. »
Il a reproché à la communauté internationale de ne pas appliquer les « conséquences » à l’encontre d’Israël pour mettre fin au conflit.
« Comment se fait-il que lorsqu’il s’agit d’Israël, la communauté internationale puisse prendre position mais ne puisse pas agir en conséquence ? Les règles sont claires, mais il faut maintenant que nous soyons déterminés à les appliquer. »
Le coordinateur spécial de l’ONU pour le processus de paix au Moyen-Orient, Tor Wennesland, a présenté une évaluation périodique des tensions dans la région au cours de la session.
Wennesland a déploré les « incidents choquants de violence » sur les lieux saints pendant le ramadan, faisant référence à la police israélienne qui a dû maîtriser des émeutiers palestiniens à la mosquée Al-Aqsa, mais a déclaré que la période avait globalement été calme.
Il a accusé les « appels provocateurs » lancés par les deux parties au conflit d’avoir attisé la violence.
Les échauffourées dans la mosquée de Jérusalem, point névralgique du conflit, ont provoqué une brève flambée de violence, les terroristes tirant des roquettes sur Israël depuis Gaza, le Liban et la Syrie, et perpétrant plusieurs attentats en Israël et en Cisjordanie.
« Si une escalade à plus grande échelle a été évitée, à chaque désescalade, les enjeux deviennent plus importants et les outils à notre disposition se réduisent. La trajectoire actuelle n’est ni durable ni inévitable », a déclaré Wennesland.
Israël et les États-Unis affirment depuis longtemps que les Nations unies font preuve d’un parti pris écrasant à l’encontre de l’État juif. L’année dernière, l’Assemblée générale a condamné Israël plus que tous les autres pays réunis, et Israël fait l’objet de plus d’enquêtes que n’importe quel autre pays.
De nombreux enquêteurs de l’ONU sur Israël ont fait des déclarations antisémites, sans subir aucune répercussion de la part de l’ONU.
Erdan a déjà accusé l’organisation mondiale de fermer les yeux sur l’antisémitisme et la partialité institutionnelle de ses membres.