Yuval Steinitz, vétéran du Likud, annonce son retrait de la vie politique
L'ancien ministre, qui a été député pendant 23 ans, a annoncé prendre sa retraite, citant un besoin "d'air nouveau" à quelques semaines des Primaires du parti, le 2 août
Carrie Keller-Lynn est la correspondante politique et juridique du Times of Israël.

Le député du Likud Yuval Steinitz a annoncé, mardi matin, qu’il allait quitter la politique, 23 ans après être entré à la la Knesset et quelques semaines seulement avant les Primaires de la première formation de l’opposition en préparation des élections nationales qui auront lieu au mois de novembre.
Citant un besoin « d’air nouveau », Steinitz met ainsi un terme à une carrière politique qui aura compris douze années successives passées à la tête de cinq ministères. Ses expériences les plus significatives auront été son passage au poste de ministre des Finances quand le Likud est revenu au pouvoir en 2009, un portefeuille dont il a conservé la responsabilité jusqu’en 2013, ainsi que sa fonction de ministre de l’Énergie de 2015 à 2021, année où le Likud a rejoint les bancs de l’opposition.
Même si la date n’a pas été définitivement finalisée, les Primaires du Likud devraient avoir lieu le 2 août. Le chef du parti, Benjamin Netanyahu, restera à la première place de la liste, la formation ayant abandonné le vote qui devait désigner son dirigeant après que le législateur Yuli Edelstein a renoncé à présenter sa candidature face au leader en titre, à la barre du Likud depuis deux décennies. Le parti n’a eu que quatre dirigeants depuis sa fondation en 1973, dont Netanyahu.
Les élections législatives devraient avoir lieu le 1er novembre, après une dissolution de la Knesset qui a été finalisée jeudi dernier suite à l’échec du Premier ministre actuel, Yair Lapid, et du Premier ministre d’alternance Naftali Bennett à stabiliser leur coalition orageuse. Lapid est devenu chef du gouvernement vendredi.
Pendant toutes les années passées au gouvernement et au sein du Parlement, Steinitz a gagné une réputation de député solide, fidèle à ses principes qui, tout en ayant toujours figuré dans les premières places des listes électorales du Likud, n’aura jamais été considéré par Netanyahu comme une personnalité susceptible de vouloir le défier et de prendre la barre du parti.
Remerciant le Likud et les citoyens israéliens « pour le privilège rare qui m’a été accordé de servir le pays et d’influencer les questions relatives à l’existence et à la prospérité de l’État », Steinitz a déclaré qu’il continuerait à apporter son aide pour les prochaines élections dans le but d’établir « un gouvernement national de qualité dirigé par Netanyahu et par le Likud ».

Peu après l’annonce faite par Steinitz, Netanyahu – qui avait été informé au préalable de sa décision – a qualifié l’ancien ministre de la Défense de « partenaire loyal dans mise en place de la politique réussie qui aura permis à Israël de vivre la meilleure décennie économique de son Histoire ».
Netanyahu s’est aussi attribué le mérite, avec Steinitz, « de la lutte conjointe pour pouvoir enfin arracher le gaz de la mer » – une entreprise qui, a-t-il dit, « a rapporté des dizaines de milliards aux citoyens israéliens ».
Quand il était ministre de l’Énergie, Steinitz avait pris la tête des efforts livrés pour développer le champ de gaz naturel offshore de Leviathan, dont la production a commencé en 2019.
Jeudi dernier, Netanyahu a promis, dans le cadre de sa campagne, de réduire le coût de la vie qui grimpe en flèche.
En plus d’avoir aidé à mettre en œuvre le projet de développement du champ de gaz naturel, Steinitz a dit être fier d’avoir aidé à faire entrer l’État juif dans l’OCDE et de sa gestion de la crise financière qui s’était abattue sur le monde entre 2009 et 2012. Il s’est par ailleurs enorgueilli d’avoir aidé à dévoiler le programme nucléaire syrien.
En plus d’avoir été ministre des Finances, de l’Énergie, des Affaires stratégiques, des Renseignements et des Relations internationales dans des périodes qui se sont étendues de 2009 à 2021, le député a aussi présidé la Commission des Affaires étrangères et de la Défense à la Knesset de 2003 à 2006.
Yuli Edelstein, membre du Likud et ancien chef, lui aussi, de la Commission des Affaires étrangères du Parlement, a dit que Steinitz, universitaire de formation, était « le philosophe le plus pragmatique que je connaisse ».
Disant que le député était à la fois « un ami et un partenaire », Edelstein a ajouté que le politicien vétéran « a apporté une contribution énorme », déclarant que « dans tous les domaines où tu as travaillé, tu as travaillé minutieusement, de manière professionnelle et avec un sens réel de la mission ».
Considéré comme un modéré au sein d’un parti célèbre pour les déclarations agressives de ses députés, Steinitz, un homme à la voix douce, a aussi été salué par ses adversaires politiques.
Ainsi, Naftali Bennett a écrit sur Twitter être « très triste » du retrait de Steinitz qui, selon lui, « incarne l’essence de la qualité du service public ».
« Je suis très triste de la décision prise par mon ami, le député Yuval Steinitz, de se retirer de la politique. Le public israélien perd une personnalité honnête, courageuse et de talent. Yuval Steinitz incarne… l’intégrité, la substance face au populisme, la créativité, un scepticisme sain et un amour profond et pur pour l’État d’Israël », a twitté Bennett.

De la même manière, le ministre de la Justice Gideon Saar – ancien du Likud qui a fondé sa propre formation, Tikva Hadasha, après avoir échoué à détrôner Netanyahu de la tête du parti – a dit être « désolée de la décision prise [par Steinitz], homme de principe, homme d’État et responsable public pragmatique ».
Si Steinitz s’est retiré de la course aux Primaires, plusieurs nouveaux et anciens noms du Likud ont fait leur entrée et notamment l’ancien ambassadeur aux États-Unis Danny Danon, l’ex-député du Likud Moshe Feiglin et le conseiller économique de Netanyahu Avi Simhon.
Cinq modalités permettent de mettre au point la liste électorale du Likud. La première, le leader du parti – qui prendra la première place – est déterminé. Ensuite, le reste de la liste est divisé en fonction des personnalités choisies dans une Primaire nationale ; 10 représentants régionaux sont sélectionnés par le Comité central du parti ; des places spécialement réservées aux minorités sont également choisies pendant la Primaire nationale et trois places sont garanties pour accueillir les candidats qui auront été spécialement sélectionnés par le chef de la formation.