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2 500 victimes de fraude des options binaires portent plainte à Londres

Le cabinet qui les représente affirme qu'un grand nombre des 120 fraudeurs présumés ont des liens avec Israël, et s'est adressé au ministère israélien de la Justice pour l'aider à les traduire en justice

Simona Weinglass est journaliste d'investigation au Times of Israël

Cour royale de Justice de Londres. (Crédit : sjiong -flickr.com/photos/sjiong/109817932/ Wikipedia)
Cour royale de Justice de Londres. (Crédit : sjiong -flickr.com/photos/sjiong/109817932/ Wikipedia)

L’avocat spécialisé en droit international, Gabriele Giambrone, a envoyé la semaine dernière une lettre au ministère israélien de la Justice, l’informant que son cabinet représente 2 500 clients victimes de fraude par des sociétés d’options binaires et de Forex. Beaucoup de ces entreprises opèrent sur le sol israélien, a-t-il écrit, demandant à Israël de coopérer afin de les traduire en justice.

« Les autorités de régulation et d’application de la loi israéliennes ont jusqu’à présent échoué à prendre des mesures », a écrit l’avocat londonien dans une lettre datée du 5 avril, « en dépit de la connaissance du lieu où ces entreprises sont basées, l’adresse de leurs bureaux et qui sont les individus qui les dirigent. Il semble qu’aucun des organismes de réglementation ne s’intéresse à la protection des investisseurs qui sont tombés dans les mailles du filet ».

Comme le Times of Israel l’a rapporté le mois dernier, pendant près d’une décennie, Israël a servi de terre d’accueil pour l’industrie du commerce en ligne, dont une grande partie est frauduleuse et qui a délesté de centaines de millions de dollars, peut-être même des milliards, des centaines des milliers de clients dans le monde, tandis que les autorités israéliennes ont choisi d’ignorer la situation.

Au moment de la publication de cet article, le ministère de la Justice avait choisi de ne pas répondre aux accusations de l’avocat dans sa lettre.

Gabriele Giambrone (autorisation)
Gabriele Giambrone (autorisation)

Lors d’un entretien téléphonique, Giambrone, associé principal chez Law Giambrone, a déclaré qu’au moins 120 entreprises d’options binaires et de Forex, dont 20 ont des liens directs vers Israël et dont beaucoup plus sont soupçonnées de tels liens, seront désignées comme parties de la défense dans le cadre d’une future plainte au nom des 2 500 victimes présumées, devant la Haute Cour de justice à Londres.

La procédure est assurée par la firme de Giambrone, en coopération avec un second grand cabinet juridique londonien. Les entreprises ont engagé des avocats spécialisés dans les litiges financiers.

Giambrone a cité au Times of Israel les noms de cinq entreprises israéliennes, qui feront partie des défendeurs dans le procès. Le Times of Israel a contacté ces entreprises ; aucune n’avait répondu à ces accusations au moment de la publication de cet article.

Giambrone a déclaré que ses clients, qui auraient été trompés par des sociétés israéliennes d’options binaires, comprennent de nombreux résidents du Koweït, de l’Arabie Saoudite et de l’Egypte.

Le cabinet d’avocats a également annoncé qu’il tiendra une série de séminaires au Moyen-Orient entre le 5 et le 15 juin, afin d’aider et d’informer des milliers d’autres investisseurs victimes de fraude sur la façon de lancer une procédure contentieuse contre les sociétés.

La demande de la part de victimes des sociétés d’options binaires et de Forex dans les pays arabes est tellement élevée, selon Giambrone, que son bureau a été submergé.

« Le nombre de demandes est incroyable. Cela devient trop lourd pour nous. Dans des pays comme le Koweït, ces escroqueries au Forex font les gros titres en raison du nombre de personnes concernées. »

Alors que certaines entreprises frauduleuses opérant à partir d’Israël peuvent avoir faussement cru qu’elles étaient à l’abri parce qu’elles utilisaient des faux noms et adresses, ainsi que des lignes téléphoniques sécurisées, Giambrone a décrit comment son cabinet d’avocats a, dans de nombreux cas, été en mesure de suivre la piste des fraudeurs jusqu’en Israël, obtenant ainsi leurs vrais noms et les informations personnelles de leurs dirigeants présumés.

« La plupart des entreprises israéliennes utilisent un agent chypriote afin d’être enregistrées en Europe. Ils prétendent ensuite qu’ils sont une société britannique légitime ayant une adresse à Londres. Nos clients arabes aiment travailler avec les marchés britanniques. Un de nos clients a traqué le numéro qui l’a appelé et a appris qu’il s’agissait d’un bureau virtuel et que l’appel était redirigé vers Israël. Il a réalisé qu’il avait effectivement parlé à quelqu’un dans un back-office en Israël. »

Mauvais pour Israël

Que se passerait-il si non seulement une poignée de clients arabes, mais des milliers, des dizaines de milliers, voire des centaines de milliers de personnes, se rendaient compte qu’elles ont été escroquées par des Israéliens?

« Ce ne sera certainement pas bon pour Israël », a déclaré Gadi Wolfsfeld, professeur de communication politique et de hasbara (communication publique) à IDC-Herzliya.

Toutefois, a-t-il ajouté, d’un point de vue diplomatique, la plupart des Juifs et des Arabes pensent ce qu’ils pensent au sujet du conflit (israélo-arabe) et cet événement ne changera pas leurs vues sur le long terme ».

Alors que certaines entreprises se sont crues à l’abri parce qu’elles utilisaient de faux noms et adresses et des lignes téléphoniques sécurisées, le cabinet d’avocats a pu suivre la piste des fraudeurs jusqu’en Israël, obtenant ainsi l’identité de leurs dirigeants présumés

Néanmoins, Wolfsfeld était optimiste, peut-être de façon naïve étant donné l’inaction du gouvernement sur le sujet au cours de la dernière décennie. « Si c’est contraire à la loi, les autorités israéliennes fermeront ces sociétés. S’il y a des entreprises israéliennes qui enfreignent la loi, je ne pense pas que le gouvernement aura de problème pour s’occuper d’elles. »

Une autre source familière avec le droit international a soulevé une possibilité supplémentaire troublante pour ceux qui participent actuellement aux activités des entreprises frauduleuses.

« En théorie, si un pays est en mesure de retracer plusieurs cas de fraude vers un individu en Israël, il pourra exiger son extradition, » a-t-il dit.

Pour sa part, Giambrone a indiqué que le fait que tant de fraudes présumées soient attribuées à des citoyens israéliens « porte atteinte à l’image de l’industrie israélienne dans le monde entier. »

« Israël était connu pour être la nation start-up » a-t-il dit. « Maintenant, sa réputation est entachée par le fait qu’un certain nombre d’escrocs utilisent la capacité informatique israélienne pour créer de jolis sites Web complètement faux, en utilisant des techniques de SEO (optimisation des moteurs de recherche) et Google pour cibler les victimes, qui pensent qu’elle effectuent des transactions légitimes ».

Giambrone a déclaré qu’outre les salaires, il pense que la plupart des gains mal acquis par les sociétés frauduleuses de Forex et d’options binaires ne pénètrent jamais Israël, mais sont transférés vers des sociétés offshores.

« Juste à titre d’exemple, nous avons représenté avec succès un investisseur ukrainien qui a récemment récupéré son argent, et le paiement a été crédité sur sa carte de crédit depuis une entreprise enregistrée en République Dominicaine. »

Dans sa lettre au ministère de la Justice, Giambrone a également écrit que le risque que ces opérations internationales soient liées à du blanchiment d’argent est très élevé, « comme la plupart de ces sociétés sont associées à des sociétés offshore dans les Caraïbes ou les Seychelles, notoirement connues pour être des paradis fiscaux ».

Il a ajouté que « le récent scandale des documents provenant de Panama montre comment ces sociétés offshore sont de plus en plus fréquemment utilisées à des fins d’évasion fiscale, de sorte que les autorités fiscales israéliennes peuvent également avoir un intérêt à savoir comment ces opérations sont gérées localement et si les fonds des investisseurs sont acheminés vers l’étranger. »

Giambrone a ajouté que les tribunaux britanniques ont la possibilité d’avoir accès à des comptes bancaires et de geler des actifs, dans des paradis fiscaux qui sont d’anciennes colonies comme les îles Vierges britanniques.

« Si nous pouvons obtenir de la cour de le faire, ce sera un grand succès, comme un scandale de Panama II. Nous allons savoir exactement où tout cet argent est allé ».

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