À Herzliya, Gorka a défendu la guerre contre “les mauvaises versions de l’Islam”
L'ancien conseiller de Trump a partagé des généralités sur la guerre que mènent les États Unis contre le terrorisme, et s'est plaint d’un environnement “cynique” à la Maison Blanche
Judah Ari Gross est le correspondant du Times of Israël pour les sujets religieux et les affaires de la Diaspora.
Malgré la controverse qui a entouré sa visite, l’ancien conseiller de la Maison Blanche Sebastian Gorka a fait une apparition dans une conférence sur la lutte antiterroriste à Herzliya lundi, et a mis en avant les difficultés que rencontrent les États-Unis dans leur guerre contre le terrorisme.
Gorka a été choisi pour être la vedette du premier jour de la 17e conférence annuelle de l’Institut international pour la Recherche sur le Terrorisme, au Centre interdisciplinaire d’Herzliya, aux côtés de l’ancien Premier ministre français Manuel Valls.
Cette décision a fait des vagues dans les médias israéliens, parce que durant son court mandat de conseiller adjoint, Gorka a été accusé d’avoir des liens avec une organisation antisémite hongroise, Vitezi Rend.
L’ancien conseiller a également critiqué les « éléments libéraux » de la communauté juive américaine, qui, dit-il, « a fini par devenir anti-Israël. » Il a affirmé qu’il pense que la gauche l’a attaqué dans les médias en raison de son soutien à Israël.
Gorka, qui a accusé le journal juif Forward d’avoir mené une campagne de diffamation contre lui, n’a pas évoqué les allégations de liens antisémites ou ses attaques sur les juifs libéraux.
Ses propos lundi étaient prononcés sur un ton dramatique, et parfois même provocant, bien qu’il ait principalement exposé des généralités. Principalement connu pour son style belliciste, certains des propos de Gorka auraient été jugés marginaux ou contraires à l’orthodoxie convenue dans le domaine de l’antiterrorisme.
Né à Londres, après que ses parents ont fui la Hongrie, Gorka a déclaré qu’il « avait été accusé de plusieurs choses », mais qu’il n’avait « jamais dit que nous étions en guerre avec l’islam ».
Il a, en revanche, déclaré que l’Occident est en guerre contre « les mauvaises versions de l’slam », qui, dit-il, « deviennent de plus en plus populaires, tandis que les versions modernes, comme en Jordanie ou en Égypte, sont minées. »
Il a ajouté que « ce n’est pas bon pour les musulmans, ni pour les humains. »
Il a proposé un aperçu des détails de la stratégie antiterroriste de l’administration actuelle, plutôt que de donner une vision générale de la guerre que mène l’Amérique contre le terrorisme depuis le 11 septembre 2001.
Il a appelé les États-Unis à se focaliser sur la source du terrorisme, plutôt que de « brasser de l’air » et de s’en prendre à des terroristes spécifiques.
« Nous devons faire en sorte que les gens ne souhaitent plus devenir terroristes », dit-il.
L’ancien conseiller à la Maison Blanche a déclaré que les États-Unis doivent « s’engager vigoureusement et avec force » contre les idéologies terroristes, sans se focaliser sur les aspects « cinétiques » ou violent de la guerre contre le terrorisme, bien qu’il a affirmé que les États-Unis étaient les meilleurs à ce jeu.
Il a comparé les groupes terroristes tels que l’État islamique (EI) aux nazis, dans la mesure où ils sont tous deux totalitaires. « Vous ne pouvez pas négocier avec [Adolf] Hitler, et vous en pouvez pas négocier avec Abu Bakr al-Baghdadi [le chef de l’EI] », a-t-il dit.
Il a également appelé les États-Unis à penser davantage en termes de stratégie, ce qu’ils ne font plus depuis « environ 1988 », parce que l’Amérique est devenue suffisamment puissante pour être « stupide ».
Mais en plus des déclarations qui reflètent les théories communément acceptées sur la lutte antiterroriste actuellement, Gorka a également ponctué son discours de remarques qui pourraient en froisser plus d’un.
Par exemple, il a affirmé que le printemps arabe au début des années 2010, « devrait être rebaptisé l’Hiver chrétien ». Cette remarque a été lancé sans contexte ni explication, et semble avoir une vocation provocante, sous-entendant que ces mouvements dans les pays arabes ont signé le début du déclin des mouvements chrétiens.
L’ancien conseiller du président américain Donald Trump a quitté la Maison Blanche dans un contexte de controverse, certains affirmant qu’il a démissionné, d’autres qu’il a été limogé.
Gorka a nié avoir été renvoyé, et a affirmé avoir démissionné. Mais il n’est pas entré dans les détails de sa décision, en dehors d’un climat étouffant. « Il y a quelque chose dans la bureaucratie qui tue la créativité », a-t-il dit.
Il s’est également plaint d’un environnement « cynique » dans la Maison Blanche de Trump.
« Je pensais qu’en tant qu’enfant de personnes qui ont vécu sous une dictature fasciste […] j’avais aussi une appréhension cynique du monde. J’étais très naïf », a-t-il dit.
Gorka a personnellement remercié l’organisateur de la conférence, le directeur de l’Institut international pour la Recherche sur le Terrorisme, Boaz Ganor.
« Quand les choses deviennent difficiles, c’est là que vous comprenez qui sont vos vrais amis, notamment Boaz Ganor », a-t-il dit.