Abbas maintient le gel de la coopération sécuritaire avec Israël
A l'instar du chef de l'AP, Riyad Mansour a appelé à un "retour au statu quo historique en vigueur autour de la mosquée Al-Aqsa" ; la France a salué le retrait des détecteurs
Le président de l’Autorité palestinienne Mahmoud Abbas a annoncé mardi le maintien du gel de la coopération avec Israël, décidé la semaine dernière, en dépit du retrait par Israël des détecteurs de métaux au mont du Temple, condition qu’il avait émise dimanche, lors de la décision de gel.
« Tant que toutes les mesures (de sécurité) ne reviennent pas à ce qu’elles étaient avant le 14 juillet, il n’y aura pas de changement » au gel de la coopération avec Israël, a-t-il dit lors d’une réunion avec des dirigeants palestiniens.
« Toutes les mesures israéliennes sur le terrain depuis cette date jusqu’à présent doivent disparaître et prendre fin. Ensuite, les choses retourneront à la normale à Jérusalem et nous reprendrons notre travail concernant les relations bilatérales avec eux (Israël) », a ajouté Abbas.
« Cette décision que nous avons prise à savoir de mettre un terme à toutes les sortes de coordination, que ce soit au niveau de la sécurité et autre, n’est pas facile du tout. Mais ils (les Israéliens) doivent agir et savoir que ce sont eux qui seront les perdants au bout du compte, parce que nous assumons un devoir très important au niveau de la protection de notre sécurité et de la leur, » avait alors déclaré le chef de l’AP.
« Nous avons géré pendant de nombreuses années la situation sans coopération en matière de sécurité, nous allons maintenant faire de même », avait alors déclaré le ministre israélien de la Défense Avigdor Liberman au site d’information Ynet. Avant de poursuivre : « Ce n’est pas que la coordination de la sécurité soit un besoin israélien. Avant nos propres besoins, il s’agit d’un besoin palestinien avant tout, et donc s’ils le veulent, cela continuera, s’ils ne le veulent pas, ils ne le feront pas. C’est leur décision. »
Peu avant l’intervention d’Abbas, l’ambassadeur palestinien aux Nations unies a demandé mardi que toutes les mesures de sécurité israéliennes soient enlevées du mont du Temple, après la décision d’Israël de retirer ses détecteurs de métaux, dont l’installation avait déclenché des violences entre Palestiniens et forces israéliennes.
Les détecteurs du mont du Temple, lieu sacré juif, ont été retirés tôt mardi matin, après une intense mobilisation diplomatique.
Le cabinet de sécurité israélien a accepté dans la nuit de lundi à mardi « la recommandation de tous les organismes de sécurité de remplacer l’inspection au moyen de détecteurs de métaux par une inspection de sécurité basée sur des technologies avancées et sur d’autres moyens ».
« La désescalade est urgente », a déclaré l’ambassadeur palestinien Riyad Mansour lors d’une réunion du Conseil de sécurité de l’ONU.
Il a appelé à un « retour au statu quo historique en vigueur autour de la mosquée Al-Aqsa », dans l’esplanade des Mosquées, considérée comme le troisième lieu saint de l’islam.
Les autorités israéliennes avaient installé ces détecteurs de métaux aux entrées du mont le 16 juillet, au surlendemain de la mort de deux policiers israéliens dans une attaque perpétrée par trois Israéliens arabes à l’aide d’armes introduites clandestinement dans l’enceinte de la mosquée Al-Aqsa.
Depuis, cinq Palestiniens ont été tués dans des affrontements qui ont éclaté à plusieurs reprises entre manifestants palestiniens et forces de sécurité israéliennes.
Un terroriste palestinien de 19 ans s’est infiltré dans le domicile d’une famille juive réunie pour Shabbat ert fêter l’arrivée d’un petit-fils, et a poignardé à mort 3 des membres de la famille Salomon.
La France a salué la décision israélienne d’enlever les détecteurs en la qualifiant d’ « encourageante ».
L’émissaire de l’ONU pour le Proche-Orient, Nickolay Mladenov, a également salué cette décision, et a annoncé que le président de l’Autorité palestinienne Mahmoud Abbas convoquerait une réunion mardi pour discuter de la suite des évènements. Ce dernier a indiqué que les Palestiniens maintenaient le gel de la coopération avec Israël, qu’il avait commencé vendredi en fin d’après-midi.
Mladenov avait exhorté à une résolution de la crise avant vendredi, jour de la prière pour les musulmans.
« Les deux parties ne doivent pas céder à la provocation, mais faire preuve de retenue et devront mettre fin à cette crise dans les prochains jours », a-t-il déclaré mardi, avant qu’Abbas ne tienne ces propos liés au gel.
Après les propos du chef de l’AP, Madlenov a déclaré dans un communiqué : « Cette crise n’est pas finie. »
« J’espère que les mesures prises par Israël vont permettre le retour à un calme relatif, et nous espérons que cela arrivera dans les prochains jours », a-t-il ajouté.
Le président turc Recep Tayyip Erdogan a exhorté pour sa part les musulmans du monde entier à « visiter » et « protéger » Jérusalem.