Israël en guerre - Jour 621

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Abbas se dit prêt à réformer l’Autorité palestinienne pour gouverner Gaza, mais …

Le chef de l'AP pense que les politiques d'Israël sont "le problème" ; son principal conseiller, al-Cheikh, dit que le Hamas devra "rendre des comptes" pour la destruction de Gaza

Jacob Magid est le correspondant du Times of Israël aux États-Unis, basé à New York.

Le dirigeant de l'Autorité palestinienne, Mahmoud Abbas, recevant des athlètes palestiniens à Ramallah, en Cisjordanie, le 4 août 2023. (Crédit : Wissam Khalifa/PPO/AFP)
Le dirigeant de l'Autorité palestinienne, Mahmoud Abbas, recevant des athlètes palestiniens à Ramallah, en Cisjordanie, le 4 août 2023. (Crédit : Wissam Khalifa/PPO/AFP)

Le président de l’Autorité palestinienne (AP) Mahmoud Abbas s’est déclaré prêt à réformer l’AP, mais cela doit se faire dans le cadre d’une initiative diplomatique plus large visant une solution à deux États.

Les États-Unis font pression pour qu’une AP « revitalisée« , qui n’a pas condamné les massacres du 7 octobre, prenne le contrôle de la bande de Gaza si Israël réussit à chasser le groupe terroriste palestinien du Hamas du pouvoir dans cette région, affirmant que l’organe doit mettre en œuvre des réformes anti-corruption et prendre des mesures pour encourager la liberté d’expression et impliquer la société civile.

« Le problème n’est pas de changer les politiciens [palestiniens] et de former un nouveau gouvernement ; le problème, ce sont les politiques du gouvernement israélien », a affirmé Abbas à Reuters dans des remarques publiées lundi, lorsqu’il a été interrogé sur les propositions américaines visant à réorganiser l’AP afin qu’elle soit mieux préparée à gouverner la bande de Gaza après la guerre.

Israël a déclaré l’AP inapte à prendre le contrôle de la bande de Gaza, citant son refus de condamner le terrorisme du Hamas ainsi que ses versements  continus d’allocations aux terroristes emprisonnés et aux familles de terroristes tués en commettant un attentat.

L’AP est largement considérée comme inefficace et corrompue. Elle n’a pas organisé d’élections générales depuis 2006, ni d’élections présidentielles depuis 2005.

Alors que les hauts fonctionnaires américains en visite à Ramallah ces dernières semaines ont évité de discuter de noms spécifiques avec Abbas, Washington a lancé des idées pour que le président de l’AP nomme un adjoint ou transfère des compétences importantes à un Premier ministre qui serait habilité à mettre en œuvre des réformes indispensables, a déclaré un fonctionnaire américain au Times of Israel. Le fonctionnaire a ajouté que les États-Unis aimeraient également voir Abbas permettre à du « sang neuf » d’entrer dans son parti, le Fatah, qui dirige l’AP et l’Organisation de libération de la Palestine (OLP).

Dans son interview à Reuters, Abbas a de nouveau évoqué sa demande, vieille de plusieurs années, de voir les États-Unis parrainer une conférence de paix internationale, à l’instar du sommet de Madrid de 1991, qui visait à promouvoir la création d’un État palestinien sur la base des lignes d’avant 1967.

Un haut fonctionnaire américain a confirmé à l’agence de presse que l’idée avait été discutée avec des alliés américains, mais qu’elle n’était actuellement pas au centre des préoccupations de l’administration.

Lundi, un haut fonctionnaire palestinien a répondu au Premier ministre Benjamin Netanyahu qui avait indiqué qu’il ne permettrait pas à Gaza de devenir « le Hamastan ou ni Fatahstan » après la guerre.

« Nous disons à Netanyahu qu’il ne s’agit ni du Fatahstan ni du Hamastan. Le nom est la Palestine, et elle restera la Palestine, que cela vous plaise ou non », a écrit sur X le secrétaire général du Comité exécutif de l’OLP et principal conseiller présidentiel, Hussein al-Cheikh.

Le secrétaire général du comité exécutif de l’OLP Hussein al-Cheikh lors d’une réunion, à Amman, en Jordanie, le 4 novembre 2023. (Crédit : Jonathan Ernst/Pool photo via AP)

Mardi, un haut conseiller d’Abbas a réprimandé le groupe terroriste palestinien du Hamas pour avoir semé la destruction dans la bande de Gaza, affirmant que « personne n’esquivera sa responsabilité ».

« Je dis à notre peuple que le prix payé par Gaza n’est pas mince et qu’il faut l’évaluer. Il y aura des comptes à rendre, mais pas maintenant », a déclaré Mahmoud Habbash dans une interview accordée à la chaîne d’information saoudienne Al Arabiya.

« Nous n’entrerons pas dans les détails, mais 100 000 personnes ont été tuées ou blessées dans la bande de Gaza. Des centaines de milliers de maisons ont été détruites, ainsi que les infrastructures. Nous ne pouvons pas laisser passer cela, personne ne peut se soustraire à ses responsabilités. »

Plus de 20 000 personnes seraient mortes à Gaza depuis le début de la guerre, selon le ministère de la Santé du Hamas. Les chiffres publiés par le groupe terroriste sont invérifiables, et ils incluraient ses propres terroristes et hommes armés, tués en Israël et à Gaza, et les civils tués par les centaines de roquettes tirées par les groupes terroristes qui retombent à l’intérieur de la bande de Gaza.

Israël affirme qu’il fait tout son possible pour éviter les pertes civiles. Tout au long de son opération, Tsahal a fourni de nombreuses preuves de l’utilisation par le Hamas et d’autres groupes terroristes d’infrastructures civiles telles que des écoles, des mosquées, des immeubles résidentiels et des hôpitaux à des fins terroristes, y plaçant des lance-roquettes, des entrepôts d’armes et des centres de commandement.

Le président de l’Autorité palestinienne Mahmoud Abbas, à droite, et son conseiller principal Mahmoud Habbash, au bureau de ce dernier, en 2018. (Crédit : Wafa)

S’adressant à Reuters, Abbas a réitéré sa position contre l’utilisation de la violence pour faire avancer la cause palestinienne.

« Je suis pour une résistance [nom que se donnent les groupes terroristes islamistes anti-Israël] pacifique. Je suis pour des négociations basées sur une conférence de paix internationale et sous des auspices internationaux qui mèneraient à une solution qui sera protégée par les puissances mondiales pour établir un État palestinien souverain dans la bande de Gaza, la Cisjordanie et Jérusalem-Est », a-t-il rappelé.

Abbas s’est également montré ouvert à l’idée que l’AP reprenne le contrôle de la bande de Gaza dans le cadre d’une initiative plus large en faveur de deux États, mais il a ajouté que « lorsque nous reviendrons, nous aurons besoin de ressources », car une grande partie de la bande de Gaza a été détruite lors des combats.

Il a réaffirmé sa position selon laquelle les États-Unis « portent la responsabilité de ce qui se passe » à Gaza parce qu’ils sont « complices » d’Israël.

« L’Amérique ne force pas Israël à appliquer ce qu’elle dit. »

Le chef de l’AP a insisté sur le fait qu’il souhaitait organiser des élections depuis des années, mais qu’il ne le ferait pas tant que les Palestiniens de Jérusalem-Est ne seront pas autorisés à y participer – se faisant l’écho de sa propre annonce du report indéfini des élections.

Israël n’a jamais officiellement réagi à ce sujet, tout en empêchant toute activité de l’AP à Jérusalem-Est, qu’il considère comme faisant partie de sa capitale souveraine. Il convient toutefois de souligner qu’Israël a autorisé la tenue d’élections palestiniennes à Jérusalem-Est en 1996, 2005 et 2006.

Des volutes de fumée à la suite de frappes israéliennes dans le nord du territoire palestinien, dans le cadre de la guerre avec le Hamas, sur une photo prise dans le sud d’Israël, près de la frontière avec la bande de Gaza, le 17 décembre 2023. (Crédit : Jack Guez/AFP)

Les analystes ont longtemps supposé que la décision d’Abbas de ne pas organiser d’élections était motivée par la crainte de voir le groupe terroriste palestinien du Hamas gagner du terrain à ses dépens. Mais le président de l’AP a insisté sur le fait que ce n’était pas un critère, déclarant à Reuters que « quiconque l’emporte, l’emportera. Il s’agira d’élections démocratiques ».

Abbas n’a pas condamné publiquement le massacre perpétré par le Hamas le 7 octobre, au cours duquel 3 000 terroristes ont massacré 1 200 personnes dans le sud d’Israël, pour la plupart des civils, et pris plus de 240 otages.

Dans une autre interview accordée à Reuters dimanche, al-Cheikh, secrétaire général de l’OLP, a laissé entendre que les méthodes employées jusqu’à présent par les Palestiniens dans leur quête d’un État n’avaient pas porté leurs fruits.

« Il n’est pas acceptable que certains croient que leur méthode et leur approche dans la gestion du conflit avec Israël étaient l’idéal et le meilleur », a-t-il affirmé.

« Après tous ces [meurtres] et tout ce qui se passe, ne vaut-il pas la peine de faire une évaluation sérieuse, honnête et responsable pour protéger notre peuple et notre cause palestinienne ? »

Des soldats israéliens dans la bande de Gaza, en pleine guerre contre le Hamas, sur une photo diffusée le 16 décembre 2023. (Crédit : Armée israélienne)

« Cela ne vaut-il pas la peine de discuter de la manière de gérer ce conflit avec l’occupation israélienne ? »

Al-Cheikh a déclaré que le Hamas devait procéder à une « évaluation sérieuse et honnête et reconsidérer toutes ses politiques et toutes ses méthodes » une fois les combats terminés, tout en appelant à ce que la Cisjordanie, la bande de Gaza et Jérusalem-Est passent sous le contrôle de l’AP. « Il faut qu’il y ait un seul gouvernement palestinien qui gouverne la patrie palestinienne », a-t-il souligné.

Al-Cheikh est depuis revenu sur ces propos, estimant que « le vrai terrorisme, c’est l’occupation ».

À la suite de réunions à Ramallah vendredi, le conseiller à la Sécurité nationale des États-Unis, Jake Sullivan, s’est exprimé lors d’une conférence de presse.

« Nous pensons que l’Autorité palestinienne doit être réorganisée et revitalisée, qu’elle doit être mise à jour en termes de méthode de gouvernance, de représentation du peuple palestinien. »

« Cela nécessitera beaucoup de travail de la part de tous ceux qui sont engagés dans l’Autorité palestinienne, à commencer par le président, Mahmoud Abbas, que j’irai voir (…). »

« Et en fin de compte, ce sera au peuple palestinien de travailler par l’intermédiaire de sa représentation », a ajouté Sullivan.

Un sondage publié la semaine dernière atteste de la montée en flèche du soutien palestinien au Hamas en Cisjordanie. 44 % des habitants du territoire ont déclaré soutenir le Hamas en général, contre seulement 12 % en septembre. Parmi les Palestiniens interrogés en Cisjordanie, 82 % ont déclaré qu’ils pensaient que le Hamas avait eu « raison » de lancer son assaut du 7 octobre, contre seulement 57 % à Gaza.

Au début d’une conférence de presse tenue à Tel Aviv samedi, le Premier ministre Netanyahu a cité ce sondage pour réaffirmer son opposition à ce que l’AP joue un rôle à Gaza après la guerre.

Le Premier ministre Benjamin Netanyahu au QG militaire de la Kirya à Tel Aviv, le 17 décembre 2023. (Crédit : Miriam Alster/Flash90)

« À l’heure actuelle, les hauts responsables de l’Autorité palestinienne refusent tout simplement de condamner le massacre et certains d’entre eux en font même ouvertement l’éloge. Et ils contrôleront Gaza ‘le jour d’après’ ? N’avons-nous rien appris ? En tant que Premier ministre d’Israël, je ne permettrai pas que cela se produise », a affirmé Netanyahu.

Netanyahu a souligné au contraire « qu’après l’élimination du Hamas, la bande de Gaza sera démilitarisée, sera sous le contrôle de la sécurité israélienne et aucun de ses éléments ne nous menacera ni n’éduquera ses enfants à nous détruire ».

Il n’a pas précisé qui, selon lui, pourrait diriger les affaires civiles dans la bande de Gaza.

L’équipe du Times of Israel et Gianluca Pacchiani ont contribué à cet article.

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