Deux jeunes bédouins et six femmes de 21 à 41 ans libérés des geôles du Hamas
Après Mia Shem et Amit Soussana, 6 otages de plus ont quitté Gaza dans des véhicules du CICR pour être rapatriés en Israël après après 55 jours de captivité
Emanuel Fabian est le correspondant militaire du Times of Israël.
Deux jeunes bédouins et six femmes de 21 à 41 ans, dont une Franco-israélienne, Mia Shem. Voici ce que l’on sait des huit otages israéliens relâchés jeudi par le groupe terroriste palestinien du Hamas, selon les récits de leurs proches à l’AFP, les informations de la presse israélienne et du Forum des familles d’otages et des disparus.
À ces huit otages, il faut ajouter deux Russo-israéliennes libérées mercredi, portant le total d’otages comptés dans l’échange de jeudi à dix, conforme aux termes de l’accord négocié par le Qatar et les Etats-Unis.
Ces libérations portent à 110 le nombre d’otages libérés, Israéliens et étrangers, soit plus de 45 % des quelque 240 personnes séquestrées à Gaza depuis leur rapt le 7 octobre.
Israël estime qu’environ 145 otages – dont 15 civils – sont actuellement détenus à Gaza et insiste pour que le groupe terroriste libère tous les autres otages civils, femmes et enfants, avant que d’autres accords ne soient envisagés.
Parmi eux, 80 femmes, enfants et jeunes de moins de 19 ans ont été relâchés depuis vendredi, en échange de la libération de 210 prisonniers palestiniens incarcérés pour atteinte à la sécurité en Israël, dans le cadre de l’accord de trêve entre Israël et le groupe terroriste palestinien du Hamas. Trente autres détenus palestiniens doivent être relâchés dans la nuit de jeudi à vendredi.
Ont également été relâchés, hors du cadre de l’accord, 23 Thaïlandais, un Philippin et un Russo-israélien. Cinq otages avaient auparavant été libérées en octobre, avant la trêve.
Aïsha et Bilal al-Ziadna, 17 et 18 ans
Bilal al-Ziadna, 18 ans, et sa petite soeur Aïsha, 17 ans, ont été enlevés en compagnie de leur père Youssef, 53 ans, et de leur grand frère Hamza, 22 ans, au kibboutz Holit, où ils participaient à la récolte des olives.
Cette famille de bédouins, originaire de Rahat, une ville de la région désertique du Negev, travaillait à la journée dans l’agriculture.
Peu après l’attaque du 7 octobre, le responsable de l’exploitation les employant a annoncé à leur famille que la vidéo-surveillance avait filmé Aïsha et son père alors qu’ils étaient escortés par des hommes armés.
« Je supplie le monde de me rendre mon bébé! », avait déclaré Keren, la mère de la Franco-israélienne Mia Shem, 21 ans, qui a remué ciel et terre pour sensibiliser « les dirigeants du monde » au sort de sa fille.
Le samedi 7 octobre au matin, Mia participait au Festival Tribe of Nova avec son ami, également franco-israélien, Elya Toledano, 27 ans, toujours captif. Tentant de s’enfuir, ils ont découvert que les pneus de leurs voitures avaient été crevés. « Ils nous tirent dessus, viens nous aider », a-t-elle envoyé peu après 7h à un ami.
La jeune femme, blessée au bras, fut la première otage à apparaître sur une vidéo diffusée par le Hamas le 16 octobre.
Française par son père, Mia, qui travaille dans un salon de tatouage, est la quatrième Franco-israélienne à être libérée, après Eitan, Erez et Sahar, trois enfants relâchés lundi.
Shani Goren, qui souffre d’attaques de panique, était au téléphone avec sa belle-sœur lorsque les assaillants l’ont prise en otage à son domicile. Son rapt, sur une remorque tirée par un tracteur en compagnie de quatre voisines, a été filmé.
De nationalités israélienne et uruguayenne, Shani, la benjamine d’une fratrie de trois, est née à Nir Oz et y a grandi. Ses deux parents, qui vivent séparés dans le kibboutz, ont réchappé à l’assaut.
Elle travaille auprès d’enfants en tant que conseillère d’éducation.
Sapir Cohen a été enlevée en compagnie de son compagnon russo-israélien Sasha Trupanov, 28 ans, à Nir Oz, où le couple, qui avait récemment emménagé à Ramat Gan, au nord de Tel Aviv, rendait visite à la famille de Sasha.
Leurs amis parviendront rapidement à identifier Sapir dans une vidéo diffusée sur les réseaux sociaux.
La mère et la grand-mère de Sasha, également prises en otage, ont été relâchées mercredi, en dehors de l’accord entre Israël et le Hamas, grâce à des échanges directs avec Moscou.
Sasha, dont le père est mort dans l’attaque, reste quant à lui retenu à Gaza.
Ilana Gritzewsky, Israélo-mexicaine de 30 ans, a été enlevée à son domicile à Nir Oz. Elle s’était réfugiée avec son compagnon Matan Zangauker, 24 ans, dans leur mamad – la pièce sécurisée – avant d’en être délogée par les terroristes.
Matan, qui est également considéré comme otage, n’a pas été libéré.
Originaire de Cancún, dans la péninsule du Yucatan (est du Mexique), Ilana avait immigré en Israël à la fin des années 2000. Ses parents l’y avaient rejointe par la suite.
Fiévreuse le matin du 7 octobre, Amit Soussana, 40 ans, était restée à son domicile, où elle vit seule, lorsque son kibboutz Kfar Aza a été pris d’assaut par des hommes armés. Elle a prévenu sa famille peu après 10h qu’elle allait se cacher dans un placard de son mamad et que son téléphone était déchargé. Ce fut son dernier signe de vie.
D’abord incertain, son statut d’otage ne sera confirmé que trois semaines plus tard.
Avocate spécialisée dans la propriété intellectuelle, Amit a trois chats, aime jouer au tennis, écouter du rock et regarder la série Les Soprano.
Nili Margalit, infirmière pédiatrique de 41 ans à l’hôpital Soroka, a mis ses compétences au service des autres otages dans les tunnels de Gaza, selon les récits de l’ex-otage Yocheved Lifshitz, octogénaire libérée en octobre.
Elle avait été capturée à son domicile de Nir Oz. Retranchée dans son mamad avec son chien Natchy-Natch, elle avait communiqué avec des amis par SMS, avant d’arrêter de donner signe de vie peu après 9h.
Sa maison a été réduite en cendres, rendant difficile la confirmation de son enlèvement, qui n’est intervenue qu’après des semaines.
Son père Eliyahu Margalit est toujours retenu à Gaza.