Amidror : il faut arrêter de construire en dehors des blocs d’implantation
L’ancien conseiller à la sécurité de Netanyahu affirme qu’Israël doit préserver la possibilité d’une solution à 2 états, et que la plus grande menace est la démographie
Dov Lieber est le correspondant aux Affaires arabes du Times of Israël
L’ancien conseiller à la sécurité nationale du Premier ministre Benjamin Netanyahu a affirmé lundi qu’Israël devait cesser de construire dans les implantations situées en dehors des grands blocs, au risque de perdre sa capacité à maintenir sa nature à la fois juive et démocratique.
Yaakov Amidror, qui a conseillé Netanyahu entre 2011 et 2013, a dit pendant une conférence à l’université Bar-Ilan que, même s’il pense que les actuels dirigeants palestiniens et l’instabilité de la situation au Moyen Orient ne présentent pas les conditions pour un accord de paix, Israël devait préserver la possibilité d’une solution à deux états pour le futur.
Ceci implique de ne construire que dans les zones qu’Israël espère garder grâce à des échanges de terrain dans le cadre d’un accord sur le statut final avec les Palestiniens.
« Israël devrait limiter la construction dans les implantations aux blocs à l’intérieur des implantations existantes, et réserver les régions restantes à la discussion, à un moment où il pourrait y avoir d’autres dirigeants palestiniens », a-t-il écrit dans l’étude qu’il présentait à la conférence.
Il existe six grands blocs d’implantations qu’Israël espère pouvoir garder dans le cadre d’un futur accord : Givat Zeev, Maale Adumim, le Gush Etzion, Ariel, Modiin Illit et Karnei Shomron.
L’association anti-implantation La Paix Maintenant a publié en mai un rapport, qui indique que 70 % des constructions réalisées l’année dernière en Cisjordanie ont eu lieu en-dehors de ces blocs. Le rapport se base cependant sur la définition des blocs de l’initiative de Genève de 2003, qui est rejetée par l’actuel gouvernement.
La semaine dernière, Israël a commencé la construction de la toute première implantation depuis 1993. La nouvelle implantation, Amichai, est destinée aux habitants expulsés de l’avant-poste illégal d’Amona, évacué en février car construit sur des terrains palestiniens privés. Amichai est située près des implantations de Shiloh et Eli, au nord de Ramallah.
Amidror, qui est à présent chercheur associé au Centre Begin – Sadat pour les études stratégiques, présentait les conclusions de sa dernière étude, intitulée « Les options inélégantes d’Israël en Judée et Samarie : retrait, annexion, et gestion du conflit. »
Les participants de la conférence étaient notamment Zeev Elkin, ministre de l’Environnement et des Affaires de Jérusalem du Likud, Yossi Beilin, ancien ministre et militant historique de la paix, architecte du processus de paix d’Oslo, et le professeur Ruth Gavison, experte en droit israélien et lauréate du prix Israël. Tous ont reconnu que la démographie était le plus grand défi qui attendait Israël.
Amidror a dit qu’il attendait encore d’entendre une solution légitime de ceux qui, dans la droite israélienne, veulent annexer la Cisjordanie, sur comment l’Etat juif pourrait absorber toute la population palestinienne, de plusieurs millions de personnes, en restant un état à la fois juif et démocratique.
« Je n’ai jamais entendu aucun argument logique de la droite sur la question démographique », a-t-il dit. Les autres participants ont été d’accord.
Elkin a affirmé qu’étant donné les troubles actuels au Moyen Orient, qui font qu’il ne sait pas quels seront les « noms des états qui seront aux frontières d’Israël » dans un an, trouver une solution au problème démographique devra attendre.
Il a également dit qu’il était certain que Mahmoud Abbas, qu’il a accusé de « tuer » la politique palestinienne, serait le dernier président de l’Autorité palestinienne (AP). Quant à savoir qui gouvernera les Palestiniens si l’AP disparait, il a indiqué qu’ils pourraient vivre dans de « petits îlots de souveraineté. »
Beilin a argumenté avec passion pour la mise en place des frontières d’Israël dès que possible. Il a indiqué que préserver la nature juive et démocratique d’Israël était la principale raison pour laquelle il voulait mettre fin à 50 ans de présence militaire israélienne en Cisjordanie. L’argument moral, selon lequel l’occupation nuit aux Palestiniens comme à Israël, n’est que secondaire à ses yeux, a-t-il dit.
« Ce qui est important pour moi, c’est de laisser à mes enfants et à mes petits-enfants un état juif et démocratique. J’ai besoin d’une frontière », a-t-il dit, sous les applaudissements d’une partie du public.
Critiquant Elkin, Beilin a affirmé que ceux qui disent que les conditions ne sont pas réunies pour une solution hésitent intentionnellement afin de perpétuer le statu quo.
Beilin a également dit qu’il était temps de « penser sérieusement à une confédération israélo-palestinienne. » Il a expliqué qu’une confédération pourrait résoudre la menace démographique en permettant aux citoyens israéliens de vivre parmi les Palestiniens, ainsi que plusieurs autres problèmes, dont la démilitarisation d’un état palestinien, et des questions d’environnement et d’infrastructures.
Gavison, qui a indiqué qu’elle se considérait comme centriste, a dit que le paysage politique israélien divisé pourrait s’unifier autour de l’objectif d’assurer une « majorité juive forte et stable. »
Les implantations sont depuis longtemps l’un des sujets les plus épineux du conflit israélo-palestinien. Les Palestiniens et une grande partie de la communauté internationale affirment que leur extension menace la continuité territoriale d’un futur état palestinien.
Les Palestiniens et une grande partie de la communauté internationale considèrent que les implantations de Cisjordanie sont illégales.
L’équipe du Times of Israël a contribué à cet article.