Borat 2 : La folie et l’antisémitisme du premier, multipliés par le facteur 2020
Dans la suite attendue mettant en vedette Sacha Baron Cohen, le 23 octobre sur Amazon, le comédien expose l'antisémitisme et des conservateurs effrayants - et Rudy Giuliani
- Une photo de Sacha Baron Cohen dans "Borat Subsequent Moviefilm : Delivery of Prodigious Bribe to American Regime for Make Benefit Once Glorious Nation of Kazakhstan". (Autorisation de Amazon)
- Sacha Baron Cohen dans la bande-annonce de la suite de Borat. La bande-annonce est sortie sur Amazon le 1er octobre 2020. (Capture d'écran/YouTube)
- Une photo de Sacha Baron Cohen et de l'actrice Maria Bakalova, qui joue sa fille, dans "Borat Subsequent Moviefilm : Delivery of Prodigious Bribe to American Regime for Make Benefit Once Glorious Nation of Kazakhstan". (Autorisation Amazon)
- Sacha Baron Cohen dans le rôle de Borat dans l'émission de Jimmy Kimmel, le 19 octobre 2020. (Capture d'écran)
- Une photo de Sacha Baron Cohen déguisé en président des États-Unis Donald Trump, interrompant le discours du vice-président Mike Pence à la Conservative Political Action Conference, tirée de "Borat Subsequent Moviefilm : Delivery of Prodigious Bribe to American Regime for Make Benefit Once Glorious Nation of Kazakhstan". (Autorisation Amazon)
NEW YORK – Cela fait 14 longues années que nous attendons une suite à « Borat », alors venons-en directement au fait : Non, je suis désolé de le dire, elle n’est pas aussi bonne que l’original.
Mais comment est-ce possible ? Le « Borat » (« Borat : Cultural Learnings of America for Make Benefit Glorious Nation of Kazakhstan »), en grande partie non scénarisé, est sorti de nulle part fin 2006, a connu un succès foudroyant, a effectivement inventé la « cringe comedy » [comédie grinçante] moderne et a déclenché une vague de slogans idiots qui ne se sont jamais démodés. Il y avait aussi « la scène » – dans laquelle un Sacha Baron Cohen complètement nu et son copain dodu et hirsute se battent à poil à travers une salle de bal d’hôtel bondée. Ceux d’entre nous qui ont eu la chance de voir cette scène dans une salle bondée ont eu droit à un moment de pandémonium dont la plupart des acheteurs de billets ne peuvent que rêver.
Mais la bonne nouvelle est que « Borat 2 » (« Borat Subsequent Moviefilm : Delivery of Prodigious Bribe to American Regime for Make Benefit Once Glorious Nation of Kazakhstan »), qui sort sur Amazon Prime Video le 23 octobre, fait toujours bonne figure, et est très, très bon. Comme cela ne peut pas nous choquer par la nouveauté, il est plus pointu dans sa volonté de dénoncer le racisme et le sexisme. La quête du premier film pour retrouver Pamela Anderson (vous vous souvenez de tout ça ?) est échangée ici avec Borat Sagdiyev qui tente d’offrir en « cadeau » sa fille de 15 ans, jouée par une brillante jeune actrice nommée Maria Bakalova qui est tout aussi intrépide que Baron Cohen. La première tentative vise à l’offrir au « Vice chasseur de minou » Mike Pence, puis au meilleur ami de « Ronald McDonald Trump », Rudy Giuliani.
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Si Borat s’est déguisé en Trump et a interrompu le discours de Pence à la Conservative Political Action Conference, faisant parler de lui en février (bien que personne à l’époque ne savait qu’il s’agissait de Sacha Baron Cohen), c’est la scène Giuliani qui est la plus choquante. Ce qui a une signification dans un film de « Borat ».
Bien que Baron Cohen soit un peu escroc et qu’il ne s’interdit pas d’utiliser le montage pour, disons, améliorer l’une de ses situations « Je t’ai eu », l’ancien maire de New York et avocat personnel du président américain Donald Trump devient certainement très « tactile » avec la charmante jeune femme jouant le rôle de la fille de Borat, qui déborde d’affection lorsqu’elle l’interroge. On ne sait pas exactement combien de caméras sont planquées dans la suite de l’hôtel et ce qui a vraiment été « filmé », mais une chose est sûre : les gens vont revoir cette séquence image par image et se poser beaucoup de questions.
Au-delà de l’hilarité de voir des hommes puissants se ridiculiser, l’histoire de ce film, comme il y en a une, est que Borat, 14 ans après la sortie du premier opus, est renvoyé par le Premier ministre du Kazakhstan aux « US et A » pour essayer de restaurer la réputation de la nation honteuse. C’est une excuse, bien sûr, pour répéter la formule du premier film, avec Baron Cohen et ses croyances arrogantes et arriérées qui se traduisent par des « high fives » [tape dans la main] troublants de la part d’un large éventail de racistes et de lunatiques américains.

Il y a la boulangère qui inscrit « les Juifs ne nous remplaceront pas » en glaçage sur un gâteau ; il y a le vendeur de propane qui se moque du nombre de Tsiganes qui pourraient être brûlés à mort avec l’une de ses bouteilles ; il y a le père dégoûtant qui, lors d’un bal des débutantes, évalue Maria Bakalova à 500 dollars, sans compter la réaction horrifiée de sa propre fille.
En 2006, ignorant les méthodes de Baron Cohen, j’ai regardé le soi-disant journaliste présenter les troubles de son pays natal avec une vision tout à fait inattendue qui m’a presque fait tomber de ma chaise : « Bien que le Kazakhstan soit un pays glorieux, il a aussi un problème : économique, social et juif. »
Bien que certains aient croisé les bras en disant « Je ne trouve pas ça drôle », la plupart des gens ont reconnu que Baron Cohen utilisait ses dons de comique (et ses nerfs d’acier incrustés de diamants) pour dénoncer l’absurdité de l’antisémitisme, du sexisme, de l’homophobie et de toute autre forme d’intolérance que vous pourriez recenser.

Naturellement, les salauds de non-acteurs que Baron Cohen a dupés en disant des choses répugnantes devant la caméra l’ont vu différemment (et de nombreux procès ont suivi), tout comme de nombreux Kazakhs. Ce deuxième groupe avait peut-être raison. La plupart des Américains ne savent rien du Kazakhstan, mais si jamais ils rencontraient quelqu’un de cette nation d’Asie centrale, leur instinct les pousserait peut-être à crier « Grand succès » ou une autre phrase stupide de Borat.
Il y a en effet des situations où la plaisanterie est clairement dirigée contre Borat, mais il y a des dommages collatéraux pour le plus grand bien. Dans l’original, pensez au trio de féministes d’un certain âge qui doivent écouter les blagues grossières de Borat avant de finalement le congédier. Dans la suite, cela se produit lorsque Borat décide de « mettre fin à sa vie », donc, comme il le dit, il se dirige vers la synagogue la plus proche pour attendre la prochaine fusillade de masse.

Si Borat veut mettre fin à son destin, c’est en partie parce qu’il a vu certaines de ses vérités être fondamentales détruites. Parmi celles-ci : dans le film satirique, la Shoah, l’un des moments dont le Kazakhstan « est le plus fier », est présentée par un post Facebook comme n’ayant pas existé. Ce point concorde avec le véritable Sacha Baron Cohen, qui travaille avec l’ADL, [Anti-Defamation League] pour mettre fin au déni de la Shoah sur les plateformes de réseaux sociaux.

Quoi qu’il en soit, Borat se rend ensuite dans une synagogue, déguisé en « Juif » de façon grotesque et ultra-caricaturale, et y rencontre deux charmantes femmes juives âgées. Elles sont chaleureuses et attentionnées, et lorsque Judith Dim Evans explique qu’elle a vu les camps de concentration de ses propres yeux, Borat est « soulagé ».
Dans ce qui a été rapporté comme une première pour Sacha Baron Cohen, il a apparemment fait tomber le masque lorsque les caméras ont cessé de tourner pour expliquer à Dim Evans que son intention plus large était de combattre l’antisémitisme. Le film lui est même dédié (elle est morte cette année) – mais, fait inattendu, des membres de sa famille ont décidé de porter plainte contre la production.

Dans une longue interview de Maureen Dowd au New York Times, Baron Cohen a expliqué la différence entre les deux films : « En 2005, il fallait un personnage comme Borat, misogyne, raciste, antisémite, pour amener les gens à révéler leurs préjugés intérieurs », a-t-il déclaré. « Maintenant, ces préjugés intérieurs sont manifestes. »
Cela est particulièrement évident dans le film lorsque Borat dort chez des fous de la théorie du complot adeptes du mouvement QAnon qui pensent qu’Hillary Clinton boit le sang des enfants et que l’ancien candidat à la présidence a créé le coronavirus. Le monde s’est ainsi en quelque sorte « boratisé », le tout ayant en plus été multiplié par le facteur 2020 et son épidémie.
D’une certaine manière, les films « Borat » sont très tristes. Ces gens filmés en caméra cachée sont parmi nous, et ils ne semblent pas avoir honte de ce qu’ils disent ou font. Mais il y a un espoir que cette suite soit aussi populaire que le premier opus, dénonçant ainsi les travers de la société. Le film sera disponible en streaming pour tous ceux qui ont un compte Amazon Prime – ce qui est une bonne chose, car Amazon a assez d’argent pour faire face aux procès qui pourraient suivre la sortie.
Si suffisamment de gens regardent le film et rigolent, cela permettra au message de Borat de passer, et ceux qui croient aux même théories se remettront peut-être en question. Peut-être que des gens, qui seraient autrement restés ignorants, réaliseront que le racisme et le sexisme sont barbares. Peut-être que Sacha Baron Cohen, qui court partout dans des costumes ridicules et chante « découpez-les comme les Saoudiens », n’est pas un simple personnage grotesque qui devrait être saluée par les critiques de cinéma, mais par les chefs d’État.
Peut-être Borat fera-t-il profiter cette glorieuse nation, après tout.
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