Cukierman : Le gouvernement fait tout son possible pour protéger les Juifs
Dans la guerre de la France contre le terrorisme, la communauté travaille en étroite collaboration avec les autorités afin de protéger ses institutions
Amanda Borschel-Dan édite la rubrique « Le Monde Juif »
Avec quelque 10 000 policiers et soldats gardant les bâtiments de la communauté juive de France depuis l’attaque terroriste meurtrière menée contre le supermarché casher Hyper Cacher de Paris en janvier dernier, le chef d’une importante organisation juive affirme que le gouvernement protège la communauté juive aussi bien que possible.
Parlant mardi avec le Times of Israel, dans le sillage des attaques meurtrières dans le centre de Paris, le président du CRIF (Conseil représentatif des institutions juives de France) Roger Cukierman a déclaré que la communauté juive « ne peut pas demander plus que ce que le gouvernement fait déjà ».
Cukierman, qui, avec d’autres dirigeants juifs français est accompagné par des gardes du corps et se déplace dans un véhicule blindé, affirme que la communauté juive a été en état d’alerte depuis janvier dernier.
Selon Cukierman, « tout le monde sait que la France a été pendant des années la cible d’attaques terroristes. »
Il a dit que les médias français ont rapporté pendant des mois les nombreuses déclarations de ministre de l’Intérieur Bernard Cazeneuve et du Premier ministre Manuel Valls faisant allusion à l’éventualité réelle d’une attaque organisée sur plusieurs fronts.
‘Tout le monde sait que depuis des années la France a été la cible d’attaques terroristes’
Fondé en 1944, le CRIF est l’organisation représentative des organisations juives françaises, et est membre du Congrès juif mondial.
Il entretient traditionnellement des relations avec les autorités françaises, en particulier dans la lutte contre l’antisémitisme dans le pays.
Cukierman a précisé que la communauté n’a pas reçu d’avertissement spécifique avant les attaques de vendredi, soulignant que les dirigeants juifs ne reçoivent pas de briefings réguliers de sécurité des organismes gouvernementaux.
Le CRIF et l’aile de sécurité de la communauté juive, le Service de Protection de la Communauté Juive (SPCJ), collaborent étroitement avec les responsables français de la sécurité dans les cas où les services de renseignement ont vent de menaces perçues comme spécifiques à la communauté juive.
Cependant, avec la visite du président iranien Hassan Rouhani qui était prévue cette semaine, la communauté juive était déjà tendue ce week-end, avec des personnes se mettant en garde mutuellement sur les médias sociaux pour être à l’affût.
‘Les services de renseignement nous [à la communauté juive] disaient qu’il y aura des attaques. Mais encore une fois, nous ne savons pas où ni quand’
Résidant maintenant à Netanya, le commissaire de police à la retraite de la région parisienne Sammy Ghozlan a confié dimanche au Times of Israel que « les services de renseignement nous [à la communauté juive] disaient qu’il y aura des attaques. Mais encore une fois, nous ne savons pas où ni quand ».
Ghozlan, dont la voiture personnelle a été incendiée devant sa maison en 2011, a fondé il y a 15 ans un organisme de liaison entre la police française et la communauté juive, appelé le Bureau national de vigilance contre l’antisémitisme (BNVCA).
Le BNVCA a été créé pour alerter les autorités françaises et les communautés juives d’attaques et de menaces contre les Juifs. Sa compétence comprend l’envoi d’informations sur les attaques antisémites aux journalistes, à la police, et à sa grande liste de diffusion.
Le service de renseignement d’Israël, le Mossad, travaille également à garantir la sécurité des Juifs français. La protection des Juifs dans le monde fait partie de son mandat et bien qu’il ne s’engage pas dans le périmètre de la sécurité sur un sol étranger, il recueille des renseignements et les transmet aux autorités compétentes.
C’est peut-être la réputation et la mystique de l’agence de renseignement israélienne qui alimente les théories du complot virales son implication dans quoi que ce soit depuis les attaques du 11 septembre au World Trade Center, jusqu’aux rumeurs relayées par le quotidien officiel de l’Autorité palestinienne Al-Hayat Al-Jadida, lequel a accusé le Mossad des attaques terroristes de vendredi à Paris.
« La chose sage et correcte à faire est de regarder à qui profite le crime », dit l’article. « En résumé : ils doivent chercher le dernier endroit qui a été atteint par les bras de la pieuvre du Mossad… Il est clair que son ‘Mossad’ brûlera Beirut et Paris dans le but d’atteindre les buts [du Premier ministre] Benjamin Netanyahu. Celui, qui a défié le maître de la Maison Blanche, cache dans son âme assez de mal pour brûler le monde ».
Bien qu’il n’y ait aucune indication que le Mossad ait été informé des récentes attaques, il existe divers rapports de presse que d’autres agences internationales l’étaient.
Le directeur de la CIA John Brennan est cité dans Politico après la tenue cette semaine d’un forum d’un centre d’études stratégiques et internationales, disant : « Cette attaque n’a pas été une surprise, dans la mesure où nous avions une alerte stratégique. »
En outre, l’Associated Press a rapporté que la semaine dernière le gouvernement irakien avait mis en garde la France disant que le chef de file de l’Etat islamique, Abou Bakr Al-Baghdadi, avait commandité une attaque dans les jours à venir contre les pays de la coalition qui se battent contre eux en Irak et en Syrie.
Selon l’information de l’AP, le message ne contenait pas de détails spécifiques sur quand et où l’attaque aurait lieu, et un responsable français de la sécurité a déclaré à l’AP que les services de renseignement français reçoivent ce genre de communication « tout le temps » et « tous les jours.' »
Dans un article publié par Bloomberg cette semaine, Louis Caprioli, l’ex-chef de la DST, l’ancienne unité anti-terrorisme de la France, s’est dit préoccupé par le manque d’informations de renseignement concernant les objectifs spécifiques.
« Avec Charlie Hebdo et le supermarché casher, ils avaient des objectifs spécifiques … Ici c’est toute la France qui est attaquée. Je crains que le pire soit encore à venir », a confié Caprioli, actuellement consultant en sécurité pour le Groupe GEOS basé à Paris.
Dans la conversation de mardi, Cukierman semblait préoccupé par ce manque d’informations.
Rejetant les rumeurs selon lesquelles la communauté juive avait été alertée avant l’attaque de vendredi, il a dit que « le gouvernement n’est malheureusement pas suffisamment informé sur ces questions [pour pouvoir mettre en garde la communauté juive]. S’il l’avait été, il aurait empêché les attaques. »
« Il est absurde de croire qu’une quelconque information spécifique avait été transmise ce week-end » à la communauté juive. Il a souligné que ce genre de rumeurs « nuit à tout le monde et donne du crédit aux théories du complot qui sont absolument contraires à la vérité. »