Dans une apparition controversée à la conférence Haaretz, Rivlin défend Tsahal
Les critiques s’emportent sur le président pour avoir assisté à l’évènement, et sur les organisateurs pour avoir accepté la demande de Saeb Erekat de l’OLP d’enlever les drapeaux israéliens du podium pendant son discours
Pendant une apparence controversée à la conférence de gauche à New York, le président Reuven Rivlin a appelé dimanche les Israéliens à « trouver de nouveaux moyens diplomatiques » pour garder le pays « fort et sûr ».
S’exprimant à la conférence organisée par le quotidien Haaretz et par le New Israel Fund, le président a aussi loué les services de sécurité et militaires d’Israël.
Sa venue à l’évènement a incité aux critiques certains milieux de droite en Israël. Et les organisateurs de la conférence ont aussi été critiqués pour avoir enlevé le drapeau israélien de la scène à la demande d’un autre orateur, le fonctionnaire de l’OLP et ancien négociateur en chef pour la paix palestinien, Saeb Erekat.
« De temps en temps, ce qui est évident doit être dit. Particulièrement en cette période de dangereux terrorisme. L’armée israélienne fait tout ce qui est en son pouvoir pour maintenir les plus hauts standards possibles », a déclaré Rivlin, dans un discours apparemment écrit pour contrer l’organisation de gauche Breaking the silence, qui participait aussi à la conférence.
« Aucune autre armée dans le monde n’est aussi morale que l’armée israélienne » face aux menaces terroristes persistantes. Pour cela, nous sommes très fiers, très fiers d’eux. Et vraiment nous leur devons tout notre soutien et notre appréciation ».
« L’Etat d’Israël a le devoir de défendre son peuple, et c’est ce que l’armée et tous nos services de sécurité font », a continué Rivlin.
Il a ajouté que « promettre qu’Israël reste fort et sûr n’est pas seulement une mission militaire. Nous devons trouver de nouvelles voies diplomatiques, parce que trouver de nouvelles voies diplomatiques est aussi important pour notre sécurité. Et pour ça, nous devons penser autrement ».
Egalement présente à la conférence, l’ambassadeur des Etats-Unis à l’ONU Samantha Power a critiqué les constructions d’implantations israéliennes en Cisjordanie.
Les deux parties sont responsables de l’impasse des négociations de paix, a-t-elle déclaré au public dimanche.
« Nous savons qu’arriver à la paix n’est pas facile – cela nécessite de faire des choix pour les deux parties. Nous n’avons pas vu un engagement suffisant de chacune des parties à créer les conditions de la paix. »
Les Etats-Unis n’abandonneront pas Israël, y compris dans les réunions internationales comme l’ONU, où « Israël n’a pas toujours été traité équitablement », a promis Power. Elle s’en est prise à « l’absurdité » qu’Israël soit le seul État à être un sujet permanent de l’agenda du conseil des droits de l’Homme, « et pas la Syrie, qui gaze ses citoyens ».
Mais, a-t-elle ajouté, « la croissance continue des implantations soulève des questions sur les objectifs à long terme d’Israël ».
Power a appelé Israël à répondre aux dures questions posées par ses soutiens et à offrir une politique concrète pour résoudre le conflit avec les palestiniens et établir un Etat palestinien.
La venue de Rivlin à la conférence a soulevé des critiques parmi le public de droite qui a longtemps soutenu l’ancien député du Likud et président de la Knesset. En particulier, les critiques pensent que le président du pays n’aurait pas du participer à une conférence comprenant l’organisation Breaking the silence, une association qui accuse l’armée israélienne de crimes de guerre en publiant des témoignages majoritairement anonymes.
Des douzaines de réservistes de l’armée israélienne s’étaient rassemblés devant la résidence de Rivlin samedi pour manifester contre sa participation à la conférence.
Rivlin a répondu aux critiques sur Facebook, disant qu’il n’assisterait jamais à un évènement officiel de Breaking the silence, ou ne s’assoirait avec ses représentants, mais précisant qu’il ne croit pas que la participation de l’organisation à l’une des conférences ne soit une raison pour éviter tout l’évènement.
Sa défense de l’armée israélienne dans son discours a pu être une réponse aux critiques israéliennes.
Les organisateurs de Haaretz se sont aussi attirés les critiques en acceptant d’enlever un drapeau israélien de la scène pendant le discours de l’ancien négociateur palestinien Erekat, critique amer d’Israël.
Un article d’une pleine page dans le quotidien hébraïque de droite Israel Hayom a cité des ministres, y compris le ministre de l’Intégration Zeev Elkin, critiquant la demande de retrait du drapeau, ainsi que l’acquiescement de Haaretz.
Dans le quotidien le plus vendu, Yedioth Aharonoth, l’éditorialiste Ben-Dror Yemini a écrit que le retrait du drapeau national « marque le franchissement de la ligne rouge. C’était une reddition d’Haaretz, peut-être volontaire, à ceux qui nient le fait de l’existence de l’Etat juif ».
Yemini a aussi fustigé Rivlin pour sa participation, écrivant que le président « trouve apparemment difficile de distinguer la critique légitime de la politique du gouvernement et [les activités de] certaines stars de la conférence, qui mènent une campagne de terreur propagandiste contre l’Etat et rejette son existence même. Quand Rivlin participe à la conférence où le drapeau de l’Etat est enlevé sur demande d’Erekat, et où l’on peut rencontrer [le musicien Roger] Waters du BDS (mouvement Boycott, Désinvestissement, Sanction), il y a un problème.
Le dirigeant de Haaretz Amos Schocken a balayé les critiques, écrivant dans un tweet que « le bureau de Rivlin a demandé à avoir le drapeau quand il parle, les conseillers d’Erekat ont demandé à ce qu’il n’y ait pas de drapeau israélien derrière lui quand il parle. Raisonnable. »
Rivlin's office asked to have the flag when he speaks, Erekat's advisers asked for no Israeli flag behind him when he speaks. Reasonable.
— Amos Schocken???????? (@AmosSchocken1) December 13, 2015
Un visionnage rapide des discours de la conférence montre que le drapeau n’a pas été placé sur la scène juste pour Rivlin. Il était là quand les dirigeants du New Israel Fund Daniel Sokatch et Talia Sasson se sont exprimés, ainsi que la députée de l’Union sioniste Tzipi Livni, la rédactrice en chef de l’édition anglophone de Haaretz Charlotte Halle, et même Schocken lui-même.