Israël en guerre - Jour 374

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Opinion

De dangereux incompétents au gouvernement compromettent la guerre contre le Hamas

La libération du directeur de Shifa est, bien sûr, la faute de tout le monde sauf celle du ministre en charge des prisons * Corbyn est-il fini ? * À quel point l'Iran est-il proche de la bombe ?

David est le fondateur et le rédacteur en chef du Times of Israel. Il était auparavant rédacteur en chef du Jerusalem Post et du Jerusalem Report. Il est l’auteur de « Un peu trop près de Dieu : les frissons et la panique d’une vie en Israël » (2000) et « Nature morte avec les poseurs de bombes : Israël à l’ère du terrorisme » (2004).

Mohammad Abu Salmiya (à gauche), directeur de l'hôpital Shifa de Gaza, s'exprimant après sa libération par Israël, le 1er juillet 2024 ; le ministre de la Sécurité nationale Itamar Ben Gvir (à droite) lors d'une audience au tribunal de Jérusalem, le 2 juillet 2024. (Crédit : Capture d'écran vidéo ; Chaïm Goldberg/Flash90)
Mohammad Abu Salmiya (à gauche), directeur de l'hôpital Shifa de Gaza, s'exprimant après sa libération par Israël, le 1er juillet 2024 ; le ministre de la Sécurité nationale Itamar Ben Gvir (à droite) lors d'une audience au tribunal de Jérusalem, le 2 juillet 2024. (Crédit : Capture d'écran vidéo ; Chaïm Goldberg/Flash90)

Lorsque l’on nomme de dangereux incompétents à des postes ministériels capitaux, il ne faut pas s’étonner que le résultat soit synonyme de dangereuse incompétence.

Ainsi, lundi, Mohammad Abu Salmya, directeur de l’hôpital Shifa de Gaza City, arrêté en novembre pour complicité présumée avec le Hamas, a été libéré de la prison de Nafha, située dans le Néguev, et renvoyé chez lui à Gaza. Sous la garde d’Abu Salmya, Shifa était devenu un centre de commandement majeur du groupe terroriste palestinien, où l’armée israélienne a tué des centaines de terroristes armés et localisé un important réseau de tunnels, où des otages étaient détenus et où, selon Tsahal, au moins une otage, Noa Marciano, a été tuée.

On n’ose imaginer les dénonciations et les menaces qui auraient fusé de l’extrême droite contre tout autre gouvernement ayant conduit à la débâcle du retour d’Abu Salmya. Mais l’extrême droite, bien sûr, est un élément central et dominant de la coalition du Premier ministre Benjamin Netanyahu, et Itamar Ben Gvir, nommé par ce dernier, est ministre de la Sécurité nationale, responsable de l’Administration pénitentiaire israélienne (IPS), elle-même responsable de l’incarcération d’Abu Salmiya et du fiasco de sa remise en liberté.

Ben Gvir, un caïd maintes fois arrêté, que Netanyahu a outrageusement placé à la tête des forces de l’ordre, et qu’il tente désormais de malmener, est dans l’incapacité totale de remplir ses obligations ministérielles et, à l’évidence, de reconnaître ses échecs.

Le chef du parti Otzma Yehudit et ministre de la Sécurité nationale Itamar Ben Gvir dirigeant une réunion de faction du parti Otzma Yehudit, à la Knesset, le 10 juin 2024. (Crédit : Chaïm Goldberg/Flash90)

Ainsi, il a imputé la libération d’un complice présumé de monstrueux terroristes à l’agence de sécurité intérieure du Shin Bet, qui a, dans les faits, depuis longtemps averti qu’il n’y avait pas assez de cellules pour détenir le grand nombre de suspects des groupes terroristes du Hamas et du Jihad islamique palestinien placés en garde à vue au cours de la guerre de Gaza.

Pour sa part, Netanyahu, également incapable d’assumer la responsabilité de tout échec – à commencer par le pogrom du 7 octobre – s’efforce de rejeter la faute sur la Haute Cour, qui a exprimé son inquiétude quant aux conditions dans lesquelles les terroristes présumés de Gaza ont été incarcérés par Tsahal dans un autre centre, Sde Teiman.

Le tableau d’ensemble est en réalité encore plus ignominieux. Abu Salmya n’était que l’un des quelque 55 suspects affiliés au terrorisme de Gaza qui ont été allègrement reconduits de la prison vers les bras du Hamas en raison d’un manque de place. L’IPS les a jugés moins dangereux que d’autres détenus, notamment ceux de Cisjordanie, qui, selon ses calculs, reprendraient sans attendre leurs activités terroristes.

Pire encore, le Shin Bet a clairement indiqué qu’il s’est souvent abstenu d’arrêter des personnes soupçonnées de terrorisme à Gaza parce que, malgré la valeur significative des éléments qu’elles peuvent fournir lors des interrogatoires, il sait qu’il n’y a pas d’installations disponibles pour les détenir.

Le directeur de l’hôpital Shifa, Mohammed Abu Salmya, faisant une déclaration après sa sortie de prison israélienne aux côtés d’autres ex-détenus, à l’hôpital Nasser de Khan Younès, dans le sud de la bande de Gaza, le 1er juillet 2024. (Crédit : Bashar Taleb/AFP)

Ainsi, sous la direction d’un ministre d’extrême-droite qui n’a rien à faire au sein du gouvernement, Israël subvertit son propre effort de guerre.

Malheureusement, nous devrions également nous préparer aux conséquences désastreuses d’une incompétence similaire de la part du deuxième pyromane d’extrême-droite au cœur du gouvernement israélien, dans le ministère capital qu’il préside avec une arrogante ineptie à haut risque.

Le ministre des Finances – et ministre délégué au ministère de la Défense – Bezalel Smotrich travaille déjà d’arrache-pied à la destruction financière de l’Autorité palestinienne (AP), qui constitue une entité hautement problématique avec laquelle Israël coordonne néanmoins ses efforts en matière de sécurité en Cisjordanie et à laquelle Netanyahu pourrait encore devoir accorder un rôle indirect dans la bande de Gaza. À l’instar de Ben Gvir, Smotrich fait l’apologie des résidents d’implantations juifs extrémistes de Cisjordanie et défend des politiques d’expansion de la présence juive en Cisjordanie et à Gaza qui auraient pour effet de faire disparaître la majorité juive d’Israël et mettraient à rude épreuve l’armée permanente, les réservistes et les ressources de l’État israélien, au-delà du point de rupture.

L’économie israélienne ayant été mise à mal par la guerre, les investissements étrangers étant menacés et les Israéliens se méfiant de leur propre avenir financier, il suffirait d’une déclaration outrancière, sans parler d’une intervention du ministre des Finances, pour déclencher une sorte de ruée interne sur l’économie du pays.

Le Premier ministre Benjamin Netanyahu (à droite) et le ministre des Finances Bezalel Smotrich assistant à un vote sur le budget de l’État, à la Knesset, à Jérusalem, le 13 mars 2024. (Crédit : Yonatan Sindel/Flash90)

Et Smotrich ne manque pas d’imagination.

Le Labour post-Corbyn en route vers la victoire au Royaume-Uni, mais l’ancien leader pourrait ne pas avoir encore dit son dernier mot

Quatre ans après avoir évincé son leader violemment anti-Israël, Jeremy Corbyn, le Parti travailliste britannique est en passe de remporter une victoire écrasante jeudi lors des élections générales – qui devraient mettre fin à quatorze années de règne du parti conservateur par une majorité sans précédent depuis des décennies.

L’effondrement du soutien aux Conservateurs est franchement stupéfiant, en raison notamment de la prise de conscience tardive que la sortie de l’Union européenne (UE), il y a près de cinq ans, a été un acte autodestructeur désastreux. Ensuite, il y a eu l’horreur accumulée face à la malhonnêteté de l’ancien Premier ministre Boris Johnson, qui a finalement été contraint de démissionner à la suite d’une série de scandales, notamment d’allégations selon lesquelles il aurait trompé le Parlement au sujet de fêtes organisées dans son bureau durant le COVID et sa tolérance à l’égard d’une inconduite sexuelle présumée d’un membre influent du parti. Le tout couronné par les dégâts spectaculaires infligés à l’économie au cours des 50 jours de pouvoir de son successeur Liz Truss – qui aura effectué le mandat de Premier ministre le plus court de l’Histoire britannique.

L’ancien leader du Labour Jeremy Corbyn, au milieu des manifestants, des pancartes et des drapeaux, pendant la « Marche nationale pour la Palestine », dans le centre de Londres, le 11 novembre 2023. (Crédit : Henry Nicholls/AFP)

Le successeur de Truss, Rishi Sunak – un Premier ministre formé à l’Université d’Oxford – n’a pas réussi à rétablir la confiance dans la gouvernance du parti conservateur. Quant au leader travailliste Keir Starmer (lui-même étudiant de troisième cycle à Oxford), il a manifestement réussi à persuader l’électorat que son parti de centre-gauche est le plus juste et le plus digne de confiance, à l’instar de Tony Blair lorsqu’il avait ramené le Labour au pouvoir en 1997, après 18 ans de règne des Conservateurs.

Il est impossible de savoir si le Labour aurait remporté ces élections si Corbyn en était encore à la tête, bien qu’il soit très improbable qu’il se soit aussi bien débrouillé sous la direction d’un leader d’extrême gauche sous lequel il avait perdu les élections de 2019 avec le score le plus bas depuis plus de 80 ans – et dont le patriotisme avait été largement remis en question.

Mais Corbyn n’a peut-être pas encore dit son dernier mot. Suspendu du Labour par Starmer, en substance pour avoir refusé de reconnaître à quel point l’antisémitisme avait prospéré dans le parti sous sa direction, il se présente en tant qu’indépendant dans sa circonscription du nord de Londres et est considéré comme ayant une petite chance de battre le candidat travailliste.

Au-delà de Corbyn, le Labour s’apprête à remporter une victoire si large – plus que le double des 205 sièges qu’il détient actuellement à la Chambre des communes, qui en compte 650 – avec tant de candidats susceptibles de remporter des sièges qui auraient normalement été considérés comme ingagnables, qu’il y aura certainement de nombreux nouveaux députés dont l’idéologie est plus proche de celle de Corbyn que de celle de Starmer, y compris en ce qui concerne Israël.

Le chef du parti britannique du Labour Keir Starmer, avec son épouse Victoria lors de la conférence de la formation Travailliste, à Liverpool, en Angleterre, le 10 octobre 2023. (Crédit : Jon Super/AP)

À  LIRE : Corbyn est un antisémite. Le Labour doit le mettre à la porte

Au grand soulagement d’une communauté juive devenue plus active dans son combat contre Corbyn, Starmer a largement soutenu Israël depuis le 7 octobre – de manière provocante et inacceptable pour « les Corbynites » récalcitrants du Labour. Son épouse est juive et ils ont de la famille en Israël. Comme le souligne Robert Philpot, du Times of Israel, dans cette analyse de la veille des élections, ces proches n’ont pas été, « Dieu merci », selon les termes de Starmer, directement touchés par le pogrom perpétré par le groupe terroriste palestinien du Hamas le 7 octobre.

Il est de notoriété publique que pour Corbyn, le Hamas et le groupe terroriste chiite libanais du Hezbollah étaient des « amis » qui méritaient d’être invités à s’adresser aux députés britanniques en 2009. Il a par la suite affirmé regretter d’avoir utilisé ce terme, mais tout en continuant à les fréquenter.

Dans quelle mesure l’Iran est-il proche de la bombe ?

Une étudiante observant des centrifugeuses construites en Iran lors d’une exposition sur les réalisations nucléaires du pays, à Téhéran, le 8 février 2023. (Crédit : Vahid Salemi/AP)

Le monde ignore désormais dans quelle mesure l’Iran est en passe de se doter de l’arme nucléaire.

Il sait que le régime possède les missiles nécessaires pour lancer une bombe, dont la portée permet d’atteindre Israël et bien au-delà.

Il sait que l’Iran enrichit des quantités croissantes d’uranium à des niveaux proches de ceux de l’armement, qu’il possède actuellement suffisamment d’uranium enrichi à 60 % pour fabriquer potentiellement trois ogives nucléaires et qu’il a installé des centrifugeuses de plus en plus perfectionnées dans son installation souterraine de Fordo pour permettre un enrichissement encore plus rapide. Mais ces informations sont partielles et ne sont pas entièrement fiables, car l’Iran a réduit sa coopération avec l’Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA) et ses inspecteurs.

Le monde ne connaît toutefois pas avec certitude le degré d’avancement des efforts d’armement de l’Iran, à savoir sa capacité à fabriquer une bombe atomique et à la faire exploser. Le consensus reconnaît que le régime soit à quelques mois voire à plus d’un an d’atteindre cette capacité Mais il est également admis qu’une partie de ce processus peut être avancée dans des conditions de laboratoire presque impossibles à détecter.

Le secrétaire américain à la Défense Lloyd Austin (à droite) écoutant le ministre de la Défense Yoav Gallant, à gauche, lors de leur rencontre, au Pentagone, à Washington, le 25 juin 2024. (Crédit : Susan Walsh/AP)

Selon un article paru la semaine dernière dans le New York Times, les dirigeants iraniens sont en plein « débat stratégique » sur la question de savoir si le moment est venu d’essayer de passer à la bombe – en partie à cause de l’échec quasi-total de leur attaque directe sans précédent contre Israël en avril, au moyen de centaines de drones et de missiles. Déterminés à éliminer Israël et ne pouvant être dissuadés par la doctrine de la destruction mutuelle assurée, qui annonce l’apocalypse de la guerre froide, les ayatollahs pourraient également être tentés par l’idée qu’Israël est particulièrement vulnérable à l’heure actuelle.

« Si les Iraniens avaient enrichi de l’uranium au niveau actuel il y a quelques années, alors que la région n’était pas une telle poudrière, Israël envisagerait presque certainement des options militaires pour frapper les installations nucléaires iraniennes », affirme le New York Times, citant l’évaluation d’un diplomate européen impliqué dans les discussions avec Téhéran.

Il est donc frappant et remarquable que le ministre de la Défense Yoav Gallant, dans ses déclarations prononcées publiquement en anglais dès le début de ses entretiens au Pentagone la semaine dernière avec son homologue américain, Lloyd Austin, au milieu de toutes les complexités et tensions de la guerre contre le Hamas et d’une possible guerre dévastatrice contre le Hezbollah, ait choisi de souligner le caractère immédiat de la menace nucléaire iranienne.

« La plus grande menace pour l’avenir du monde et de notre région est l’Iran », a affirmé Gallant au secrétaire américain de la Défense.

« Le temps presse », a-t-il ajouté. « Il est temps de concrétiser l’engagement pris par les administrations américaines au fil des ans d’empêcher l’Iran de posséder des armes nucléaires. »

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