Des responsables académiques israéliens dénoncent l’intention de limoger la procureure générale
Des directeurs d’établissements d’enseignement supérieur rejoignent les présidents d’université et menacent de protestations en cas de révocation de Gali Baharav-Miara

Dix directeurs d’établissements d’enseignement supérieur israéliens ont rejoint lundi les présidents d’universités pour avertir qu’ils lanceront de vastes actions de protestation si le gouvernement limoge la procureure générale Gali Baharav-Miara.
Cette déclaration fait suite à celle des présidents des huit universités de recherche israéliennes, qui ont annoncé dimanche qu’ils appelleraient à une grève en cas de révocation de Baharav-Miara. Le ministre de la Justice, Yariv Levin, a entamé la semaine dernière la procédure visant à la démettre de ses fonctions, l’accusant d’avoir politisé son bureau et d’avoir entravé à plusieurs reprises la volonté du gouvernement.
Les directeurs d’établissements d’enseignement supérieur estiment que cette initiative constitue « une menace grave et fondamentale pour l’État de droit en Israël et pour son statut de démocratie libérale ».
« Un gouvernement qui cherche à limoger la personne chargée de poursuivre son dirigeant prend des mesures destinées à intimider tous les contre-pouvoirs », ont-ils écrit. « L’appel des ministres et des membres de la Knesset à révoquer la procureure générale dans les circonstances actuelles équivaut à un appel au démantèlement de l’État de droit. »
La lettre a été redigée par : la professeure Smadar Donitza-Schmidt, présidente du Collège d’éducation des Kibboutzim, et par le professeur Aviad Kleinberg, président du Centre académique de Ruppin
Les signataires de la lettre sont : la professeure Smadar Donitza-Schmidt, présidente du Collège d’éducation des Kibboutzim, et par le professeur Aviad Kleinberg, président du Centre académique de Ruppin ; la professeure Galia Sabar, présidente du Collège académique de Tel Aviv-Yaffo ; le professeur Shalom Eliezer, président du Collège de Tel-Hai ; le professeur Nissim Ben-David, président du Collège de Galilée occidentale ; le professeur professeur Yitzhak Harpaz, président du Collège de la vallée de Jezréel ; le professeur Michael Klinghoffer, président de l’Académie de musique et de danse de Jérusalem ; le professeur Adi Stern, président de l’Académie Bezalel des arts et du design; le professeur Avraham Shitzer, président du Collège de Kinneret ; et le professeur Sheizaf Rafaeli, président du Collège Shenkar.
Dans leur déclaration de dimanche, les présidents d’université avaient déjà mis en garde contre « le danger sans précédent qui pèse sur l’État de droit si la procureure générale est limogée ».
« Dans la démocratie israélienne, le procureur général est le principal rempart contre les abus potentiels du gouvernement aux droits des citoyens et des personnes résidant dans le pays.
« À l’instar des tribunaux, le procureur général constitue un garde-fou essentiel entre un régime démocratique, où des contre-pouvoirs sont nécessaires, et un régime dictatorial, où le gouvernement peut agir sans entraves », peut-on lire dans la lettre.

Les universitaires ont souligné que le rôle du procureur général est de servir le public et non les intérêts des dirigeants politiques. Ils ont estimé que les appels à son limogeage revenaient à remettre en cause l’État de droit.
Le ministre de l’Éducation, Yoav Kisch, a réagi aux déclarations des présidents d’université en affirmant : « Je pense que vous êtes confus », a-t-il déclaré dans un communiqué. « Israël est une démocratie, ce qui signifie que le peuple gouverne, et non les bureaucrates. »
Kisch a assuré que le gouvernement ne céderait pas à la pression des dirigeants académiques et a rejeté l’idée que la destitution de la procureure générale mettrait en péril la démocratie.
« La procureure générale n’est pas au-dessus des critiques et n’est pas à l’abri d’une procédure de limogeage lorsqu’elle dépasse son rôle professionnel et devient une opposition au gouvernement élu », a écrit Kisch.
Selon lui, les établissements d’enseignement devraient être « des lieux de pensée critique et non des outils de confrontation politique », et il a accusé les présidents d’université de « tenter d’imposer leur programme politique à la population ».
Baharav-Miara s’est très fréquemment opposée au gouvernement sur ses propositions de législation, ses nominations et ses actions, arguant à de multiples reprises que les mesures adoptées par le gouvernement, et notamment le projet de refonte judiciaire controversé, contrevenaient à la loi et affaiblissaient l’État de droit.
Le projet de refonte judiciaire, dont Levin est l’un des principaux architectes, a profondément divisé le pays et déclenché des manifestations de masse en 2023. Il avait été largement mis en pause après le déclenchement de la guerre contre le Hamas, mais certaines de ses dispositions ont été relancées ces derniers mois, suscitant une opposition renouvelée de la part de la procureure générale.
Les présidents d’université avaient déjà exprimé leur inquiétude en 2023, mettant en garde contre les répercussions potentielles de la réforme sur le monde académique israélien, notamment le risque d’une fuite des cerveaux et la diminution des collaborations avec des institutions étrangères.