D’ici à la fin du siècle, Israël devrait enregistrer 35° Celsius 80 jours par an
Il y aurait également 145 nuits tropicales où les températures moyennes ne tomberont pas sous les 20°, compliquant ainsi le refroidissement des bâtiments
Sue Surkes est la journaliste spécialisée dans l'environnement du Times of Israel.
D’ici deux à trois générations, les Israéliens vivront probablement avec des températures maximales diurnes moyennes de plus de 35 degrés Celsius près de 80 jours par an ; entre 1995 et 2014, ces températures n’étaient atteintes que 35 jours par an, selon un rapport de l’OCDE publié à la fin de la semaine dernière.
Entre 2080 et 2099 – période pour laquelle les prévisions ont été faites – les Israéliens dormiront 145 nuits par an avec des températures moyennes ne descendant pas en dessous de 20 degrés, contre 97 nuits par an entre 1995 et 2014. Les températures nocturnes de 20 degrés Celsius et plus sont considérées comme tropicales et rendent la tâche de refroidissement des bâtiments plus difficile avant la chaleur du lendemain.
Vers la fin du siècle, Israël sera également plus exposé aux conditions de sécheresse, par habitant, que tout autre pays étudié dans le cadre du rapport.
Si l’on considère le pourcentage de baisse de l’humidité du sol entre les périodes 1981 à 2010 et 2018 à 2022, le pays n’est devancé que par l’Inde, la Nouvelle-Zélande et la Grèce.
Ces chiffres ont été présentés dimanche par la professeure Noga Kronfeld-Schor, scientifique en chef au ministère de l’Environnement, au début d’une conférence en ligne sur les progrès réalisés par une unité du ministère chargée de préparer le pays à faire face aux effets du changement climatique.
Cette conférence a lieu juste avant le début de la COP28, la conférence annuelle des Nations unies sur le climat, qui s’ouvrira à Dubaï le 30 novembre.
Cette année devrait être la plus chaude jamais enregistrée, a déclaré Kronfeld-Schor.
Cela s’explique en partie par El Niño, un phénomène qui se produit tous les deux à sept ans et au cours duquel les températures de surface dans le centre et l’est de l’océan Pacifique équatorial se réchauffent.
Selon le service Copernicus de l’Union européenne sur le changement climatique, la température moyenne à travers le monde de janvier à octobre a été supérieure de 1,43 degré Celsius à la moyenne de l’ère préindustrielle pour ces mois.
Ce chiffre est proche de la limite de 1,5 degré Celsius, seuil sur lequel le monde s’est mis d’accord à Paris en 2015 pour limiter la hausse des températures par rapport à l’ère préindustrielle (entre 1850 et 1900).
En mai, l’Organisation météorologique mondiale (OMM) a déclaré que les probabilités d’atteindre une hausse de 1,5 °C d’ici 2027 étaient de 66 %, contre 50 % en 2022.
Les scientifiques ont prévenu que le dépassement de la moyenne de 1,5 degré Celsius sur une période de 20 ou 30 ans conduirait à des points de basculement où les changements liés au climat s’accéléreraient et pourraient devenir irréversibles. Ces changements comprennent la fonte des glaciers de l’Arctique et de l’Antarctique (entraînant une élévation accélérée du niveau de la mer), la déforestation de la forêt amazonienne, la disparition des récifs coralliens et l’effondrement des schémas de circulation des courants de surface et des courants profonds dans l’océan Atlantique.
L’augmentation de la température moyenne à long terme, par rapport à l’ère préindustrielle, oscille actuellement entre 1,1 et 1,2 degré Celsius à l’échelle mondiale.
Selon le bureau des Nations unies pour la réduction des risques de catastrophes, les pertes économiques directes liées aux catastrophes provoquées par le changement climatique (sans compter les coûts pour l’environnement et la santé publique) ont augmenté entre 1989 et 2020, passant d’environ 50 milliards de dollars en 1989 à 175 milliards de dollars en 2020.
Les scientifiques affirment que le monde doit réduire de moitié ses émissions de dioxyde de carbone d’ici à 2035 s’il veut avoir une chance de rester en dessous du seuil de 1,5 degré Celsius.
Or, malgré cela, un graphique de l’UNDRR montre que sur les 133 milliards de dollars consacrés aux catastrophes entre 2010 et 2019, seuls 5,5 milliards, soit 4,1 %, ont été consacrés à la préparation et à la prévention de ces catastrophes. La majeure partie a été consacrée aux interventions d’urgence.