DNC : L’émouvante intervention des parents de Hersh Goldberg-Polin à Chicago
La mère de l'otage a rappelé que 45 Américains ont été tués lors du pogrom du Hamas ; les deux parents ont déploré les victimes des deux côtés
CHICAGO – Les parents de l’otage américano-israélien Hersh Goldberg-Polin ont été accueillis par une standing ovation mercredi, la foule scandant « Ramenez-les à la maison » alors qu’ils montaient sur scène lors de la troisième soirée de la Convention nationale démocrate (DNC), à Chicago. Ils se sont plus tard dit émus par le soutien reçu.
Après des jours de spéculation sur la question de savoir si les organisateurs de la DNC offriraient un temps de parole à l’une des familles d’otages américains en ville pour la conférence – et si un tel discours révélerait les dissensions au sein du parti sur la guerre Israël-Hamas à Gaza – le silence attentif et respectueux qui a enveloppé l’United Center pendant le discours de Jon Polin et Rachel Goldberg-Polin a apporté une réponse.
Des dizaines de personnes debout portaient des pin’s jaunes en forme de ruban en signe de solidarité avec les otages sur leur veste de costume, d’autres étaient drapés de keffiehs – le foulard arabe censé protéger du soleil et du sable qui est devenu un symbole du nationalisme palestinien.
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Le couple a suscité des applaudissements nourris de la part des dizaines de milliers de participants à la DNC, alors qu’il affirmait qu’il était temps qu’Israël et le Hamas parviennent à un cessez-le-feu et à un accord de libération des otages, et qu’il reconnaissait le coût humain de la guerre sur les civils, tant à Gaza qu’en Israël.
« Dans un Moyen-Orient enflammé, nous savons que la chose qui peut le plus immédiatement faire retomber la pression et ramener le calme dans toute la région est un accord qui ramène ce groupe diversifié de 109 otages à la maison et met fin à la souffrance des civils innocents à Gaza », a déclaré Jon.
Ce discours a été prononcé quelques jours après que les États-Unis ont présenté ce qu’ils ont appelé une « proposition de compromis finale » à Israël et au Hamas et ont exprimé leur optimisme quant à la possibilité de parvenir à un accord d’ici la fin de la semaine. Mais lorsque les Goldberg-Polin sont montés sur scène mercredi soir, une grande partie de cet optimisme s’était dissipée, les négociateurs arabes et israéliens ayant déclaré au Times of Israel que les États-Unis avaient mal géré les pourparlers et les avaient conduits dans une nouvelle impasse.
The DNC crowd chanted "Bring them home" as Jon Polin and Rachel Goldberg, the parents of Hersh Goldberg-Polin, an American-Israeli taken hostage on Oct. 7, took the stage in Chicago. https://t.co/2r4Nmz4vqa pic.twitter.com/upKD75L47z
— ABC News (@ABC) August 22, 2024
Pourtant, pendant les neuf minutes qu’ils ont passées sur scène, Jon et Rachel ont semblé offrir aux délégués démocrates l’espoir qu’un accord est encore possible, voire nécessaire.
« Le moment est venu », a-t-il ajouté sous les applaudissements.
Les larmes aux yeux, Rachel Goldberg-Polin a commencé son intervention en racontant l’histoire de son fils de 23 ans, qui fait partie des 109 otages enlevés le 7 octobre et toujours détenus à Gaza.
Elle a rappelé qu’il était l’un des huit otages américains, avec 101 autres personnes âgées de 1 à 86 ans et de toutes confessions. « Comme la vice-présidente Kamala Harris, Hersh est né à Oakland, en Californie », a déclaré Rachel, émue mais parfaitement calme, alors que des photos de son fils étaient diffusées sur l’écran géant au-dessus d’elle.
La mère de l’otage a rappelé que 45 Américains ont été tués lors du pogrom perpétré par le groupe terroriste palestinien du Hamas le 7 octobre, tout en adaptant un discours qu’elle a prononcé à d’innombrables reprises à l’auditoire particulier du United Center.
Rachel a rappelé que Hersh assistait au Festival Supernova « annoncé comme célébrant la paix » le jour du pogrom.
L’avant-bras gauche de Hersh, qui est gaucher, a été arraché par une grenade lancée dans un abri anti-atomique en bord de route où lui et 27 autres personnes se cachaient après le début de l’assaut.
« Il a été embarqué dans une camionnette et on lui a volé sa vie, ainsi qu’à moi et à Jon, [l’emportant] dans la bande de Gaza », a déclaré Rachel.
« C’était il y a 320 jours. Depuis, nous vivons sur une autre planète. Quiconque est parent ou a eu un parent peut essayer d’imaginer l’angoisse et la misère que Jon et moi et toutes les familles d’otages endurons », a-t-elle poursuivi.
« Rachel et moi sommes réconfortés d’être de retour dans notre ‘Sweet Home’, Chicago. Nous sommes tous deux nés et avons grandi ici, et nos familles y vivent toujours », a-t-il déclaré.
Le père de l’otage a ensuite remercié les membres du Congrès des deux partis et en particulier l’administration Biden pour leurs efforts en vue de parvenir à un accord de « trêve contre libération d’otages ».
Ces éloges contrastent avec la frustration que de nombreux membres des familles des personnes retenues en captivité n’ont cessé d’exprimer à l’égard du Premier ministre Benjamin Netanyahu, qu’ils accusent d’avoir sabordé les efforts déployés pour parvenir à un accord pour les otages afin de maintenir sa coalition, dont le flanc d’extrême-droite s’oppose à conclure un tel accord avec le groupe terroriste palestinien du Hamas.
Mais le message des Goldberg-Polin était dénué de toute critique.
« Nous leur sommes tous profondément reconnaissants. Nous vous sommes également profondément reconnaissants, à vous les millions de personnes qui, aux États-Unis et dans le monde entier, avez envoyé de l’amour, du soutien et de la force aux familles des otages. Vous nous avez permis de respirer dans un monde sans air », a déclaré Jon, qui a inscrit au marqueur noir le chiffre 320 sur un morceau de ruban adhésif collé à sa chemise – tout comme son épouse -, qu’ils mettent quotidiennement à jour depuis que leur fils de 23 ans a été enlevé.
« Il s’agit d’une convention politique, mais le fait d’avoir besoin de notre fils unique et de tous les otages qui nous sont chers n’est pas une question politique. C’est une question humanitaire », a déclaré Jon sous les acclamations de la foule.
« Il y a un surplus d’agonie de part et d’autre du tragique conflit du Moyen-Orient. Dans une compétition de la douleur, il n’y a pas de gagnant », a-t-il poursuivi.
« Dans notre tradition juive, nous disons […] chaque personne est un univers entier. Nous devons sauver tous ces univers. »
Rachel s’est ensuite adressée directement à son fils : « Hersh ! Hersh ! »
Elle a ensuite transmis le message qu’elle a transmis à maintes reprises au cours des dix mois et demi écoulés, mais elle l’a fait avec encore plus d’émotion.
« Si tu nous entends, nous t’aimons. Reste fort. Survis », a conclu Rachel.
Si leurs propos ont marqué le premier discours à la convention démocrate d’une famille d’otages, la question a été évoquée une poignée d’autres fois depuis le début de la convention, notamment par le président américain Joe Biden, tous les orateurs qui ont soulevé la question étant d’accord avec l’urgence des Goldberg-Polin – à la fois pour le bien des otages et pour celui des civils gazaouis.
Monté sur scène peu avant les Polin, le procureur général du Minnesota Keith Ellison a affirmé que la candidate démocrate à l’élection présidentielle Kamala Harris et son colistier Tim Walz sont sincères dans leur désir de parvenir à un accord de « trêve contre libération d’otages » pour mettre fin à la guerre menée contre le Hamas à Gaza, déclenchée par le pogrom perpétré par le groupe terroriste palestinien le 7 octobre dans le sud d’Israël.
« Ils se battent pour le peuple, mais ils écoutent aussi. Lorsque nous disons que ‘nous avons besoin d’un cessez-le-feu, de mettre fin à la perte de vies innocentes à Gaza et de ramener les otages chez eux’, ils nous écoutent. Ils sont d’accord avec nous », a déclaré Ellison lors de la première référence à Israël de la troisième soirée de la DNC.
Deux autres précédents orateurs, les députés Tom Suozzi et Debbie Wasserman Schultz – portaient des épinglettes jaunes représentant le ruban des otages.
L’obtention par les Goldberg-Polin d’une place sur la scène de la DNC a également donné l’espoir d’un temps de parole aux délégués « non engagés » qui ont mené un mouvement de protestation contre Biden lors des primaires démocrates en raison de son soutien à Israël.
Lors d’une conférence de presse tenue peu après le discours de la famille de l’otage, Abbas Alawieh, a déclaré aux journalistes qu’il avait été en contact avec les organisateurs de la DNC toute la semaine et qu’il espérait qu’ils accepteraient la demande de son mouvement.
Mais mardi soir, le camp de Harris avait informé Alawieh qu’aucun espace ne serait offert à un médecin ayant travaillé dans la bande de Gaza ou à un Américain d’origine palestinienne.
Congresswoman Ilhan Omar just walked up and sat down.
She hugged the sit-in’s leader, who hugged her and sobbed. People still pouring out after Tim Walz spoke.
“We’re going to keep going,” the sit-in leader said. https://t.co/5e2Bw34baQ pic.twitter.com/MJyGPSFNhm
— Jake Sheridan (@JakeSheridan_) August 22, 2024
En conséquence, un Alawieh a déclaré qu’il organiserait un sit-in avec d’autres militants à l’extérieur du United Center et qu’il ne partirait pas tant qu’un orateur américain d’origine palestinienne n’aurait pas obtenu une place sur la scène de la DNC.
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