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Élections : découvrez les candidats des plus grandes villes d’Israël

Le 30 octobre, les résidents de tout le pays voteront pour leurs représentants locaux. Aperçu de la situation à Jérusalem, Tel Aviv et Haïfa

Marissa Newman est la correspondante politique du Times of Israël

Homme ultra-orthodoxe votant dans la ville de Beit Shemesh. (Crédit : Nati Shohat/Flash 90)
Homme ultra-orthodoxe votant dans la ville de Beit Shemesh. (Crédit : Nati Shohat/Flash 90)

Quelque 6,6 millions de citoyens et résidents israéliens âgés de plus de 17 ans sont appelés à voter aux élections municipales le 30 octobre prochain, afin d’élire des fonctionnaires qui siègeront dans les 251 conseils municipaux et régionaux du pays, selon les chiffres du ministère de l’Intérieur.

Les électeurs voteront deux fois : une fois pour le maire, et une autre pour la liste du parti qu’ils souhaitent voir les représenter au conseil municipal de leur ville. Si aucun candidat à la mairie ne reçoit plus de 40 % des voix le 30 octobre, un deuxième tour de scrutin – opposant les deux candidats qui ont obtenu le plus grand nombre de voix – sera organisé le 13 novembre.

Pour la première fois, en vertu d’une nouvelle loi votée à la Knesset, les Israéliens se verront accorder un jour de congé afin de voter pour leurs représentants locaux, un changement qui vise à faire sortir les électeurs de leur indifférence aux élections municipales. Le but est de faire augmenter les taux de participation qui sont habituellement bas. Ces taux se situaient à une moyenne nationale de 51,9 % lors des élections précédentes en 2013; seulement 28,7 % à Tel Aviv-Jaffa, 36,1 % à Jérusalem, où les résidents arabes de Jérusalem Est boycottent le vote, et 32,7 % à Haïfa.

Pour la première fois dans l’histoire d’Israël, des élections municipales et régionales sont organisées le même jour. Autre grande première : quatre municipalités druzes organiseront des élections sur le plateau du Golan, pour la première fois depuis 1967.

Des employées comptent les votes des soldats de Tsahal aux élections locales nationales dans la salle de contrôle du comité électoral à Kfar Maccabiah, Ramat Gan, le 23 octobre 2013 (Crédit : Yossi Zeliger/FLASH90).

Selon le ministère de l’Intérieur, dans 18 conseils municipaux et 11 conseils régionaux, le candidat à la mairie ne fait face à aucune opposition.

Le plus jeune candidat aux élections municipales est âgé de 26 ans – Ayoub Abu Kaf pour le conseil régional de al-Kasom dans le Néguev – et les plus âgés ont 82 ans (Efraim Feinblum, candidat à la mairie de Beer Sheva et Tzvi Gov Ari, candidat à la mairie de Yavne).

Les candidats hommes continuent d’être 10 fois plus nombreux que les femmes aux postes à responsabilité : 665 hommes se disputent le poste de maire, contre 58 femmes. De même, 119 hommes et 14 femmes se présentent à la présidence des conseils régionaux.

Les partisans ultra-orthodoxes de Jerusalem Faction lancent des tracts de campagne en l’air à la veille des élections municipales dans la ville de Bnei Brak le 23 octobre 2013. (Crédit : Yaakov Naumi/Flash90)

Cependant, 750 femmes de plus qu’en 2013 se sont portées candidates à d’autres sièges dans les conseils municipaux, a déclaré le ministère de l’Intérieur.

Selon Ofer Kenig, chercheur à l’Institut israélien pour la démocratie et maître de conférences au Collège universitaire d’Ashkelon, la plupart des 3 400 listes de partis politiques en lice dans tout le pays ne sont pas affiliées aux partis politiques au pouvoir en Israël. C’est une conséquence des réformes adoptées dans les années 1970 qui ont séparé les élections locales des élections nationales.

Quelque 665 hommes se disputent le poste de maire, contre 58 femmes.

« C’est un problème, parce que si ce n’est pas une idéologie qui peut me dire pour qui voter, alors la situation devient vraiment confuse », dit Kenig. « Le citoyen moyen ne connaît pas vraiment les différences entre tous ces candidats, et toutes ces listes locales aux noms étranges, comme « Notre Haïfa », « Haïfa pour toujours », ‘Ensemble à Haïfa’. »

« Les listes locales peuvent souvent être très similaires, car la plupart des gens veulent les mêmes choses pour leur ville : des logements abordables, de meilleurs transports publics, de bonnes écoles et des espaces verts », a-t-il ajouté. « Les candidats à la mairie ont progressivement découvert qu’une affiliation partisane à l’un des partis au pouvoir en Israël peut être un handicap plutôt qu’un atout », a-t-il fait observer.

Dr. Ofer Kenig de l’Institut israélien pour la démocratie. (Crédit : avec l’aimable autorisation de l’IID)

Cette année, il existe donc une vingtaine de listes de partis, dont beaucoup sont indépendantes, dans les trois grandes villes israéliennes de Jérusalem, Tel Aviv et Haïfa. Certaines se démarquent avec succès, mais bon nombre d’entre elles restent impossibles à distinguer les unes des autres. Leurs programmes politiques détaillés mais redondants ne leur permettent pas de se démarquer.

Beaucoup de gens considèrent que la politique nationale et certaines questions comme le processus de paix n’ont pas leur place dans les administrations locales, mais Kenig n’est pas d’accord. L’Institut israélien pour la démocratie tente d’encourager les grands partis politiques à s’impliquer davantage au niveau local.

« Cela améliorerait leur réactivité, parce qu’ils resteraient plus au contact du citoyen moyen », a-t-il dit. Cela aiderait également les électeurs à faire la distinction entre les candidats.

« Parfois, la seule façon de faire la différence entre les candidats est de savoir lequel est le moins corrompu », dit Kenig. « Et cela peut être très superficiel. »

Vous trouverez ci-dessous un aperçu du déroulement des élections dans les trois principales villes d’Israël. Au moment d’écrire ces lignes, le ministère de l’Intérieur n’a pas encore publié les listes officielles et approuvées des candidats à la mairie et des partis, malgré l’échéance fixée au 10 octobre pour le faire. Les chiffres ci-dessous sont basés sur les professions de foi des candidats et des partis.

Jérusalem

Six candidats se présentent à la mairie de la capitale; 19 listes de partis sont enregistrées pour se présenter aux 31 sièges du conseil municipal de la ville.

Les principaux candidats à la course à la mairie sont Zeev Elkin, ministre des Affaires de Jérusalem, Moshe Lion et Ofer Berkovitch, membres du conseil municipal de Jérusalem (Lisez les interviews du Times of Israel avec Elkin, Berkovitch et Lion.)

Tous trois se sont engagés à attirer de nouvelles entreprises, à accélérer la construction, à améliorer la propreté de la ville et à empêcher les jeunes habitants de Jérusalem de déménager en raison du coût prohibitifs des logements.

Le ministre des Affaires de Jérusalem, Zeev Elkin, prend la parole au Centre des affaires publiques et de l’État de Jérusalem, le 13 septembre 2017. (Crédit : Hadas Parush/Flash90)

M. Elkin a également mis en valeur son expérience et ses relations politiques, ce qui, selon lui, profitera à la ville et à son budget municipal financé par le gouvernement. Mais le ministre n’a pas réussi à convaincre la section locale du Likud de le soutenir (le Premier ministre Benjamin Netanyahu et le maire sortant Nir Barkat, qui a quitté son poste pour rejoindre le Likud, ont soutenu Elkin).

En tant que plus jeune candidat à Jérusalem, à 35 ans, qui plus est laïc, Ofer Berkovitch s’est fait le champion du pluralisme et s’est engagé à ne pas se laisser intimider par les pressions politiques des ultra-orthodoxes.

Ofer Berkovitch, candidat à la mairie de Jérusalem et chef du mouvement Hitorerut (Eveil), lors de l’ouverture de sa campagne électorale à Jérusalem le 2 septembre 2018. (Crédit : Yonatan Sindel/Flash90)

Moshe Lion a quant à lui reçu le soutien d’une grande partie de la communauté ultra-orthodoxe, mais a un rival haredi de poids dans la course, le maire-adjoint de Jérusalem Yossi Deitch, de la faction Agudat Yisrael dominée par les Hassidim, risque de récupérer quelques voix chez les ultra-orthodoxes.

Deitch devait à l’origine être le candidat des ultra-orthodoxes avec un large soutien de la communauté (environ 37 % de la population juive de Jérusalem), mais les chefs religieux Haredi affiliés aux factions Shas et Degel HaTorah ont finalement soutenu Lion. Bien que l’on s’attendit à sa démission, Deitch a maintenu sa candidature, au grand dam de Lion.

Le candidat à la course à la mairie de Jérusalem Moshe Lion visite le marché Machane Yehuda à Jérusalem, le 7 septembre 2018. (Crédit : Yonatan Sindel/Flash90)

Deuxième outsider ultra-orthodoxe au poste de maire : Haim Epstein, membre du conseil municipal de Jérusalem, qui représente la faction de Jérusalem, anciennement dirigée par le rabbin radical Shmuel Auerbach, décédé plus tôt cette année. Lors des élections de 2013, Epstein a obtenu environ 3 % des voix.

Avi Salman, assez peu connu, complète la liste des candidats.

Compte-tenu du nombre élevé de candidats, les sondages récents (mais très fluctuants) ont indiqué qu’aucun des candidats ne remportera 40 % des voix au premier tour, ce qui entraînerait un deuxième scrutin à la mi-novembre entre les deux premiers candidats.

Le maire-adjoint de Jérusalem et candidat à la mairie Yossi Deitch aperçu avant une réunion à Jérusalem le 24 juillet 2018. (Crédit : Yonatan Sindel/Flash90)

Tous les candidats à la mairie sont également des chefs de listes de partis indépendants : Berkovitch du parti Hitorerut, qui a quatre sièges au conseil actuel ; Elkin de la faction Yerushalayim Tatzliah (« Jérusalem réussira ») – anciennement dirigée par Barkat – dans une liste commune avec la faction Yerushalmim (anciennement dirigée par la députée Koulanou et candidate au poste Rachel Azaria) et Lion de Shelanou (« Notre Jérusalem »).

Les autres partis comprennent Agudath Yisrael de Deitch, maintenant distinct de la liste Degel HaTorah (dans le passé, les deux se sont présentés ensemble pour la mairie sous la bannière Yahadut HaTorah). M. Deitch a également signé un accord avec la faction orthodoxe de droite « Unis », dirigée par Aryeh King, membre du conseil municipal, pour former un bloc politique. Il existe également une liste de parti HaBayit HaYehudi, du Likud, du Meretz, du Shas, et une liste palestinienne dirigée par Ramadan Dabash, « Jerusalem for Jerusalemites », qui vise à améliorer la vie à Jérusalem Est, entre autres.

Le parti Meurav Yerushalmi, lancé par Evyatar Elbaz, 26 ans, fondateur de l’organisation de recherche et de sauvetage Alon, veut également des sièges au conseil. Sur sa page Facebook, Elbaz s’est vanté d’avoir l’appui du directeur du groupe controversé anti-assimilation Lehava, Bentzi Gopstein, et du rabbin Eliezer Berland, condamné pour agression sexuelle.

קריאת קודש לצאת ולהצביע לרשימת מעורב ירושלמי ׳נץ׳ רשימה שדואגת 100% לנוער הנושר ולמשפחות במצוקה!!

Posted by ‎אביתר אלבאז – Evyatar Elbaz‎ on Sunday, October 14, 2018

Tel Aviv

Ron Huldai, 74 ans, maire de Tel Aviv depuis 1998, cherche à prolonger son mandat grâce à une popularité qui ne s’est jamais démentie en 20 ans.

Mais Huldai, qui dirige la liste TA 1, est confronté à la rivalité plus en plus redoutable de son jeune adjoint, Asaf Zamir, 38 ans, de la fraction Rov HaIr.

Ron Huldai, maire de Tel Aviv, à Tel Aviv, le 31 octobre 2017. (Crédit : Miriam Alster/FLASH90)

De récents sondages ont montré que Zamir est toujours en retard sur son ancien patron de 6 à 10 points, avec près d’un tiers d’électeurs encore indécis.

Le comédien Assaf Harel, 46 ans, du parti Anachnu HaIr, et Natan Elnatan, candidat du Segev, se présentent également à la mairie, bien que tous deux aient eu de mauvais résultats dans les sondages.

Asaf Zamir, candidat à la mairie de Tel Aviv lors des prochaines élections municipales, s’adresse aux jeunes électeurs au siège de sa campagne à Tel Aviv, le 14 octobre 2018. (Crédit : Miriam Alster/FLASH90)

Lors de récentes interventions, M. Zamir a exprimé son soutien à l’interdiction des appartements AirBnb à plein temps dans la ville en proie à une pénurie de logements, et a appelé à une augmentation du budget importante pour améliorer la qualité de la vie dans le Sud de Tel Aviv, soulignant que les milliers de demandeurs d’asile du Soudan et d’Erythrée qui vivent dans ces quartiers sont « là pour rester ».

Au cours de sa campagne, le bureau de Zamir a également été ciblé par une attaque de vandalisme, le quartier général ayant été recouvert de croix gammées peintes en rouge.

Alors que les politiciens conservateurs de Jérusalem s’inquiètent des questions de religion et d’Etat, et demandent le soutien des rabbins, l’existence de quelques 20 listes de partis à Tel Aviv reflète ses couleurs progressistes : il y a des partis pour les végétaliens (« Vegan Tel Aviv »), les écologistes (« Ir Yeruka » et « Chai : « Verts séculiers ») et les retraités (« Pouvoir aux retraités ») ; une liste entièrement féminine (« Halo ») ; et la liste Yafa anti-raciste.

Des croix gammées découvertes peintes dans le bureau de campagne du candidat à la mairie de Tel Aviv Asaf Zamir, le 14 octobre 2018 (Crédit : campagne Rov Hair)

Il existe également un parti pour les immigrants (« Olim Beyachad »), un parti s’opposant à la présence de demandeurs d’asile africains dans le sud de Tel Aviv (« Drom Hair »), deux partis religieux (« Believers » et « Segev »), plusieurs partis nationaux (Meretz, Likud, Yesh Atid), ainsi que plusieurs partis actuellement présents au conseil des 31 sièges (Huldai TA1, Zamir’s Rov HaIr, Ir LeKulanu) et d’autres encore.

Haïfa

La ville côtière du nord a connu un bouleversement politique, après que le tribunal de district a confirmé la disqualification d’Einat Kalisch Rotem – un des deux candidats qui s’opposent à Yona Yahav, maire en exercice depuis des années dans cette ville.

Mme Kalisch Rotem a été empêchée de se présenter à la course par le ministère de l’Intérieur la semaine dernière pour des raisons techniques après que son avocat du Parti travailliste eut présenté deux candidats, dont Kalisch Rotem du groupe Chaim B’Haifa, en violation des règles électorales.

Dr. Einat Kalisch Rotem, candidate à la mairie de Haïfa. (Crédit : YouTube)

Suite à la décision du tribunal de district, et alors que le temps presse avant les élections, elle s’est engagée à porter l’affaire devant la Cour suprême pour un jugement définitif.

La Haute Cour a rejeté la décision.

Yahav, 74 ans, ancien membre de la Knesset, est maire de Haïfa depuis 2003. Il s’est uni à la branche locale de Yesh Atid pour cette élection.

Il affronte David Etzioni, avocat et ancien conseiller du ministre des Finances, Mendy Saltzman, directeur général du Port de Haïfa et chef du parti Haifa Awakens ; Yisrael Savyon, deuxième candidat travailliste et ancien directeur de la municipalité de Haïfa, et Avihu Hahn du parti des Verts à Haifa.

Des sondages récents ont placé Yahav, Kalisch Rotem et Etzioni au coude à coude, les autres candidats affichant des résultats à un chiffre.

Le maire de Haïfa, Yona Yahav, vu à la Cour suprême de Jérusalem alors qu’il arrive pour une audience sur la fermeture du réservoir d’ammoniac à Haïfa, le 4 avril 2017. (Crédit : Yonatan Sindel/Flash90)

La faction ultra-orthodoxe Degel HaTorah et la branche locale du parti d’extrême-gauche Meretz ont soutenu Kalisch Rotem pour ce poste. En tête de la liste du parti Meretz local de gauche se trouve le rabbin Dov Haiyun, le rabbin libéral qui avait été interrogé par la police pour avoir organisé un mariage sans l’aval du grand Rabbinat étatique, ce qui avait provoqué un tollé international.

Le rabbin massorti Dov Haiyun arrive à la résidence du président le 19 juillet 2018. Haiyun avait été arrêté par la police tôt ce matin-là (Crédit : Miriam Alster/FLASH90).

Comme Tel Aviv et Jérusalem, de nombreux partis se présentent aux élections municipales, dont beaucoup ne se distinguent guère les uns des autres. Contrairement aux autres villes, Haïfa a une représentation plus large des partis nationaux, avec des candidats pour le Likud, HaBayit HaYehudi, Hadash, Balad, Yisrael Beytenu, Kulanu, Degel HaTorah, Shas, et Agudat Yisrael.

Mélanie Lidman a contribué à cet article.

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