En 2022, les USA ont enregistré un nombre record d’incidents suprémacistes blancs
L’anti-Defamation League affirme que les incidents, sous forme de publications, banderoles et graffitis, ont augmenté de 38 % et se sont produites dans 49 États
Luke Tress est le vidéojournaliste et spécialiste des technologies du Times of Israël
Selon une information publiée jeudi, les incidents suprémacistes blancs aux États-Unis ont atteint un niveau record l’an dernier.
Le Centre sur l’extrémisme de l’Anti-Defamation League a recensé pas moins de 6 751 incidents de propagande suprémaciste blanche en 2022.
Ce chiffre est en hausse de 38 % par rapport à l’année précédente.
Par propagande, on entend la distribution à grande échelle de publications prenant pour cible les Juifs, la communauté LGBTQ ou d’autres groupes minoritaires.
L’ADL précise que ces suprémacistes blancs ont distribué des tracts et autocollants, déployé des banderoles, écrit des graffitis, placardé des affiches et des panneaux de jardin, fait circuler des camionnettes revêtues de leurs messages et procédé à des projections lumineuses sur les bâtiments et les stades.
Le déploiement de banderoles haineuses, souvent en surplomb des ponts autoroutiers, s’est répété à 252 reprises l’an dernier, soit une augmentation de 38 % par rapport à 2021.
Les incidents connus de propagande antisémite ont plus que doublé, passant de 352 en 2021 à 852 l’année dernière.
On a recensé 219 incidents en milieu scolaire, principalement sur les campus universitaires, ce qui représente en soi une diminution par rapport aux années passées.
La propagande suprémaciste blanche a été signalée dans tous les États, à l’exception d’Hawaii.
Les États ayant enregistré le plus grand nombre d’incidents sont le Texas, le Massachusetts et la Virginie.
D’après l’information donnée par l’Anti-Defamation League, les suprémacistes blancs utilisent ces campagnes pour porter l’attention sur leurs organisations et leur discours sans trop de risques, car la propagande permet à un très petit nombre d’individus d’atteindre de grandes audiences.
Un petit nombre d’organisations suprémacistes blanches – le Patriot Front, la Goyim Defense League et White Lives Matter – ont représenté à elles seules 93 % des incidents.
Le Patriot Front, groupe néo-fasciste basé au Texas, est même responsable de 80 % de tous les incidents. Il a diffusé du matériel de propagande dans tous les États.
Bien qu’il s’agisse d’une organisation suprémaciste blanche, une partie de son matériel de propagande n’était pas explicitement raciste, comme par exemple les appels à mettre un point final aux « guerres étrangères » et à
« défendre la main-d’œuvre américaine ».
L’activité de la Goyim Defense League a, pour sa part, considérablement augmenté l’an dernier, passant de 74 incidents de propagande en 2021 à plus de 492 en 2022.
Le nombre record d’incidents enregistrés en 2022 est, pour l’essentiel, dû à l’intense activité de la Goyim Defense League ainsi qu’à l’apparition de plusieurs petits groupes suprémacistes blancs antisémites.
Selon les informations de l’Anti-Defamation League, la Goyim Defense League souhaite l’expulsion des Juifs des États-Unis et répand des théories complotistes antisémites dans le but de monter les Américains contre les Juifs.
Cette organisation accuse les Juifs de contrôler des questions telles que l’immigration, la pornographie, l’avortement, le féminisme, l’administration Trump ou la traite des esclaves.
Les événements suprémacistes blancs ont également augmenté de 55% pour atteindre le nombre de 167 l’an dernier, la plupart dans le Massachusetts, en Californie, dans l’Ohio ou en Floride.
Le groupe White Lives Matter a représenté l’essentiel des événements, avec 43% du total.
« Les suprémacistes blancs et les antisémites veulent faire peur aux Américains : ils les harcèlent. Ils font un usage aujourd’hui intense de la propagande pour se faire connaître dans tout le pays », a déclaré le chef de l’ADL, Jonathan Greenblatt, dans un communiqué.
« Avec une grande lâcheté, ils intimident les communautés marginalisées et tous ceux qui ne partagent pas leur vision malsaine du monde, et attirent de nouvelles recrues. »
L’ADL a enregistré 2 717 incidents antisémites aux Etats-Unis en 2021, en hausse de 34% par rapport à l’année précédente.
Il s’agit du bilan le plus élevé depuis 1979, date à laquelle les signalements ont été enregistrés.
Les données pour 2022 n’ont pas encore été publiées.
Une part de la hausse des chiffres est liée au changement et à l’amélioration des modes de déclaration.