À Paris, des étoiles de David taguées sur des immeubles
Depuis l'attaque d'Israël par le Hamas le 7 octobre, 2 500 signalements d'actes antisémites ont été reçus en France sur la plateforme de signalement Pharos

Le parquet de Paris a annoncé mardi avoir ouvert une enquête après la découverte d’étoiles de David, symbole de la religion juive et de l’Etat d’Israël, sur plusieurs bâtiments de la capitale française.
Une soixantaine d’étoiles de David ont été dessinées au pochoir bleu sur plusieurs façades d’immeubles du 14e arrondissement dans le sud de Paris, a indiqué le parquet à l’AFP.
L’enquête, ouverte pour dégradation du bien d’autrui aggravée par la circonstance qu’elle a été commise en raison de l’origine, la race, l’ethnie ou la religion, a été confiée au commissariat de police de l’arrondissement, a précisé le parquet, sollicité par l’AFP.
Il a précisé ne pas savoir si ces tags « ont pour but d’insulter le peuple juif ou d’en revendiquer l’appartenance, notamment puisqu’il s’agit de l’étoile bleue » et non jaune, tout en estimant nécessaire d’enquêter, « au regard du contexte géopolitique et à son retentissement au sein de la population ».
L’enquête, ouverte pour dégradation du bien d’autrui aggravée par la circonstance qu’elle a été commise en raison de l’origine, la race, l’ethnie ou la religion, a été confiée au commissariat de police de l’arrondissement, a précisé le parquet, sollicité par l’AFP.
Ce délit est puni par une peine maximale de quatre ans d’emprisonnement et de 30 000 euros d’amende.
Interrogée mardi à l’Assemblée nationale, la Première ministre française Élisabeth Borne a condamné « avec la plus grande fermeté » ces « agissements ignobles » et affirmé que l’exécutif « ne laisser(ait) rien passer ».
« C’est le devoir de la République de protéger tous les Juifs de France », a-t-elle insisté, affirmant que « tous ceux qui se rendent coupables de ces actes doivent être interpellés et condamnés » et que « rien ne peut être toléré, justifié ou excusé ».
Dans un communiqué relayé sur X (anciennement Twitter), la maire du 14e arrondissement de Paris, Carine Petit, a dénoncé les tags comme des « actes antisémites et racistes ».
« Cet acte de marquage rappelle les procédés des années 1930 et la Seconde Guerre mondiale qui ont conduit à l’extermination de millions de Juifs », a-t-elle dénoncé.
Une soixantaine d’étoiles de David ont été taguées sur plusieurs façades d’immeubles à Paris, Saint-Ouen et Aubervilliers. L’antisémitisme est plus que jamais présent et nous ramène aux heures les plus sombres de l’histoire de France.
Le parquet de Paris a ouvert une enquête… pic.twitter.com/izJdPqvebQ
— CRIF (@Le_CRIF) October 31, 2023
« Il y a clairement chez les personnes qui ont fait ça une volonté de terrifier », a quant à lui déclaré à l’AFP le président de l’Union des étudiants juifs de France (UEJF), Samuel Lejoyeux.
La Ligue internationale contre le racisme et l’antisémitisme (Licra) a dénoncé sur X « une vague de haine (…) d’une ampleur inédite, (qui) gangrène le tissu social, la cohésion nationale et les valeurs de la République ».
SOS Racisme a appelé de son côté « à refuser ces logiques d’importation des haines ». « Les Français juifs n’ont de compte à rendre ni d’agression à subir du fait du conflit israélo-palestinien », estime l’association dans un communiqué.
Des tags similaires sont apparus le week-end dernier en banlieue parisienne – à Vanves, Fontenay-aux-Roses, Aubervilliers et Saint-Ouen -, où les pochoirs étaient accompagnés d’inscriptions telles que « De la mer au Jourdain, Palestine vaincra ».
La maire d’Aubervilliers, Karine Franclet, a dénoncé des actes « en contradiction totale avec les valeurs fondamentales que nous portons (…), tout particulièrement dans le contexte actuel » de la guerre entre Israël et le Hamas.
La mairie de Saint-Ouen, où les tags ont été découverts lundi, a effectué un signalement au procureur. « Les auteurs devront être poursuivis et sanctionnés par la justice avec la plus grande sévérité et avec intransigeance », a commenté le maire Karim Bouamrane sur X.
Parallèlement, la maire de Petit-Quevilly près de Rouen (Ouest), Charlotte Goujon, a indiqué mardi à l’AFP avoir porté plainte après la découverte jeudi dernier dans un quartier de la ville de tags à caractère antisémite dont certains la visant directement.
Petit-Quevilly: la maire dépose plainte après la découverte de tags antisémites à son encontre pic.twitter.com/lu4Unjn2eN
— BFM Normandie (@BFM_Normandie) October 30, 2023
Depuis l’attaque d’Israël par le Hamas le 7 octobre, « 857 actes antisémites » ont été recensés, soit « autant en trois semaines » que sur « toute l’année écoulée », a indiqué le ministre français de l’Intérieur Gérald Darmanin mardi lors de la séance des questions au gouvernement à l’Assemblée nationale. Le ministre français de l’Intérieur a également indiqué que 425 personnes avaient été interpellées et « 27 personnes placées en centre de rétention administrative ». Près de 6 000 signalements ont par ailleurs été effectués sur la plateforme Pharos. Il a par ailleurs demandé aux préfets et aux responsables de la sécurité une grande « vigilance » autour des lieux du culte chrétien lors de la fête de la Toussaint. Dimanche, le ministre français de la Justice Eric Dupond-Moretti a lui fait état de plus de 400 interpellations pour ces actes antisémites.
Ces incidents font échos à des faits similaires qui se sont produits sur la facade d’une synagogue de Berlin.
Un groupe de travail international contre l’antisémitisme a mis en garde contre la hausse de l’antisémitisme liée à la guerre entre Israël et le Hamas, qui a été déclenchée par le massacre de plus de 1 400 personnes en Israël perpétré par le groupe terroriste, et qui risque de s’étendre.
Les Juifs de tout le continent, où les actes antisémites montent en flèche, se font l’écho de ces craintes. Parallèlement, des manifestations présentées comme des expressions de soutien aux civils palestiniens – mais que beaucoup, Juifs et non-Juifs, perçoivent comme des manifestations de haine des Juifs et de solidarité avec le Hamas, malgré ses récentes démonstrations d’extrême barbarie contre les Israéliens – mobilisent des centaines de milliers de personnes.