Gantz: L’Iran a transféré au Venezuela sa technologie de drones d’attaque
Le ministre de la Défense a également déclaré que Téhéran aurait cédé au Venezuela des missiles à guidage de précision, utilisables avec le drone Mohajer-6
Emanuel Fabian est le correspondant militaire du Times of Israël.

Le ministre de la Défense Benny Gantz a accusé mardi l’Iran d’avoir transféré au Venezuela une technologie de drones ultra-perfectionnés, mettant en garde contre la menace posée par des matériels connus pour leur bilan meurtrier au Moyen-Orient, ces derniers mois.
Lors d’une réunion avec des dirigeants juifs américains, Gantz a présenté une photo attestant, selon lui, que le Venezuela avait importé des drones iraniens dotés de capacités d’attaque.
« Cette image montre un modèle du drone iranien de pointe Mohajer, présenté par le président vénézuélien lui-même », a déclaré Gantz à la Conférence des présidents des principales organisations juives américaines, à l’occasion d’une réunion à Jérusalem.
« Au-delà de la fabrication de drones iraniens au Venezuela, nos informations établissent que des [munitions à guidage de précision] iraniennes auraient été livrées pour équiper ces drones ainsi que des modèles similaires », a-t-il déclaré.
Des images publiées sur les réseaux sociaux l’an dernier attestaient de la présence de telles munitions dans le pays.
Les liens entre les deux alliés anti-américains, tous deux lourdement sanctionnés, se sont resserrés ces dernières années, à la faveur de la pression exercée par les États-Unis. En décembre, le président vénézuélien Nicolas Maduro a annoncé qu’il se rendrait bientôt en Iran à l’invitation du président iranien Ebrahim Raissi, pour approfondir la coopération.
« À la lumière de cette information, mes partenaires du monde entier, y compris africains et latino-américains, se disent très inquiets du soutien apporté par l’Iran au terrorisme », a déclaré Gantz lors de son discours mardi.
Le drone Mohajer-6 de fabrication iranienne serait capable de transporter jusqu’à deux munitions à guidage de précision Qaem, selon des images publiées par le ministère iranien de la Défense.
A small mockup of a #Iran|ian UCAV Mohajer-6 was spotted during a speech by the #Venezuela|n President Maduro. The speech was about the future production of multiple-purpose drones. There is thoughts and now speculation that the #IRGC affiliated EP-FAB and EP-FAA flights took… pic.twitter.com/JOhIqK9YJy
— Aurora Intel (@AuroraIntel) November 20, 2020
L’Iran a par ailleurs été accusé d’avoir armé les rebelles houthis, au Yémen, avec des drones utilisés pour attaquer des cibles en Arabie saoudite, aux Émirats arabes unis ainsi que les forces américaines en Irak, avec des effets parfois meurtriers.
Plus tôt cette semaine, le groupe terroriste Hezbollah, soutenu par l’Iran, a revendiqué le lancement d’un petit drone – vraisemblablement en mission de reconnaissance -, entré en Israël depuis le Liban sans avoir été intercepté par les forces israéliennes.
L’été dernier, Téhéran avait été accusé de l’attaque d’un navire lié à Israël en utilisant un drone, dans le golfe d’Oman. L’attaque avait coûté la vie à deux membres d’équipage, l’un britannique et l’autre roumain.

S’exprimant sur l’accord nucléaire iranien, Gantz a souligné que l’hypothèse d’un nouvel accord avec l’Iran « ne marque pas la fin des efforts ».
« Cela conduira à l’adoption de nouvelles mesures », a-t-il déclaré, parmi lesquelles « l’arrêt du développement de missiles balistiques capables de transporter des ogives nucléaires ».
« La mise en œuvre et la supervision des mesures par l’AIEA sont cruciales mais insuffisantes », a déclaré Gantz, évoquant l’organisme de surveillance nucléaire de l’ONU, ajoutant que « nous devons avoir des capacités offensives et un ensemble de sanctions prêtes au cas où l’Iran violerait l’accord ».
« Pendant la période du JCPOA [acronyme de l’accord nucléaire de 2015], l’Iran a augmenté son budget de sécurité de 50% », a-t-il déclaré.
« Nous devons faire face à l’agression iranienne et au soutien qu’elle apporte à ses alliés, tout comme il nous appartient de veiller à ce que leur « prétendu » budget sécuritaire n’augmente pas, et que l’argent n’alimente pas le terrorisme », a ajouté Gantz.
« L’Iran est un véritable défi, à la fois mondial et régional, pas seulement une menace pour l’État d’Israël », a-t-il conclu.
Les États-Unis ont imposé des sanctions à l’Iran, du fait de l’échec des négociations au sujet du programme nucléaire iranien et de la réactivation de l’accord de 2015 avec plusieurs autres puissances mondiales.
Des négociations sont en cours à Vienne pour sauver l’accord, qui s’effiloche depuis que les États-Unis se sont retirés de l’accord en 2018 et que l’Iran a réagi en augmentant ses activités nucléaires.
Le Venezuela est lui aussi sous le coup de sévères sanctions américaines, avec un impact sur les exportations de pétrole brut du pays.
L’administration Trump avait procédé à la fermeture de l’ambassade américaine à Caracas en mars 2019, après avoir reconnu le chef de l’opposition Juan Guaidó comme dirigeant légitime du Venezuela.
Depuis lors, l’hostilité des relations entre les deux pays n’a cessé de s’affirmer.