Groupe d’amitié France-Palestine : Bruno Fuchs rejette une présidence LFI
Le président de la Commission des affaires étrangères estime que le rôle des députés est d'aider à l'émergence d'une autorité capable d'administrer un futur État de Palestine mais qu'un insoumis risque « d'instrumentaliser » le groupe d'amitié ; il a par ailleurs auditionné la représentante de l'AP le même jour
« Nous parlementaires [travaillons] sur le jour d’après ». Jeudi 21 novembre, Bruno Fuchs, député MoDem de la 6ème circonscription du Haut-Rhin et président de la Commission des affaires étrangères de l’Assemblée nationale était l’invité de Christophe Barbier sur Radio J pour notamment parler de la création du groupe d’amitié France-Palestine actée la veille.
Le député s’est réjoui de la création du groupe d’amitié, qui pourtant ne respecte aucun critère requis pour la création d’un tel groupe, notamment parce que la France ne reconnaît pas l’État de Palestine. Il estime que l’intérêt d’un groupe d’amitié est de « créer des liens ».
Dans le cas de la Palestine, il s’agit, selon Bruno Fuchs, de contribuer à faire émerger une « autorité politique » capable « d’administrer » le futur État palestinien, que la France appelle de ses vœux puisqu’elle soutient la fameuse solution à deux États.
« Si on veut construire une paix et une sécurité pour Israël et une souveraineté pour le peuple palestinien, qui est une ligne sur laquelle la plupart des pays dans le monde se retrouvent, il faut penser à la suite », explique-t-il.
« Nous représentons les populations et donc nous sommes là pour essayer de trouver des liens, former à terme des parlementaires, des responsables qui vont pouvoir administrer cette autorité [palestinienne]. »
Bruno Fuchs se dit par ailleurs favorable à la reconnaissance d’un État palestinien par la France, comme c’est le cas depuis cette année par l’Espagne, l’Irlande et la Norvège. Il précise cependant que cette reconnaissance ne doit pas se faire dans les conditions actuelles, mais « qu’il faut attendre le bon moment ».
« Je pense que la France a cette position depuis très longtemps. Après c’est comment cet État peut être administré. On voit bien qu’aujourd’hui, il n’y a pas d’autorité politique pour administrer un État [en Palestine]. »
Au sujet de la polémique que la création du nouveau groupe d’amitié a suscité, Bruno Fuchs a tenu à tempérer en rappelant que « ce groupe existe déjà au Sénat ». Le Sénat a effectivement établi son propre groupe d’amitié France-Palestine en 1995 alors que les critères n’étaient déjà pas réunis.
Interrogé sur le vote qui aura lieu demain, lundi 25 novembre, pour élire la présidence du groupe, Bruno Fuchs rejette la perspective d’une présidence LFI, dont les députés ont pourtant permis la création du groupe qu’il appelle de ses vœux depuis des années.
« Je pense que c’est un groupe qui, s’il veut avoir toute sa force, ne doit pas être présidé par une tendance politique qui va essayer de l’instrumentaliser. »
Précisant ses propos, le député centriste insiste : « Je pense qu’un groupe d’amitié France-Palestine dirigé par un député LFI n’aurait pas la même légitimité, la même capacité à travailler dans l’intérêt des uns et des autres que s’il est présidé par un centriste par exemple ».
Bruno Fuchs soutient plutôt la candidature de son collègue du MoDem Richard Ramos, qui présidait jusqu’à présent un « groupe d’étude à vocation internationale » France-Palestine et qu’il souhaitait transformer en « groupe d’amitié ».
Mercredi 20 novembre, alors que la création du groupe d’amitié France-Palestine était actée, la commission des Affaires étrangères a auditionné au même moment la représentante de l’Autorité palestinienne en France, Hala Abou-Hassira.
Durant la séance, la députée des Français de l’étranger représentant notamment les Français d’Israël, Caroline Yadan, a interrogé Mme. Abou-Hassira au sujet des nombreuses incitations à la haine et à la violence contre les Juifs que l’on retrouve dans les manuels scolaires palestiniens.
« Glorifier nos martyrs, c’est normal », a répondu Hala Abou-Hassira. « Toute nation glorifie ses martyrs […] on combat pour la liberté. Mais il n’y a aucun propos antisémite dans nos manuels scolaires. Moi j’invite à une étude des manuels scolaires israéliens, ou à une étude croisée des deux manuels ».
Caroline Yadan l’a également interpellée au sujet du versement de salaires par l’Autorité palestinienne aux terroristes prisonniers et à leurs familles. Un « soutien nécessaire » à des familles « qu’on ne peut pas laisser dans la rue », a estimé la représentante palestinienne.