Guterres appelle – enfin – à une enquête sur les viols commis le 7 octobre
L'envoyé israélien a fustigé sept semaines de silence de la part de Guterres et le doute exprimé par ce dernier face aux violences sexuelles perpétrées pendant l'assaut terroriste du Hamas
Le secrétaire général de l’ONU, Antonio Guterres, a demandé pour la première fois et après un long silence que les accusations de violences sexuelles commises lors des massacres du 7 octobre fassent l’objet d’une enquête.
« Il y a également de nombreux témoignages de violences sexuelles perpétrées lors des actes atroces de terrorisme du Hamas qui doivent faire l’objet d’enquêtes rigoureuses et de poursuites », a écrit Guterres dans une publication sur X, anciennement Twitter, plus de 50 jours après les atrocités commises sur le sol israélien. « La violence basée sur le sexe doit être condamnée. À tout moment. N’importe où. »
Une publication qui est allée plus loin que les propos similaires qu’il avait tenus pendant un point-presse devant le Conseil de sécurité des Nations unies. Il n’avait explicitement mentionné, à ce moment-là, ni le Hamas, ni le mot « terrorisme » et il avait désigné le massacre du 7 octobre sous le nom « d’attaque ».
L’ambassadeur israélien aux Nations unies, Gilad Erdan, a fustigé Guterres pour avoir attendu presque huit semaines avant de parler de ces allégations.
« Les mots prononcés par le secrétaire général ne font que souligner le fait que s’agissant des femmes israéliennes, les violences sexuelles qui ont été prouvées par les autorités de l’État doivent encore ‘faire l’objet d’une enquête’, » a-t-il écrit dans un post paru sur X. « Pour lui, lorsque des femmes israéliennes sont concernées, il est légitime d’avoir des doutes et d’attendre 55 jours pour appeler une instance indéterminée à ‘mener une enquête’. »
Erdan a laissé entendre que Guterres « tente simplement de calmer la colère justifiée d’un grand nombre, dans le monde, contre son silence et contre le silence des Nations unies », notant que le chef de l’ONU n’éprouvait apparemment aucun doute similaire face aux affirmations faites par le Hamas et par le ministère de la Santé de Gaza, placé sous la coupe du groupe terroriste.
L’envoyé a ajouté que la mission israélienne prévoyait d’organiser un événement, la semaine prochaine, dans l’enceinte des Nations unies. « Nous y présenterons les preuves des crimes sexuels commis par le Hamas », a-t-il déclaré, invitant Guterres à venir et « à condamner sans ambiguïté le Hamas pour ces crimes choquants ».
Les responsables israéliens sont furieux contre les groupes de défense des droits de l’Homme et contre les organisations de défense des droits des femmes qui, dans le monde, ont rejeté les preuves et les témoignages portant sur les violences sexuelles commises pendant l’assaut meurtrier du Hamas dans le sud d’Israël, le mois dernier.
Les propos de Guerres ont été tenus quelques jours seulement après que le Bureau chargé des droits des Femmes au sein des Nations unies s’est retrouvé sous le feu des critiques, la semaine dernière, pour avoir publié et supprimé une condamnation « des attaques brutales du Hamas, le 7 octobre » sur les réseaux sociaux.
Sarah Hendriks, vice-directrice d’UN Women, a été interrogée par CNN sur le silence conservé par l’organisation sur la question, au cours d’un entretien qui a été diffusé mercredi.
Hendriks a expliqué que l’agence est « profondément alarmée face aux informations perturbantes qui font état de violences sexuelles et basées sur le sexe le 7 octobre », ajoutant que « nous condamnons absolument et sans la moindre équivoque toutes les violences faites aux femmes et aux petites filles ».
La journaliste de CNN, Bianna Golodryga, a ensuite demandé à Hendriks pourquoi le bureau avait été dans l’incapacité « d’interpeller spécifiquement le Hamas » suite aux « preuves croissantes qui se sont accumulées au cours des sept dernières semaines » qui attestaient de tels crimes de la part des terroristes, des preuves qui ont été réunies par les inspecteurs israéliens. Hendriks, une fois encore, n’a pas mentionné le Hamas, expliquant que son agence apportait son soutien à une enquête « impartiale et indépendante ».
“Is there a reason [@UN_Women] can’t specifically call out Hamas & the mounting evidence… Israeli investigators have collected… [of] the atrocities they committed on Oct 7?” @biannagolodryga spoke w/ @UN_Women’s @sarah_hendriks about the response to Oct 7. Watch their exchange. pic.twitter.com/azKaScBNgy
— Christiane Amanpour (@amanpour) November 29, 2023
Sur son compte sur X, Hendriks n’a jamais prononcé le nom du Hamas et elle n’a jamais dénoncé les allégations de viol et de violences sexuelles qui auraient été commises par le groupe terroriste, le 7 octobre.
Le principal compte d’UN Women n’avait pas mentionné ces informations en particulier avant le 25 novembre – lorsque l’agence avait indiqué qu’elle était « alarmée face aux informations portant sur des violences sexistes le 7 octobre & elle appelle à des investigations rigoureuses ». Une publication qui avait suivi des semaines d’appels à un cessez-le-feu à Gaza et de condamnation de la campagne militaire israélienne lancée dans la bande, sans aucune référence directe à l’assaut meurtrier qui a déclenché le conflit.
Les groupes israéliens de défense des droits des Femmes ont fustigé les organisations internationales pour leur ignorance des preuves croissantes qui viennent soutenir ces allégations.
« L’essence même de l’égalité entre les sexes et des groupes faisant la promotion des droits des Femmes, dans le monde entier, est de venir en aide aux victimes de telles atrocités. Le ventre d’une femme enceinte a été ouvert et le bébé qui se trouvait dans son ventre a été abattu. Comment peut-on garder le silence face à de telles horreurs ? », s’interroge Orit Sulitzeanu, directrice exécutive de l’Association des Centres de crise pour le viol en Israël, lors d’une conversation avec le Times of Israel.
Les enquêteurs israéliens sont en train de monter des dossiers contre les terroristes du Hamas qui ont commis des violences sexuelles pendant le massacre, le 7 octobre, avec pour objectif de traduire leurs auteurs devant les tribunaux pour viol et d’autres crimes.
« Nous avons de multiples témoins dans plusieurs dossiers » de violences sexuelles, a indiqué David Katz, qui dirige l’unité Lahav 433, la division chargée des enquêtes criminelles de la police israélienne, au début du mois. En plus des témoins directs, Katz et les porte-paroles de la police ont expliqué que les enquêteurs étaient en possession de vidéos et de témoignages apportés par les terroristes eux-mêmes, ainsi que de photographies des dépouilles des victimes qui montrent toutes que ces dernières ont subi des crimes sexuels.
Suite à ce carnage massif et sans précédent, des preuves matérielles de violences sexuelles n’ont pas été collectées sur le corps sans vie par les employés des morgues, alors qu’ils tentent encore d’identifier les personnes qui ont été tuées et dont les dépouilles, pour un grand nombre d’entre elles, ont été mutilées et brûlées.
Il y a toutefois des preuves significatives qui indiquent des violences sexuelles systématiques – mais les responsables des morgues n’ont pas pu définir ces violences comme des viols en raison de l’absence de preuves physiques conformes à ce que réclame le système judiciaire. En plus des témoignages des survivants, les officiels israéliens, les premiers secours et les employés des morgues ont établi que le Hamas avait violé les femmes dans le cadre de son assaut. Le Shin Bet a diffusé des vidéos de terroristes du Hamas qui ont été capturés sur le sol israélien, et qui affirment sur les images qu’ils avaient reçu l’ordre de violer des femmes juives.
La décision – prise dans un contexte de guerre, avec la nécessité pressante d’identifier les morts – de ne pas utiliser les protocoles laborieux d’enquête qui entrent habituellement dans le cadre des dossiers pour viol a nourri le scepticisme à l’international, nombreux étant ceux qui doutent face aux violences sexuelles subies par les victimes du 7 octobre.
Carrie Keller-Lynn a contribué à cet article.