Herzog rencontre l’opposition pour la 2e journée de négociations sur la réforme
Absent le 1er jour des discussions, Avoda déclare être venu à la table des négociations pour s'assurer que les réformes ne passeront pas ; Raam et Hadash-Taal sont aussi présents
Le président Isaac Herzog a rencontré mercredi des représentants de plusieurs factions de l’opposition, lors de la deuxième journée de négociations sur les projets du gouvernement visant à remanier radicalement le système judiciaire.
Herzog s’est entretenu avec les partis Avoda, Raam et Hadash-Taal, marquant ainsi la dernière série de réunions depuis que le Premier ministre Benjamin Netanyahu a annoncé lundi une pause dans le processus législatif de la coalition face à l’opposition nationale croissante à la refonte.
Aucun de ces partis n’était présent aux réunions de mardi à la résidence présidentielle. Avoda et le parti d’opposition Yisrael Beytenu y avaient exprimé des doutes quant à l’engagement du Likud, le parti de Netanyahu à négocier en toute bonne foi.
« Nous sommes venus pour nous assurer, de l’intérieur, que le paquet des réformes ne revienne pas à la Knesset par la porte de derrière », a déclaré le parti Avoda dans un communiqué à l’issue de la réunion.
Avoda a indiqué que ses conditions à tout accord comprenaient « la protection constitutionnelle des droits de l’Homme » et la garantie de l’indépendance du système judiciaire. Les représentants du parti ont également appelé à « mettre complètement de côté les propositions de remaniement du pouvoir judiciaire ».
Expliquant sa décision de participer aux pourparlers, le parti Avoda s’est qualifié de « gardien des valeurs démocratiques » et a rencontré Herzog à ce titre.
« Nous veillerons à nous conduire en toute transparence, comme nous l’avons fait jusqu’à présent, et à entretenir un dialogue continu et approfondi avec les leaders de la contestation publique, la société civile et les experts en droit et en sciences politiques », a déclaré le parti.
Le chef du parti Raam, Mansour Abbas, a déclaré à une station de radio arabe que son parti islamiste quitterait les pourparlers si ses membres estimaient que leur participation n’était qu’une façade.
Hadash-Taal, une alliance radicale de deux partis majoritairement arabes, a déclaré à Herzog qu’il n’avait « aucune confiance » dans la pause annoncée par Netanyahu, citant « l’expérience du passé ».
« Nous nous opposons aux simagrées de transparence visant à entraver les manifestations », a déclaré l’alliance dans un communiqué. « Le moment est venu d’établir une démocratie et une égalité totales et non de se contenter de revenir au statu quo. »
Yisrael Beytenu a quant à lui continué à se tenir à l’écart des négociations, le chef du parti laïc de droite, Avigdor Liberman, ayant répété, qu’il estime qu’il s’agit d’une « duperie » de la part de Netanyahu et de sa coalition de droite, d’extrême-droite et religieuse.
Liberman a lancé cette accusation après que le ministre de la Justice, Yariv Levin, s’est engagé à reprendre les efforts en vue de l’adoption de la législation judiciaire après le congé de Pessah de la Knesset. Levin, numéro deux du Likud et figure de proue du projet de réforme du système judiciaire, a déclaré à un partisan que la coalition organiserait des rassemblements dans tout le pays « pour montrer ce que veut la majorité du public ».
En réponse, le chef de l’opposition, Yaïr Lapid, a appelé Netanyahu à établir clairement qu’il ne partage pas même le point de vue que Levin.
« Le ministre de la Justice est en train de dire que les négociations à la résidence présidentielle s’apparentent à une fraude », a écrit Lapid sur Twitter, se référant aux discussions de mardi.
Il a ensuite déclaré à la Douzième chaîne que lui et d’autres personnes abordaient les négociations avec circonspection.
Les pourparlers se sont ouverts mardi avec des délégations représentant le Likud, Yesh Atid et HaMahane HaMamlahti à la résidence présidentielle. La première journée de réunion n’a pas abordé le fond de la potentielle réforme, mais s’est plutôt concentrée sur le mécanisme de négociation. La Douzième chaîne a rapporté qu’elle visait également à favoriser une atmosphère amicale plus propice aux discussions que la rhétorique enflammée et combative que les parties ont employée l’une contre l’autre publiquement pendant des semaines.
Les tensions autour de ce remaniement se sont considérablement apaisées depuis l’annonce de la suspension de la législation lundi, un jour après que Netanyahu a limogé le ministre de la Défense Yoav Gallant pour avoir publiquement demandé un gel. Mais la question reste une bombe à retardement, car les dirigeants des mouvements de protestation pensent que le gouvernement a toujours l’intention d’aller jusqu’au bout pour restreindre radicalement le pouvoir judiciaire.
Mardi, le président américain Joe Biden s’est prononcé pour la première fois contre la réforme, appelant Netanyahu à faire marche arrière. Le Premier ministre israélien a rapidement rejeté ces remarques, estimant qu’il s’agissait d’une ingérence dans les affaires internes d’Israël. Mercredi, il a rejeté les inquiétudes concernant le projet de réforme, tout en affirmant qu’il était déterminé à parvenir à un consensus, lors de son intervention au Sommet pour la démocratie organisé par le Département d’État américain.