La Haute Cour donne 7 jours à Kisch et à l’État pour expliquer les modifications du Prix Israël
Les requérants demandent que le Prix Israël 2024 soit rétabli alléguant que la mesure a été prise pour éviter de décerner l'honneur à un fervent critique du gouvernement
Jeremy Sharon est le correspondant du Times of Israel chargé des affaires juridiques et des implantations.
La Haute Cour de justice a ordonné jeudi au ministre de l’Éducation Yoav Kisch et au gouvernement de répondre dans un délai d’une semaine aux recours demandant l’annulation de la décision prise le mois dernier par Kisch de réduire de manière drastique le montant du prestigieux Prix Israël pour 2024.
Les juges de la Haute Cour Isaac Amit, Ofer Grosskopf et Alex Stein ont donné au ministre de l’Éducation et à l’État jusqu’au 21 mars pour soumettre leurs réponses.
À la mi-février, le gouvernement a annoncé que les catégories du Prix Israël, la plus haute distinction civile du pays, seraient annulées pour 2024 et que deux nouvelles catégories liées à la guerre en cours contre le groupe terroriste palestinien du Hamas à Gaza seraient attribuées à la place.
Mais un article publié par le quotidien Maariv à la fin du mois de février affirmait que Kisch avait agi de la sorte pour éviter de décerner le prix de l’entrepreneuriat au principal candidat, l’entrepreneur technologique Eyal Waldman, un fervent critique du programme du gouvernement en matière de refonte du système judiciaire.
Waldman lui-même, dont la fille Danielle a été assassinée par des terroristes du Hamas lors du massacre au festival Supernova le 7 octobre, a affirmé lors d’une audition de la commission des Sciences et des Technologies de la Knesset au début du mois que Kisch et des proches collaborateurs du Premier ministre Benjamin Netanyahu avaient fait pression sur le comité de sélection du Prix d’Israël pour qu’il revienne sur sa décision de lui décerner cette distinction.
À la fin du mois de février, Shahar Ben Meïr a déposé un recours auprès de la Haute Cour, arguant que Kisch et le gouvernement avaient agi sans autorité et en violation du règlement du Prix Israël en réduisant celui-ci à seulement deux catégories liées à la guerre.
Début mars, un deuxième recours a été déposé par le groupe Bashaar (Academic Community for Israeli Society), qui représente quelque 2 000 universitaires, estimant que la décision de Kisch a causé un « dommage mortel » à l’institution du Prix Israël, a porté atteinte aux droits des membres du comité de sélection et aux droits du grand public d’obtenir une reconnaissance publique de leur travail.
Les deux recours demandaient à la Haute Cour d’ordonner à Kisch de revenir sur sa décision et de rétablir le Prix Israël dans son format d’origine.
Dans les ordonnances rendues jeudi, la Haute Cour a indiqué qu’elle fixait un délai court pour l’affaire en raison de la proximité des recours avec Yom HaAtsmaout.
Les requérants ont jusqu’au 26 mars pour soumettre leurs arguments de fond à la Cour, et une audience a été fixée au 28 mars.
Dans ses ordonnances, la Cour a accédé à la demande de deux comités de sélection du Prix Israël d’être ajoutés en tant que défendeurs aux recours afin qu’ils puissent « contribuer et apporter une aide substantielle » à l’évaluation des plaintes déposées contre Kisch et le gouvernement.
La Cour a également accepté d’interdire la publication des noms des membres des comités et de leur raisonnement concernant l’attribution du prix.
Depuis sa création en 1953 par le ministre de l’Éducation de l’époque, Ben-Zion Dinor, le Prix Israël est décerné à des Israéliens dans les domaines des sciences sociales, des sciences humaines, des sciences de la vie et des sciences exactes, de l’art et des contributions spéciales à l’État d’Israël et à la société israélienne. Il a été décerné chaque année depuis lors, même les années où Israël était en guerre.