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L’Autriche élit un nouveau président, l’extrême droite aux portes du pouvoir

Norbert Hofer était arrivé largement en tête au premier tour avec 35 % des suffrages ; sa victoire serait la première élection à la tête d'un Etat de l'UE d'un représentant d'un parti radical et nationaliste

Les partisans de l'aile droite du Parti autrichien de la liberté (FPÖ)  assistent à un dernier rassemblement de la campagne électorale de Hofer à Vienne, en Autriche, le 20 mai 2016.  (Crédit : Joe Klamar/AFP)
Les partisans de l'aile droite du Parti autrichien de la liberté (FPÖ) assistent à un dernier rassemblement de la campagne électorale de Hofer à Vienne, en Autriche, le 20 mai 2016. (Crédit : Joe Klamar/AFP)

L’Autriche élit dimanche un nouveau président lors d’un scrutin très suivi en Europe où un candidat d’extrême droite, Norbert Hofer, est donné favori face à l’écologiste Alexander Van der Bellen, après l’élimination au premier tour des grands partis au pouvoir.

Quelque 6,4 millions d’électeurs sont appelés aux urnes pour désigner un successeur au social-démocrate Heinz Fischer, qui achève son deuxième mandat et ne pouvait pas se représenter.

Les bureaux de vote ouvriront à 05h00 GMT et fermeront à 15h00 GMT, heure à laquelle seront publiées les premières estimations.

« Je serai président », a assuré M. Hofer, 45 ans, qui est arrivé largement en tête au premier tour avec 35 % des suffrages, meilleur score à un scrutin national de son parti, le FPÖ. M. Van der Bellen avait recueilli 21,3 % des voix.

Une victoire de M. Hofer, un ingénieur aéronautique âgé de 45 ans, militant depuis sa jeunesse au FPÖ et vice-président du parlement autrichien depuis 2013, constituerait la première élection à la tête d’un Etat de l’Union européenne d’un représentant d’un parti radical et nationaliste.

Le président de la Commission européenne, Jean-Claude Juncker, a exprimé à la l’avant-veille du scrutin sa crainte de « voir la droite pure et dure et l’extrême droite » l’emporter dimanche en Autriche, une perspective applaudie en revanche par le Front national français.

En 2000, l’entrée au gouvernement autrichien du FPÖ, alors dirigé par Jörg Haider, avait provoqué des sanctions européennes et valu à ce pays le statut de paria au sein de l’Union.

Le candidat du parti d'extrême-droite FPÖ, Norbert Hofer, pendant le premier tour de l'élection présidentielle autrichienne, à Pinkafeld, le 24 avril 2016. (Crédit : AFP/Dieter Nagl)
Le candidat du parti d’extrême-droite FPÖ, Norbert Hofer, pendant le premier tour de l’élection présidentielle autrichienne, à Pinkafeld, le 24 avril 2016. (Crédit : AFP/Dieter Nagl)

Les observateurs reconnaissent un statut de favori à Norbert Hofer, tout en restant prudents, faute de sondages entre les deux tours.

Les partis social-démocrate (SPÖ) et conservateur (ÖVP), au pouvoir depuis la Seconde guerre mondiale, ont subi une déroute historique au premier tour, atteignant moins de 11,3 % chacun, sur fond de crise migratoire et de morosité économique.

‘Folie du nationalisme’

Aucun parti, à l’exception des Verts qu’il a dirigés pendant plusieurs années, n’a donné de consigne de vote en faveur de M. Van der Bellen, conformément à la tradition politique du pays.

Cet ancien professeur d’université âgé de 72 ans, tenant d’une ligne centriste et libérale, a toutefois recueilli de nombreux soutiens de personnalités, ce qui lui a valu d’être qualifié de « candidat de l’establishment » par M. Hofer.

M. Van der Bellen a appelé vendredi à faire barrage à l’extrême droite, rappelant que « la folie du nationalisme » avait causé la ruine du pays.

Porté par la crise des migrants qui a vu 90 000 personnes demander l’asile en Autriche en 2015, soit plus de 1% de sa population, M. Hofer s’est gardé des dérapages ouvertement xénophobes qui avaient fait la marque de son parti par le passé.

Ce député discret et policé, qui a contribué à lisser l’image de son parti, a principalement axé son discours sur l’emploi et le niveau de vie des Autrichiens, assurant qu’il n’entendait pas voir son pays quitter l’UE, à moins que la Turquie n’y adhère.

Mais M. Hofer, un proche conseiller du chef du FPÖ, Heinz-Christian Strache, a prévenu qu’il entendait être un « président actif », en rupture avec le rôle essentiellement protocolaire joué jusqu’à présent par les chefs d’Etat autrichiens.

En Autriche, le président n’intervient pas dans la gestion quotidienne du pays mais dispose de prérogatives formelles importantes comme celle de révoquer le gouvernement.

M. Hofer, qui en droit pourrait nommer M. Strache à la chancellerie et provoquer ainsi de nouvelles élections, a assuré que « le renvoi du gouvernement ne serait (…) que le dernier recours ». Mais M. Strache a d’ores et déjà réclamé de nouvelles législatives, que son parti espère remporter.

Le ciel s’est légèrement éclairci pour M. Van der Bellen à l’approche du second tour, avec la démission du chancelier Werner Faymann (SPÖ), un des principaux boucs émissaires de M. Hofer. M. Faymann a été remplacé par Christian Kern, jusqu’alors patron respecté du rail autrichien.

Près de 900 000 électeurs ont demandé à voter par correspondance pour le scrutin, soit plus de 14% du corps électoral, un record. Ce vote par correspondance, d’ordinaire défavorable au FPÖ, ne sera pas dépouillé avant lundi, ce qui pourrait retarder d’autant la proclamation d’un vainqueur en cas de résultats serrés

Le nouveau président, élu pour un mandat de six ans, prendra ses fonctions le 8 juillet.

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