Le droit au retour des réfugiés reste sacré pour l’AP
L'administration Trump est accusée d'essayer de contraindre les Palestiniens à abandonner leurs espoirs avec la menace de 'chantage' de coupe des aides versées à l'UNRWA
Le problème des réfugiés palestiniens et leur « droit au retour » sont sacrés et ne peuvent faire l’objet de marchandage, ont annoncé l’Autorité palestinienne et le parti du Fatah jeudi.
Dans un communiqué, l’AP a semblé riposté contre ce qui serait selon elle une tentative américaine de renégocier le droit du retour des réfugiés en Israël dans les limites pré-1967, en redéfinissant ce qu’est un réfugié palestinien.
« La partialité américaine [en faveur d’Israël] et l’attaque frénétique menée contre le droit au retour n’altéreront pas le statut légal de cete question, qui est une cause politique et nationale créée en résultat de l’occupation et de ses crimes menés au cours des 70 dernières années », a fait savoir dans une déclaration le ministère de l’Information de l’AP dans un communiqué.
Israël a systématiquement refusé de permettre à tous les réfugiés palestiniens de s’établir en Israël, considérant ce retour comme une menace démographique existentielle, et la plupart des formules pour un accord de paix n’envisagent le retour que d’un nombre symbolique de réfugiés.
Sur les centaines de milliers de réfugiés ayant quitté – ou ayant été contraints de quitter – Israël lors de l’établissement du pays, ils seraient quelques milliers à être encore en vie. Mais leurs descendants, considérés comme des réfugiés, selon la seule définition établie par l’ONU, seraient des millions.
Israël a, depuis des années, demandé que l’ONU modifie sa définition des réfugiés palestiniens et que les Nations unies utilisent les mêmes critères appliqués aux autres populations de réfugiés dans le monde. L’aide humanitaire aux autres groupes de réfugiés est supervisée par le Haut commissariat aux réfugiés (HCR) – qui n’accorde pas le statut de réfugié aux descendants des réfugiés originaux – tandis que les Palestiniens reçoivent de l’aide de la part de l’Office de secours et de travaux des Nations unies pour les réfugiés de Palestine dans le Proche-Orient (UNRWA).
Les Etats-Unis ont récemment coupé les financements qu’ils versent à l’UNRWA et les responsables israéliens ont soutenu cette décision tout en demandant qu’à la place, l’argent soit distribué via le Haut commissariat aux réfugiés.
« Les fonds à destination de l’UNRWA doivent être petit à petit transférés au haut-commissaire aux réfugiés avec des critères clairs de soutien des vrais réfugiés, plutôt qu’à des réfugiés fictifs – ce qui arrive aujourd’hui avec l’UNRWA », a indiqué le Premier ministre Benjamin Netanyahu lors d’une rencontre du cabinet le mois dernier.
« L’UNRWA est une organisation qui perpétue le problème des réfugiés palestiniens », a-t-il ajouté. « Elle perpétue également le narratif de ce qu’on appelle le ‘droit au retour’ avec pour objectif d’éliminer l’Etat d’Israël et l’UNRWA doit donc disparaître ».
Le ministère de l’AP a dénoncé les propos de Netanyahu, les qualifiant de « mensongers ».
Le ministère a également dénoncé un récent reportage diffusé sur la chaîne Hadashot selon lequel l’administration Trump réfléchirait à mettre un terme à toute l’aide financière qu’elle verse à l’UNRWA, déclarant que cette dernière rejette les critères de l’ONU sous lesquels le statut de réfugié serait élargi aux millions de descendants des tous premiers réfugiés.
Se référant à Trump comme au « gouvernant de la Maison Blanche », le ministère a accusé le président américain de chercher à faire chanter les Palestiniens.
« Cela ne dissuadera pas notre peuple de nous en tenir au droit sacré du retour et cela n’exonérera pas Israël du crime de nettoyage ethnique commis par le pays en 1948 », a fait savoir le communiqué de l’AP.
« Les illusions de Netanyahu pour contrecarrer le droit au retour n’aboutiront pas parce que les résolutions internationales qui ont créé Israël sont les mêmes qui ont accepté le droit au retour et l’indemnisation [des réfugiés].
Le ministère de l’AP a appelé à considérer la date du 15 février comme une journée de « solidarité médiatique » avec les réfugiés palestiniens et l’UNRWA.
Le porte-parole du Fatah Osama Qawassmeh a partagé le même point de vue, estimant que le droit au retour est « sacré ».
Les fils de réfugiés, a-t-il ajouté, sont également des réfugiés.
“Ni Trump ni qui que ce soit d’autre n’est autorisé à abroger la résolution 194 des Nations unies », a déclaré le porte-parole du Fatah, se référant à la résolution adoptée en 1948 qui définit les principes de l’établissement d’un accord final dans le conflit israélo-palestinien et le retour chez eux des réfugiés.
« Nous ne devons pas ressentir de frustration parce que l’administration Trump et Netanyahu veulent briser notre volonté », a dit Qawassmeh.
« Ils veulent que nous brandissions le drapeau blanc. Ils veulent nous obliger à venir à la table des négociations où ne figurent ni Jérusalem, ni la question des réfugiés. Mais le Fatah ne l’acceptera pas ».
L’équipe du Times of Israel a contribué à cet article.