Le ministre de la Défense veut enrôler 50 % des haredim éligibles sur sept ans
Selon Israel Katz, cette loi ne peut être élaborée qu'en coopération avec les dirigeants ultra-orthodoxes ; il rejette l'évaluation de Tsahal selon laquelle un nombre illimité de haredim seront recrutés dès 2026

Le ministre de la Défense, Israel Katz, s’est opposé mardi à l’affirmation de l’armée israélienne selon laquelle elle pourra bientôt enrôler des hommes ultra-orthodoxes sans restriction. Il a déclaré aux parlementaires que le nombre de haredim enrôlés dans l’armée devrait être augmenté progressivement d’année en année jusqu’à ce qu’il atteigne 50 % de la liste annuelle des recrues ultra-orthodoxes éligibles en 2032.
Katz a présenté à la commission des Affaires étrangères et de la Défense de la Knesset ce qu’il a décrit comme un ensemble de principes fondamentaux qui sous-tendent sa vision de l’enrôlement des ultra-orthodoxes, prévoyant des exemptions permanentes du service militaire pour un grand nombre de haredim.
« Je suis venu ici aujourd’hui pour présenter les principes d’un projet qui aboutira à la conscription de dizaines de milliers de haredim », a déclaré Katz.
Devant la commission, Katz a déclaré qu’il n’avancerait aucune loi relative à l’enrôlement des ultra-orthodoxes à moins qu’elle ne réponde à deux critères.
Premièrement, s’assurer qu’elle permet aux haredim de s’engager dans un service « réel et significatif ». Le deuxième critère porte sur la préservation du « monde de la Torah », une référence au réseau de yeshivot à plein temps qui font partie intégrante de la société ultra-orthodoxe.
Avant l’intervention de Katz, des dizaines d’Israéliens ont manifesté mardi devant la Knesset contre un projet de loi sur la conscription des ultra-orthodoxes. Ce projet de loi vise à limiter le nombre d’hommes haredim enrôlés dans l’armée.

Les manifestants ont brandi des drapeaux d’Israël et une civière, et ont appelé les ultra-orthodoxes à « assumer le fardeau » du service militaire au même titre que les autres citoyens.
Laly Derai, mère du sergent de première classe (Rés.) Saadia Derai, tué au combat dans la bande de Gaza, figurait parmi les personnes qui ont mené la marche du cimetière militaire du mont Herzl jusqu’à la Knesset.
« Les réservistes et les soldats de l’armée régulière portent un fardeau si lourd », a déclaré Derai à Ynet au début de la marche.
« Nous ne pouvons pas continuer sans élargir le cercle de ceux qui portent la civière. »

En ce qui concerne le plan de Katz, Derai a indiqué que même si elle croit que le ministre de la Défense a de bonnes intentions, « il ne comprend pas l’urgence – nous ne pouvons pas attendre sept ans jusqu’à ce qu’ils soient enrôlés ».
Elle a appelé les parlementaires à élaborer un texte de loi « inflexible » qui ne permette pas à des jeunes en bonne santé de se soustraire au service militaire dans l’armée israélienne par « toutes sortes d’échappatoires » en s’inscrivant dans une yeshiva.
Katz a déclaré que Tsahal entendait enrôler 4 800 haredim cette année, 5 700 l’année suivante et un nombre déterminé chaque année, pour atteindre 50 % des ultra-orthodoxes éligibles dans un délai de sept ans. Le service civil dans des organisations telles que le groupe de volontaires Zaka, qui intervient en cas de catastrophe, ne sera pas pris en compte dans ces chiffres.
Des sanctions seront prises à l’encontre de ceux qui se soustraient à l’appel sous les drapeaux, et les jeunes hommes cesseront de servir dans l’armée et n’auront plus besoin d’être exemptés à 26 ans, a ajouté Katz.

Il a également proposé des sanctions financières à l’encontre des établissements d’enseignement, tels que les yeshivot, et des individus, en cas de non-atteinte des quotas annuels d’enrôlement de la communauté ultra-orthodoxe prévus par son plan de conscription.
Il s’agit notamment de sanctions personnelles à l’encontre de toutes les personnes désignées pour le service, y compris celles qui étudient dans les yeshivot, a-t-il souligné.
« J’ai été convaincu, au fil des discussions, qu’il fallait sanctionner non seulement les yeshivot, mais aussi les étudiants, ce qui n’a pas été le cas jusqu’à présent », a-t-il déclaré.
Le ministre de la Défense a insisté sur le fait que la loi réglementant l’enrôlement des ultra-orthodoxes devait être adoptée avec le soutien des dirigeants de cette communauté.
« Parce que les haredim représenteront un tiers de la population israélienne, il est important à mon avis de promouvoir une loi basée sur le dialogue et le consensus, y compris de la part des leaders publics haredim », a déclaré Katz aux membres de la commission des Affaires étrangères et de la Défense de la Knesset.
« Les objectifs doivent être réalistes et refléter la relation correcte entre le souhait et le possible », a-t-il ajouté.
La proposition d’enrôlement de Katz a été accueillie par des huées de la part des parlementaires, certains l’accusant bruyamment de promouvoir l’évasion et de faire de la politique politicienne.
« Je n’ai pas dormi de la nuit cette année pendant que mon fils était à Gaza et au Liban », a crié la députée Efrat Rayten, membre du parti Les Démocrates.

« Vous n’avez pas mentionné les besoins de Tsahal parmi vos principes », a hurlé la députée Merav Michaeli (Les Démocrates). D’autres ont fait remarquer que l’armée avait indiqué à la commission la semaine dernière qu’à partir de 2026, elle aurait la capacité d’absorber les recrues haredim « sans aucune restriction ».
Le général de brigade Shay Tayeb, chef du Directorat de la Planification et de la gestion du personnel du Directorat des Ressources humaines, qui a témoigné la semaine dernière de la capacité croissante de Tsahal à absorber les haredim, a brillé par son absence lors de l’audition.
Répondant aux critiques des députés selon lesquelles son plan d’enrôlement contredit les propres estimations de Tsahal, Katz a affirmé que « la capacité de recruter et d’incorporer sont deux choses différentes ».
« La capacité de recruter dans la pratique est liée aux domaines d’accord avec les dirigeants du secteur haredim et à l’existence d’une loi qui réglemente le statut des érudits de la Torah. En l’absence d’un accord juridique, la capacité d’incorporation n’existe que sur le papier », a fait valoir le ministre de la Défense.
Les dirigeants ultra-orthodoxes ont qualifié les efforts visant à enrôler des membres de leur communauté d’attaque contre la religion et ont affirmé que même ceux qui ne se consacrent pas à l’étude de la Torah à plein temps ne devraient pas s’enrôler.
Dans un arrêt historique rendu à l’unanimité en juin, la Haute Cour de justice a déclaré que le gouvernement devait enrôler les ultra-orthodoxes étudiant en yeshiva dans l’armée, puisqu’il n’existait plus de cadre juridique permettant de poursuivre la pratique de plusieurs décennies consistant à leur accorder des exemptions générales du service militaire.
Depuis lors, des milliers d’ordres ont été émis, mais peu de haredim se sont enrôlés, l’écrasante majorité de ceux qui remplissent les conditions pour faire leur service militaire sont toujours réfractaires à rejoindre les rangs de l’armée.
Le Premier ministre Benjamin Netanyahu, dont la majorité au pouvoir dépend du soutien des partis ultra-orthodoxes Yahadout HaTorah et Shas, a cherché à répondre à leur demande d’un projet de loi qui maintienne leur large exemption du service militaire ou d’autres services nationaux.
Un projet de loi traitant de la question de l’enrôlement est actuellement bloqué à la commission des Affaires étrangères et de la Défense de la Knesset, dont le président, le député Yuli Edelstein (Likud), a déclaré que les besoins de Tsahal devaient passer en premier et que le groupe ne ferait avancer le projet de loi que si les parlementaires parvenaient à un « large consensus » sur la question.
Malgré les questions des députés, Katz n’a pas été en mesure de fournir plus de détails sur sa proposition, car l’audience a été détournée par des représentants des familles d’otages qui s’en sont en pris au ministre de la Défense. Ces derniers lui ont demandé pourquoi leurs proches ne figuraient pas sur la liste des personnes qui devaient être libérées de Gaza dans le cadre d’un accord potentiel actuellement en cours de négociation avec le groupe terroriste palestinien du Hamas.
« Ils procèdent à une sélection », a déclaré un membre de la famille, faisant référence à la pratique nazie consistant à sélectionner ceux qui vivront ou mourront dans les camps de concentration.
« J’ai été membre du Likud toute ma vie », s’est écriée Hanna Cohen, dont la nièce Inbar Haïman a été assassinée en captivité par le Hamas en 2023.

« Je veux qu’on me la rende pour qu’elle soit enterrée en Israël. »
« Pas de liste de Schindler », a-t-elle hurlé.
S’adressant au Times of Israel après le débat, le député Evgeny Sova (Yisrael Beytenu) a déclaré qu’il ne pensait pas qu’il y ait une chance que la commission adopte une loi conforme aux idées de Katz dans un avenir proche, tandis que le député Moshe Tur-Paz a qualifié la proposition de « trop peu, trop tard ».
Du côté de la coalition, le député Dan Illouz (Likud), qui a été écarté de la commission en novembre en raison de son opposition au texte visant à réduire les sanctions à l’encontre des déserteurs, a déclaré qu’il estimait qu’il était trop tôt pour juger la proposition du ministre.
« Je salue la tentative du ministre Katz de trouver une solution à ce grave problème. Il reste de nombreuses questions sans réponse que nous devrons traiter en commission avant de voir si la loi sera efficace et si je peux la soutenir », a souligné Illouz.