Le terrorisme secoue le quotidien du Gush Etzion
Durement touchés par une série d'attaques, les résidents des communautés situées à mi-chemin entre Jérusalem et Hébron exigent de la sécurité
Un soldat se tient à l’intérieur d’une barrière en béton en forme de U à un rond-point calme, au carrefour du Gush Etzion, avec un casque sur la tête et un gilet pare-balles autour de son torse.
La barrière est un ajout récent au décor du carrefour, un point de transit important pour la région, et les résidents l’ont déjà décoré de slogans politiques.
Sur un côté, une peinture représentant des maisons blanches carrées sur des collines brunes avec le slogan « Gush Etzion, une maison israélienne ». Sur un autre, il y a une affiche avec le slogan « Kahane avait raison » en lettres noires et en caractères gras, en référence à Meir Kahane, le rabbin extrémiste qui voulait expulser de Cisjordanie les Palestiniens.
Les deux ajouts reflètent la tension entre la sécurité et la normalité qui est la réalité pour les résidents du Gush.
Le Gush Etzion, un groupe de localités dortoir à environ 30 minutes au sud de Jérusalem, ressemble en général à n’importe quelle autre banlieue israélienne. Mais une série d’attaques terroristes depuis quelques semaines a brisé le calme de la région, en mettant ses résidents en état d’alerte et en suscitant des appels à une présence militaire accrue.
Jeudi dernier, un Palestinien a ouvert le feu au croisement sur un véhicule en mouvement avant de foncer avec sa voiture sur une autre voiture, tuant trois personnes, parmi eux un étudiant de yeshiva américain.
Dimanche, une Israélienne de 21 ans est morte après avoir subi plusieurs coups de couteau. Plusieurs autres attaques et tentatives d’attaques au couteau ont été signalées au carrefour depuis un mois.
« Notre quartier ressemble au Vietnam », a dit Rivka Epstein Happin, qui vit dans une implantation de Gush adjacente à l’intersection, où elle a organisé lundi une manifestation.
« Jour après jour, il y a davantage de soldats. Une fois qu’un terroriste arrive dans notre quartier, c’est trop tard. Nous devons arrêter le flux de terroristes dans nos quartiers ».
Situé à mi-chemin entre Jérusalem et Hébron, les 21 implantations qui composent le Gush Etzion abritent environ 70 000 Juifs. La majeure partie de ces habitants vivent dans deux villes, Efrat et Betar Illit, les autres dans des petites localités. Toute la region devrait continuer à faire partie d’Israël dans tout accord de paix potentiel.
Les Juifs se sont installés pour la première fois dans le Gush Etzion avant la création de l’Etat d’Israël en 1948, mais la région est tombée entre les mains des Arabes durant la guerre d’Indépendance. La zone a été repeuplée après la victoire d’Israël lors de la guerre des Six Jours de 1967.
Le croisement du Gush Etzion est un carrefour commercial et de transit majeur pour le sud de la Cisjordanie.
Les autobus la traversent, en route vers Jérusalem et Hébron, tandis que les habitants l’utilisent souvent comme un point d’auto-stop. Un centre commercial a surgi sur son côté sud-ouest avec un supermarché, un café, une station d’essence et de réparation de pneus.
Beaucoup de Palestiniens locaux travaillent dans les maisons et les entreprises appartenant à des Juifs, et Palestiniens et Israéliens font leurs courses et travaillent ensemble au supermarché.
Maintenant, un véhicule blindé est posté devant la grande surface, qui est entourée d’une clôture, et les ouvriers palestiniens n’ont plus le droit d’entrer dans les implantations.
Deux soldats se tiennent à chaque sortie du rond-point prêts à vérifier les voitures palestiniennes. Des blocs de béton ont été placés devant les arrêts de bus pour se prémunir contre les attentats à la voiture bélier.
En tout, environ 20 soldats patrouillent maintenant sur le carrefour, et l’armée israélienne procède à une trentaine d’arrestations par semaine dans les villages palestiniens avoisinants afin de prévenir d’eventuelles attaques.
La normalité apparente de la région est ce qui fait d’elle une telle cible attrayante, explique un commandant militaire israélien en poste dans la région. Au-delà de tuer des Israéliens, a-t-il dit, les terroristes espèrent transformer un endroit tranquille en zone de guerre.
« Il ne s’agit pas seulement de s’en prendre à la vie des gens », a déclaré le commandant, qui a requis l’anonymat selon le protocole de l’armée. « Cela touche le tissu social, et les mesures que nous prenons, de leur point de vue, représentent déjà une sorte de succès. »
L’officier a déclaré que son objectif était de « minimiser la friction » dans la région, mais certains résidents veulent que l’armée aille plus loin. Lors d’une manifestation lundi au carrefour, des centaines de femmes ont exigé de meilleures mesures de sécurité, certains orateurs suggérant de fermer aux Palestiniens les principaux axes routiers.
« Toutes les routes du bloc sont des routes destinées uniquement aux Juifs », a déclaré Ruti Hasano, une habitante de Kiryat Arba, une implantation au sud d’Hébron, dont le mari a été tué le mois dernier quand un terroriste l’avait intentionnellement ecrasé avec son camion.
« Ils les ont ouvertes pour nous. Avant qu’ils n’aient construit ces routes, [les Palestiniens] avaient leurs propres chemins. Ils doivent revenir à ces chemins ».
Shuli Mouallem, une députée du parti de droite HaBayit HaYehudi, a appelé le gouvernement à lancer une opération militaire en Cisjordanie et à annexer officiellement le Gush Etzion à Israël.
« Les Arabes n’ont plus rien à faire dans le Gush Etzion, » a dit Mouallem, qui vit dans l’implantation de Neve Daniel du Gush. « Nous intensifions la guerre contre le terrorisme. »
Mais d’autres résidents des implantations pensent que plus de séparation d’avec leurs voisins ne fera qu’empirer les choses, aliénant encore davantage les Palestiniens et poussant plus d’entre eux à commettre des actes de terreur.
« Nous devons intérioriser qu’en Israël, aussi longtemps qu’il existe, les Juifs vivront ensemble avec les non-Juifs – dont la plupart seront Arabes, » a écrit Shalom Arbiv, un médecin qui vit à Alon Shvut, sur la liste de courriel de la communauté.
« Nous ne devons pas tendre l’autre joue. Mais nous ne devons pas non plus agir avec zèle, sans effet, et continuer à empoisonner l’atmosphère ».
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