Les clients vident les rayons des supermarchés malgré les appels à ne pas paniquer
Les rayons des eaux minérales, conserves, pommes de terre, riz, pâtes, farines et couches sont vides suite aux consignes. Le ministère de la Défense assure qu'il n'y a aucun risque de pénurie
Depuis lundi soir, et mardi encore, les supermarchés du pays sont bondés, pris d’assaut par des clients pressés de faire des stocks de produits de première nécessité, suite aux consignes des autorités militaires en vue de la guerre qui pourrait amener des millions de personnes à rester dans des refuges pendant de longues périodes.
En de nombreux endroits, les rayons des supermarchés ont été rapidement vidés des packs d’eau et denrées non périssables, suite à la publication d’un avis du commandement du front intérieur de l’armée israélienne, lundi soir, recommandant aux Israéliens de constituer des stocks pour trois jours au moins de produits de première nécessité.
Dans le nord d’Israël, dans un supermarché Rami Levy de Pardes Hannah-Karkur, loin de la région frontalière de Gaza où les terroristes du Hamas ont massacré des centaines d’Israéliens samedi, les allées étaient bondées de clients dès 8 heures du matin, les chariots débordant de produits de première nécessité et autres aliments.
« Que peut-on y faire ? » dit en haussant les épaules un homme qui dit s’appeler Yitzhak, le chariot rempli de packs d’eau, sans doute les derniers du magasin. « J’ai trois familles chez moi. »
Alors que la pénurie semble gagner, le ministère de la Défense a publié mardi une déclaration pour apaiser les craintes en la matière.
« Il n’est pas nécessaire de se précipiter et de vider les rayons », a déclaré le général de brigade Yoram Lardo, chef de l’autorité nationale de gestion des urgences au sein du ministère de la Défense. Il a expliqué que les chaînes d’approvisionnement et de fabrication fonctionnaient normalement et qu’il n’y avait aucune crainte de pénurie.
L’avis du Commandement du front intérieur, publié après avoir ordonné aux habitants du nord de se rendre dans les abris anti-aériens alors que le Hezbollah se préparait à une attaque au mortier, alimente les craintes d’une attaque de grande ampleur sur deux fronts. Les autorités ont rappelé que l’avis ne faisait que rappeler des recommandations permanentes toujours pertinentes et qu’il n’y avait pas lieu de paniquer, mais les informations et photos ont rapidement témoigné d’une autre réalité, faite de très longues files d’attente et de rayons vides, au-delà des seules denrées non périssables.
אושר עד בעקבות הנחיית פיקוד העורף
???? pic.twitter.com/et3BM9XQrI— Asslan Khalil (@KhalilAsslan) October 9, 2023
Nombre d’Israéliens avaient en effet devancé l’avis et commencé à constituer des stocks de précaution, le pays étant sur le pied de guerre depuis l’attaque brutale du Hamas, samedi matin.
À Pardes Hanna-Karkur, les acheteurs ont fait preuve de pragmatisme et de patience au moment d’effectuer leurs achats. Certains étaient manifestement exaspérés et stressés, sans toutefois de manifestations de panique ou de bousculades.
À l’arrière du magasin, au rayon viandes, il n’y avait plus de poulet frais et rien n’était attendu avant le lendemain. « Les gens, hier, ont tout acheté », a expliqué un employé.
Il n’y avait plus ni eau minérale, ni conserves, ni pommes de terre, riz, pâtes ou farine, pas davantage que de couches pour bébés, mais il y avait encore beaucoup d’autres articles en rayon, à commencer par le lait et les produits laitiers.
Les employés étaient nombreux à s’activer pour réapprovisionner les rayons. L’un d’eux a glissé qu’ils avaient du mal à répondre à la demande. « Je n’y crois », a soupiré une autre en passant la main sur ses sourcils.
« Que peut-on y faire, c’est la guerre », dit Shlomit, en train de faire la queue avec son chariot rempli à ras bords.
Elle a expliqué que ses enfants et jeunes petits-enfants se trouvaient avec elle.
L’homme juste devant elle, dans la file d’attente, s’est moqué. « Pourquoi les gens achètent-ils des packs d’eau ? Il y a l’eau du robinet. En 1973, il n’y avait pas d’eau en bouteille, nous nous débrouillons sans tout cela », a-t-il déclaré, faisant le tour de l’immense magasin.
En raison de la ruée sur certains produits, Shufersal, la plus grande chaîne de supermarchés du pays, a annoncé mardi qu’elle limiterait désormais les achats de produits de base, comme l’eau et les œufs.
« Par souci d’équité envers nos clients, et en raison de la très forte demande, des difficultés d’approvisionnement et d’un manque de produits dans certaines succursales, nous avons décidé de limiter l’achat de produits alimentaires de base tels que l’eau, les œufs, le pain et le lait », a déclaré Uri Watermann, PDG de Shufersal.
Shufersal et Carrefour, supermarché français qui a récemment ouvert des succursales en Israël, ont annoncé qu’ils enverraient des colis d’aide aux personnes directement touchées par les combats.
Carrefour a également annoncé des réductions pour les organisations humanitaires ou les particuliers effectuant des achats importants.
Dans le supermarché Rami Levy, Yesha’ayahu a expliqué avoir besoin de faire des achats pour tous ses enfants, qui seront avec lui après l’école et peut-être même davantage.
Il assure ne pas être venu suite à la publication de l’avis du Commandement du Front intérieur.
« Il vaut mieux faire les courses que regarder les informations », a-t-il conclu.