Les députés arabes rencontrent Gantz
La rencontre entre le chef de Kakhol lavan et les leaders de la Liste arabe unie ont appelé à un "réel processus diplomatique" avec les Palestiniens

Le leader de Kakhol lavan Benny Gantz a rencontré les responsables de l’alliance de la Liste arabe unie pour des pourparlers de coalition, jeudi, ouvrant la porte à la possibilité d’un soutien des partis arabes à sa coalition ou à leur intégration dans le gouvernement pour la toute première fois depuis des décennies.
La rencontre entre Gantz et le président de la Liste arabe unie, Ayman Odeh, et Ahmad Tibi, l’un des députés de la formation, s’est déroulée dans une « atmosphère positive », a fait savoir un communiqué de l’alliance arabe.
« Les problèmes importants pour la communauté arabe ont été débattus avec une emphase placée sur les questions civiles », a indiqué le communiqué qui a ajouté que « Gantz a établi clairement que le traitement de ces questions ne dépend pas » de l’éventuelle composition du gouvernement.
Cette réunion à huis-clos – qui a eu lieu après que Gantz a rencontré, au début de la semaine, les responsables des formations Yisrael Beytenu, Travailliste et du Camp démocratique ainsi que le leader du Likud, le Premier ministre Benjamin Netanyahu — a duré approximativement une heure, a expliqué un porte-parole d’Odeh dans un communiqué séparé.
« Des questions pressantes pour la communauté arabe ont été soulevées durant l’entretien, notamment celles des crimes et de la violence, des constructions, de la planification, de l’économie générale et le problème politique », a continué le porte-parole.
« Tibi et Odeh ont affirmé le soutien à la Liste arabe unie à un processus diplomatique réel qui entraînera la fin de l’occupation et l’établissement d’un état palestinien dans le cadre d’une solution à deux Etats », a ajouté le porte-parole.

Avant sa rencontre, Odeh a défendu sa décision de rencontrer Gantz, insistant sur le fait qu’il souhaitait faire ce qui était nécessaire pour faire partir le Premier ministre Benjamin Netanyahu.
« Nous avons garanti à nos électeurs que nous ferions tout ce qui est possible pour remplacer Netanyahu et l’extrême-droite », a dit Odeh dans une déclaration. « Toutes les options sont sur la table, tant qu’il y a une alternative de paix et d’égalité proposée. »
La majorité des membres de l’alliance d’Odeh ont précédemment exclu l’idée d’une intégration au sein d’une coalition dirigée par Gantz et le parti Balad, partisan d’une ligne dure, a refusé de soutenir Gantz au poste de Premier ministre lors des recommandations auprès du président Reuven Rivlin après le scrutin du mois dernier.
La dernière fois qu’un parti à majorité arabe avait appuyé un gouvernement remonte à 1992. Cette année-là, Hadash avait soutenu – sans rejoindre, la coalition de Yitzhak Rabin, du Parti travailliste.
La semaine dernière, le numéro un de la Liste arabe unie avait appelé Gantz à former un gouvernement de minorité qui comprendrait les partis à majorité arabe, disant que même s’il s’effondrerait rapidement, une initiative « courageuse » serait méritoire – ne serait-ce que pour mettre un terme au mandat de Premier ministre de Netanyahu.

Gantz n’a pas précisé s’il soutenait la formation d’un gouvernement minoritaire avec le soutien de la Liste arabe unie.
Netanyahu, pour sa part, a mis en garde le chef de Kakhol lavan contre un tel projet, affirmant qu’il était impossible qu’un gouvernement s’appuie sur « des partis arabes antisionistes qui s’opposent à l’existence même d’Israël en tant qu’Etat juif et démocratique ».
Jeudi, après avoir rencontré Gantz et des représentants de Kakhol lavan, le ministre du Tourisme Yariv Levin, à la tête de l’équipe de négociations du Likud, a indiqué qu’il s’inquiétait de ce que les pourparlers étaient « de fausses négociations devant les caméras » et de ce que « les vrais pourparlers sont ceux qui sont en train d’avoir lieu avec Odeh et Tibi ».
Odeh s’est tourné vers Twitter, disant que malgré les efforts visant à discréditer son parti, « nous resterons fidèles aux valeurs de paix et d’égalité et, comme toujours, nous saluons l’hystérie du Likud ».
Netanyahu, qui a tenté le premier de rassembler une majorité, a admis la semaine dernière n’y être pas parvenu après des négociations qui ont duré presque un mois.
Immédiatement après avoir été chargé de la formation d’un gouvernement, mercredi dernier dans la soirée, Gantz a commencé à négocier avec les chefs des partis leur entrée potentielle dans une coalition dirigée par Kakhol lavan.

Les élections israéliennes du mois de septembre – le second scrutin en six mois – ont abouti à une impasse politique. Netanyahu a émergé avec 32 sièges pour le Likud, formant un bloc de 55 députés issus des partis de droite et ultra-orthodoxes (Shas: 9; YaHadout HaTorah: 7 et Yamina: 7). C’est lui qui avait été initialement chargé de former une coalition sur la base du poids de ces alliances avec les différents partis.
Pour sa part, Gantz est à la tête d’un bloc de 54 législateurs des formations du centre, de la gauche et arabes (Kakhol lavan: 33; alliance Travailliste-Gesher: 6; Camp démocratique: 5; et 10 députés sur 13 au sein de la Liste arabe unie, majoritairement arabe).