Les ministres refilent le dossier de l’espace de prière égalitaire à Netanyahu
Ayelet Shaked se retire de la Commission sur la zone mixte quelques jours après que Miri Regev a qualifié le projet de "honte" pour le lieu saint
Raoul Wootliff est le correspondant parlementaire du Times of Israël
L’initiative concernant la création d’une zone de prière pluraliste et longtemps retardée du mur Occidental de Jérusalem a semblé en danger dimanche lorsque la ministre de la Justice Ayelet Shaked est devenue la deuxième ministre en moins d’une semaine à se retirer de la commission chargée de mettre en œuvre la proposition, et d’autres ministres du Likud ont refusé de pourvoir les postes vacants.
Après que la ministre de la Culture et des Sports Miri Regev a annoncé mercredi dernier qu’elle ne pouvait pas approuver le projet de construction de l’espace de prière, invoquant sa conscience et la « tradition juive », et qu’elle quitterait la présidence de la commission, Shaked a dit au Premier ministre Benjamin Netanyahu qu’elle aussi quittait le groupe de travail ministériel, a-t-il annoncé dimanche matin aux ministres du Likud.
S’exprimant lors de leur réunion hebdomadaire, Netanyahu a demandé aux ministres de son parti de nommer un volontaire pour diriger la commission à la place de Regev, mais il a obtenu un silence en retour, a déclaré un participant à la réunion au Times of Israel.
En réponse, Netanyahu a déclaré irrité : « Je m’occuperai moi-même de l’accord du mur Occidental. »
Plus tard, lors de la réunion plénière du cabinet, le ministre de l’Intérieur Aryeh Deri, qui dirige le parti ultra-orthodoxe Shas, a exhorté Netanyahu à rejeter le projet et à consulter le grand rabbinat d’Israël sur une alternative, a rapporté le radiodiffuseur Kan.
Le ministre des Affaires religieuses David Azoulay, également membre du Shas et opposant à la zone de prière pluraliste (qui a déjà déclaré que les Juifs réformés n’étaient pas juifs), est le seul ministre à rester au sein de la commission.
La décision de créer l’espace remonte au 31 janvier 2016, lorsque le gouvernement – poussé par des décennies d’activisme de la part du groupe de prière féministe Les Femmes du Mur – a approuvé le compromis dit du mur Occidental. Négocié patiemment depuis 2012 avec les dirigeants du judaïsme libéral et d’autres personnalités, il prévoyait la construction d’un espace pluraliste permanent à l’emplacement de l’actuel espace temporaire. D’autres aspects clés du projet comprenaient une entrée unique dans la zone à partager avec l’esplanade de prière orthodoxe, et l’établissement d’un conseil de juifs pluralistes pour superviser la zone égalitaire.
Mais le 25 juin 2017, Netanyahu a gelé le compromis. Tout en supprimant l’entrée commune et le conseil d’administration pluraliste, il a toutefois promis de poursuivre la construction d’une plate-forme permanente.
Les fouilles archéologiques à proximité de la plate-forme ont commencé en février 2018 par l’Autorité israélienne des antiquités, qui est chargée par le gouvernement de superviser les nouvelles constructions. Mais des obstacles bureaucratiques subsistent dans le processus de construction, supervisé par Regev, la ministre de la Culture.
Pour expliquer la réticence des ministres du Likud à se saisir de la question, le Comité central du Likud, un organe décisionnel puissant composé de militants du parti, a publié dimanche une lettre soutenant la décision de Regev de se retirer de la commission.
« Nous soutenons la décision courageuse de la ministre de la Culture Miri Regev de préserver le caractère sacré du mur Occidental et de ne pas permettre la création d’un espace réformé à côté de celui-ci », peut-on lire dans la lettre désobligeante signée par plus de 100 dirigeants locaux du Likud.
« Nous sommes à vos côtés dans la lutte pour le mur Occidental », ont-ils déclaré, s’adressant à Regev.
Mercredi, Regev a écrit sur Facebook qu’elle ne pouvait pas, en toute conscience, cautionner la création d’un espace de prière égalitaire au mur Occidental.