Les organisations juives de sécurité de New York se coordonnent
"L'Alliance juive pour la sécurité" qui a été formée veut "relier" les incidents antisémites disparates et assurer la sécurité des communautés juives à NY et dans le New Jersey
New York Jewish Week via JTA – Après que des policiers ont arrêté deux hommes armés à Penn Station en novembre dernier, soupçonnés d’avoir planifié une attaque contre des Juifs, il est rapidement apparu qu’une agence de sécurité juive locale avait fourni des informations qui avaient permis de la déjouer.
En réalité, les informations obtenues et les arrestations ont été le fruit du travail de plusieurs groupes de sécurité juifs, tous actifs dans la région de New York, selon les dirigeants de ces groupes. Evan Bernstein, directeur-général du Community Security Service (CSS) basé à New York, a déclaré qu’il avait reçu des informations sur les deux suspects de la part d’un organisme de surveillance juif au Royaume-Uni. Il a ensuite transmis ces informations à la Community Security Initiative (CSI), qui les a communiquées aux services de police.
Le Center on Extremism de l’Anti-Defamation League (ADL) a quant à lui découvert que l’un des hommes avait publié sur Twitter un flux de messages antisémites et misogynes, selon le site d’information Gothamist.
Les dirigeants des différents groupes ont annoncé, lors d’une conférence de presse qui a eu lieu mardi, que cette collaboration entre les organisations, qui ont des missions et des noms similaires, a été officialisée. Une nouvelle coalition baptisée « Alliance juive pour la sécurité » aura pour objectif de servir de point de contact central pour les forces de l’ordre de la région de New York et du New Jersey sur les questions touchant la communauté juive. Les organisations ont toutes signé un « protocole d’accord » officialisant le partenariat, qui, selon elles, existait déjà, de manière informelle, depuis six mois.
« La coordination et les renseignements dans les moments de crise sont essentiels », a déclaré Bernstein lors de la conférence de presse. « C’est quelque chose qui doit être reproduit dans tous les États-Unis. Nous ne pouvons pas nous permettre de fonctionner en vase clos. Ce type de partenariat rend notre communauté juive plus sûre. »
La nouvelle alliance est un partenariat entre l’ADL, organisme national de surveillance de l’antisémitisme et de la lutte contre l’extrémisme, la CSI, qui coordonne la sécurité des institutions juives locales dans la région de New York, et la branche locale du CSS, dont la mission principale est de former des patrouilles de sécurité bénévoles dans les synagogues. Le partenariat comprend également un certain nombre de fédérations juives de la région métropolitaine de New York et du New Jersey.
La conférence de presse de mardi s’est tenue dans le laboratoire de recherche de l’ADL, devant un mur d’écrans d’ordinateurs présentant des incidents à caractère haineux à travers l’Amérique, qui ressemblait au siège d’une agence de surveillance dans un James Bond.
« Il se peut qu’un incident se produise à Rockland, dans le comté de Nassau et dans le New Jersey, et qu’en raison des différences géographiques et des différentes juridictions, aucun organisme chargé de l’application de la loi ne soit au courant », a déclaré Mitch Silber, directeur exécutif de la CSI, qui a précédemment occupé le poste de directeur de l’analyse des renseignements au sein de la police de New York. « Parce que nous sommes ce tissu conjonctif entre les communautés et les différentes agences, nous pouvons relier ces points. »
En plus d’assurer la liaison avec les forces de l’ordre, le partenariat fournira des formations et des recommandations en matière de sécurité aux institutions juives et à leurs membres, a indiqué le communiqué de presse. Il se veut également être une « source d’information fiable et complète sur les menaces et autres problèmes de sécurité » et il recueillera les rapports portant sur d’éventuels incidents dans les institutions juives et touchant des membres de la communauté. L’ADL a établi plusieurs autres partenariats avec des organisations juives, telles que Hillel International et les principales organisations des mouvements réformé et massorti (conservateur), afin de faciliter le signalement des incidents antisémites.
L’annonce de ce partenariat a été faite quelques jours après la publication par l’ADL de son audit national annuel sur l’antisémitisme pour 2022, qui fait état d’une augmentation de 36 % des incidents par rapport à l’année précédente. Plus d’un quart des 3 697 incidents inclus dans le rapport ont eu lieu dans l’État de New York et dans le New Jersey. L’audit a également révélé que la majorité des 111 agressions antisémites commises en 2022 visaient des Juifs orthodoxes et que près de la moitié de ces agressions (52) ont eu lieu à Brooklyn, que le rapport qualifie « d’épicentre des agressions ». 14 agressions ont eu lieu ailleurs dans la ville de New York.
Lors de la conférence de presse, le directeur-général de l’ADL, Jonathan Greenblatt, a également mis l’accent sur un autre rapport récent de son organisation, un rapport qui établit que le nombre de personnes ayant des convictions antisémites « significatives » est plus élevé aux États-Unis qu’il ne l’a été depuis des décennies.
« Cela me concerne personnellement », a déclaré Greenblatt. « Je vis ici. C’est ma communauté. Je vais à la synagogue tous les samedis. Mes enfants vont au Talmud Torah chaque semaine. Je suis en colère. Je suis indigné. Nous constatons que ces croyances [antisémites] causent un réel préjudice. »
Scott Richman, directeur régional du bureau de l’ADL à New York et dans le New Jersey, a qualifié ce partenariat de « déclaration officielle d’une réalité qui existe depuis un certain temps ».
Bernstein a déclaré qu’avant la création de ce partenariat, les organisations de la communauté juive « ne communiquaient pas vraiment » entre elles.
« Tout le monde se répétait et tout ça était un peu hors sujet », a déclaré Bernstein. « Lorsque nous réagissons à quelque chose, si nous disposons d’une force unifiée, il est très important que les forces de l’ordre et la communauté constatent cette unification et qu’elle ait collectivement la même voix dans tous les secteurs. »
Après la conférence de presse, Bernstein a déclaré à la New York Jewish Week qu’il s’agissait d’un « programme pilote » qu’il souhaiterait voir s’étendre à l’ensemble du pays. Selon une carte des incidents antisémites présentée lors de la conférence de presse, la Californie du Sud et Miami étaient également des points sensibles au regard des activités antisémites. Bernstein a indiqué que le CSS possédait des antennes dans ces deux régions.
« Ce sera une étude de cas », a déclaré Bernstein. « Si cela fonctionne bien, tout le monde sera heureux à l’idée qu’il ne s’agit pas d’un programme isolé. Il faut de sérieuses bases ici pour montrer qu’il fonctionne vraiment à long-terme avant que nous puissions penser à d’autres communautés. »