Israël en guerre - Jour 491

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Opinion

L’espionnage américain et les tunnels du Hamas soulignent le malaise de la défense d’Israël

Nous sommes supposés être la nation start-up, hyper sophistiquée. Mais nous ne pouvons pas sécuriser nos communications militaires les plus sensibles, et nous n’avons même pas essayé de trouver une solution type Dôme de fer pour répondre aux tunnels du Hamas creusés sous la frontière

David est le fondateur et le rédacteur en chef du Times of Israel. Il était auparavant rédacteur en chef du Jerusalem Post et du Jerusalem Report. Il est l’auteur de « Un peu trop près de Dieu : les frissons et la panique d’une vie en Israël » (2000) et « Nature morte avec les poseurs de bombes : Israël à l’ère du terrorisme » (2004).

La base de Troodos de la Royal Air Force, à Chypre, d'où les Etats-Unis et le Royaume-Uni auraient piraté les communications de l'armée de l'air israélienne. (Crédit : Edi Weissmann, Amsterdam / Wikipedia)
La base de Troodos de la Royal Air Force, à Chypre, d'où les Etats-Unis et le Royaume-Uni auraient piraté les communications de l'armée de l'air israélienne. (Crédit : Edi Weissmann, Amsterdam / Wikipedia)

Israël a déclaré lui-même qu’il était « déçu » mais « pas surpris » de la révélation vendredi que les Etats-Unis et le Royaume-Uni piratent les communications des drones et des avions de combat de l’armée de l’air israélienne depuis 18 ans. Pardon ? Si cela n’est pas une surprise pour les autorités israéliennes, pourquoi n’ont-elles rien fait à ce propos ?

Les dirigeants israéliens se vantent sans cesse de la puissance internet et technologique que nous sommes. Et pourtant nos communications les plus sophistiquées ont été continuellement décryptées pendant la plus large partie de ces deux dernières décades.

Dites-moi, n’avons-nous pas changé le processus de cryptage des données pendant 20 ans ? Et si nous l’avons fait, l’encodage était-il si amateur qu’il ne présentait aucune difficulté du tout pour les pirates d’état américain et britannique ?

Certaines sources sécuritaires israéliennes ont affirmé énergiquement pendant le week-end que la faille n’a que peu de conséquence – en partie parce qu’après tout, les Etats-Unis et le Royaume-Uni sont nos alliés, pas nos ennemis. En vérité, les révélations soulèvent cependant toutes sortes de questions et de problèmes troubles.

Pour commencer, elles font du niveau, implacablement accru, supposément sans précédent, de partage de renseignements entre Israël et les Etats-Unis un sujet de moquerie.

En fait, les Etats-Unis ne font clairement pas confiance à Israël pour une pleine coopération de renseignements. (Dimanche nous avons appris que les Etats-Unis et le Royaume-Uni ont même espionné nos tests de missile de défense).

En fait, les Etats-Unis espionnent de manière routinière l’Etat juif.

En fait, les Etats-Unis auraient su en temps réel si Israël avait avancé sur sa menace maintes fois répétée de frapper une installation nucléaire iranienne. L’on peut simplement se demander comment les Etats-Unis, opposés à de telles frappes, auraient agi – quelles mesures pratiques ils auraient prises – quand ses espions leur auraient dit que les Israéliens se préparaient à attaquer.

Le ministre de la Défense Moshe Yaalon rencontre le chef d'état-major militaire américain le général Joseph Dunford au siège de la Défense à Tel-Aviv, le dimanche 18 octobre 2015. (Crédit : Ariel Harmoni / Ministère de la Défense)
Le ministre de la Défense Moshe Yaalon rencontre le chef d’état-major militaire américain le général Joseph Dunford au siège de la Défense à Tel-Aviv, le dimanche 18 octobre 2015. (Crédit : Ariel Harmoni / Ministère de la Défense)

Le simple fait que nous soyons à présent tous conscients de l’espionnage souligne profondément l’aspect perturbant de cette affaire.

Ces intelligents américains et britanniques ont pensé qu’ils récupéraient des secrets israéliens pour leurs propres intérêts nationaux.

A la place, cependant, il se trouve que les chambres fortes des renseignements américains étaient également grandes ouvertes – ouvertes à la pénétration par Edward Snowden.

Donc ce n’est pas simplement les renseignements américain et britannique qui peuvent maintenant voir les films et les communications classifiés de l’armée de l’air israélienne. Tout ce que Snowden a obtenu est maintenant public, pour que le monde entier puisse se délecter.

Au final, si les Etats-Unis et le Royaume-Uni peuvent percer les communications militaires israéliennes top secrètes, des forces hostiles le peuvent probablement aussi.

Des années après que nous nous soyons tous tapés dans le dos pour la sophistication ostensible du virus Stuxnet qui a accéléré les centrifugeuses iraniennes, les faisant entrer en collision les unes avec les autres et retardant apparemment le programme nucléaire iranien de plusieurs mois, c’est un pari très sûr de penser que Téhéran s’est dédié assidûment à la maitrise de l’art sombre de la guerre virtuelle. Avec Israël au sommet de sa liste de cibles.

Si Israël ne peut pas protéger ses informations les plus sensibles de ses amis, l’on redoute d’imaginer le degré de vulnérabilité face à nos ennemis

En 1997, le Hezbollah avait piraté une alimentation de drone israélien non-encryptée et avait ensuite été capable de piéger des membres de l’unité d’élite navale Shayetet 13 de l’armée israélienne dans un raid au Liban, tuant 12 soldats israéliens.

Que l’alimentation ne soit pas encryptée en premier lieu était un scandale. Que les procédures d’encodage introduites à la suite de ce désastre étaient bien évidemment tout à fait inadéquates est une mauvaise blague fatale.

Si Israël ne peut pas protéger ses informations les plus sensibles de ses amis, l’on redoute d’imaginer le degré de vulnérabilité face à nos ennemis.

Le chat et la souris à la frontière de Gaza

Le grand scandale de décodage par nos alliés n’est pas le seul événement de ce week-end qui suggère un profond malaise dans notre appareil de sécurité.

A peine 18 mois se sont écoulés depuis que nous avons été entraînés dans une guerre avec le Hamas, et les dirigeants islamistes de la bande de Gaza ont regagné leur confiance à propos de mener encore une guerre contre nous.

Leur ancien Premier ministre, Ismail Haniyeh, se vantait vendredi que le développement des roquettes avançait bien – comme nous le savons par les fois incessantes où le Hamas teste ses roquettes avec des tirs en Méditerranée – et que le creusement des tunnels faisait des progrès sans précédent.

Malgré toutes les promesses qu’Israël, sophistiqué, super start-up, trouverait une réponse à la menace des tunnels terroristes, Israël encore une fois se retrouve à jouer au chat et à la souris à la frontière de Gaza.

L’histoire se répète telle une dangereuse farce, les résidents des communautés israéliennes à la frontière avec Gaza sentent encore le sol trembler sous leurs pieds pendant que les tunneliers du Hamas pénètrent en-dessous.

Des hommes armés du Hamas habillés comme des soldats israéliens ciblent les forces israéliennes après avoir émergé d'un tunnel près du kibboutz Nir Am, le 21 juillet 2014. (Crédit : capture d'écran armée israélienne)
Des hommes armés du Hamas habillés comme des soldats israéliens ciblent les forces israéliennes après avoir émergé d’un tunnel près du kibboutz Nir Am, le 21 juillet 2014. (Crédit : capture d’écran armée israélienne)

Dans la dernière guerre, le Hamas a échoué à faire un usage maximal de ses tunnels transfrontaliers. Il a échoué à envoyer les centaines d’hommes armés qu’il envisageait en Israël, pour capturer une base militaire, un kibboutz ou un village agricole, et à rééquilibrer complètement la balance de puissances entre nous.

Il a depuis travaillé sans cesse à améliorer ses chances de réaliser une attaque éclatante au début d’une nouvelle série de conflit. Et Israël ? Israël n’a jamais alloué le budget pour la technologie de type Dôme de fer qui permettrait de résoudre le problème de ces tunnels.

Une perte de crédiblité

Pendant ce temps, la France a proposé un programme de restauration des négociations de paix, soutenu par la menace qu’elle reconnaitrait un Etat palestinien si ces efforts échouaient, comme ils le feront inévitablement : si vous dites aux Palestiniens que vous reconnaitrez leur État si les négociations ne mènent nulle part, c’est une véritable motivation pour l’inflexibilité palestinienne – comme les Français le savent sûrement.

Le président chypriote, Nicos Anastasiades (au centre), le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu (à gauche) et le Premier ministre grec, Alexis Tsipras se serrant la main lors de leur rencontre au palais présidentiel à Nicosie, à Chypre, le 28 janvier 2016 (Crédit : POOL/AFP / Yiannis Kourtoglou)
Le président chypriote, Nicos Anastasiades (au centre), le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu (à gauche) et le Premier ministre grec, Alexis Tsipras se serrant la main lors de leur rencontre au palais présidentiel à Nicosie, à Chypre, le 28 janvier 2016 (Crédit : POOL/AFP / Yiannis Kourtoglou)

Peut-être que si le Premier ministre avait montré une volonté à appeler à une halte formelle de l’expansion des implantations dans les zones qu’Israël n’envisage pas de garder dans le cadre d’un accord permanent, ses affirmations intermittentes selon lesquelles il soutient une solution à deux états auraient eu plus de crédibilité au sein de la communauté internationale, la descente continue d’Israël vers l’isolement international aurait pu être ralentie, et il aurait eu plus de succès à persuader ses homologues de France qu’il n’est pas si facile d’associer la demande de droit au retour, au déni de l’histoire juive, à l’incitation au terrorisme des dirigeants palestiniens à un état sans mettre en danger l’Etat d’Israël.

Ce serait une fin amusante de se dire, après le sommet tripartite de Netanyahu la semaine dernière, qu’au moins nous avons Chypre.

Sauf que c’est depuis une infrastructure de la Royal Air Force dans les montagnes Troodos, près du Mont Olympe, que les Etats-Unis et le Royaume-Uni ont lu les communications de notre armée de l’air. Donc c’est plutôt Chypre – ou plus précisément ses propriétaires américains et britanniques – qui semble nous avoir.

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