L’histoire du rôle vital du Kenya à Entebbe, « le sauvetage d’otages le plus audacieux de l’histoire »
Le rôle logistique sous-estimé de Nairobi dans l'Opération Entebbe a cimenté la coopération continue en matière de sécurité avec Israël, qui encore aujourd'hui porte ses fruits
NAIROBI – Dans la nuit du 3 juillet 1976, trois avions de transport de troupes, qui auraient été des avions militaires C-130 israéliens, auraient atterri à l’aéroport de Nairobi.
Le salon de l’aéroport aurait été transformé en un hôpital de campagne de fortune, avec des tables d’opération, du matériel d’anesthésie et des bouteilles d’oxygène, et les troupes de l’armée régulière du Kenya ainsi que les membres du Groupe des services généraux (GSU) se seraient déplacés pour sécuriser la zone de l’aéroport.
Plus tard cette nuit-là, les trois avions transportant des commandos israéliens ont décollé de l’aéroport international Jomo Kenyatta de Nairobi pour un vol vers Entebbe d’un peu plus d’une heure, via le Kenya, avec la permission secrète du gouvernement kenyan.
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Celle qui est largement connue comme étant la « mission de sauvetage d’otages la plus audacieuse de l’histoire » a été réalisée il y a 40 ans cette semaine par les commandos des Forces de défense israéliennes, une mission anti-terroriste réussie à l’aéroport d’Entebbe en Ouganda où ont été abattus les terroristes qui avaient pris 260 hommes, femmes et enfants en otage.
Le raid d’Entebbe a été le résultat du détournement d’un avion d’Air France par des terroristes palestiniens et allemands. Les pirates de l’air, des membres du Front palestinien pour la libération de la Palestine (FPLP) et des Cellules révolutionnaires allemandes (RZ) avaient détourné l’avion pour Benghazi, en Libye pour se ravitailler et plus tard volé vers Entebbe, en Ouganda.
Il y avait 248 passagers et 12 membres d’équipage à bord. Tous les passagers non-Juifs ont été libérés, laissant derrière eux 106 otages. Parmi les autres passagers, 102 ont été secourus et transportés en Israël via Nairobi, peu après le raid.
Le raid a été très acclamé comme étant quasi impossible. Au final, il n’aurait pas pu avoir lieu sans l’aide de l’un des gouvernements d’Afrique de l’Est. Et alors que le Premier ministre israélien, Benjamin Netanyahu, fait route vers l’Afrique cette semaine, les liens permanents entre les nations n’ont jamais été aussi forts.
« L’opération n’aurait pas pu réussir sans la collaboration du Kenya », affirme Simiyu Werunga, directeur du Centre africain pour la sécurité et les études stratégiques.
Ses sentiments sont partagés par le porte-parole du Kenya pour le ministère de l’Intérieur et de la coordination du gouvernement national, Mwenda Njoka. Selon Njoka, le Kenya a joué un rôle logistique clé qui était très nécessaire au succès de la mission de sauvetage d’Entebbe.
Le Kenya a permis à des avions de chasse israéliens d’atterrir et de faire le plein à l’aéroport international Jomo Kenyatta. Le pays a également fourni une base aux agents du Mossad pour recueillir des renseignements sur le vieux terminal d’Entebbe avant l’opération.
« L’opération n’aurait pas pu réussir sans la collaboration du Kenya »
« Israël avait besoin d’une zone de transit et le Kenya était la seule démocratie stable à ce moment-là. Il a fourni un centre logistique idéal à Israël pour qu’il mène à bien l’opération de sauvetage », explique Scholar Werunga.
Les blessés dans l’opération ont également été traités à Nairobi avant d’être rapatriés chez eux en Israël.
Selon le nouveau livre « Operation Thunderbolt », écrit par l’historien britannique militaire et diffuseur Saul David, l’implication du Kenya devait être gardée secrète.
« Les deux parties se sont serrées la main sur un accord qui, s’il avait été rendu public, aurait gravement endommagé la crédibilité du Kenya aux yeux de ses collègues membres de l’OUA [Organisation de l’unité africaine, devenue l’Union africaine] : non seulement le Kenya complotait avec un pays qui avait été mis à l’index par l’OUA, mais l’objectif principal de l’intrigue, le président Idi Amin de l’Ouganda, était le président en exercice de l’OUA », explique David dans son livre.
Le procureur général du Kenya et le ministre de l’Agriculture de l’époque, Charles Njonjo et Bruce Mackenzie, étaient très impliqués dans l’accord secret pour aider Israël.
« Thunderbolt » a révélé que la planification du raid d’Entebbe a eu lieu lors de deux réunions secrètes tenues au domicile de Njonjo à Nairobi.
« Israël garde longtemps en mémoire tous ceux qui ont participé à nous aider. Le ministre Bruce McKenzie a dû payer le prix ultime de sa vie, alors que le procureur général Charles Njonjo est encore en vie à ce jour. J’espère qu’il sera parmi ceux qui rencontreront notre Premier ministre quand il arrivera à Nairobi. Nous restons à jamais redevables », explique l’ambassadeur israélien au Kenya, Yahel Vilan.
Bruce MacKenzie aurait persuadé le président kenyan de l’époque, Jomo Kenyatta, de permettre au Mossad de recueillir des renseignements avant l’opération et permettre l’accès des forces de l’air israéliennes à l’aéroport international Jomo Kenyatta.
En représailles, le président Idi Amin de l’Ouganda, qui collaborait avec les terroristes à l’origine du détournement de l’avion israélien, a ordonné à ses agents d’assassiner MacKenzie. Il a été tué le 24 mai 1978, suite à l’explosion d’une bombe à retardement attachée à son avion lors d’un voyage retour à Nairobi depuis l’Ouganda. En son honneur, l’ancien chef du Mossad, Meir Amit a fait planter une forêt en Israël.
Bien que le Kenya et Israël jouissent d’une relation cordiale depuis 1963, la Guerre de Yom Kippour de 1973 avait tendu les relations.
La volonté du Kenya de collaborer avec Israël dans l’Opération Thunderbolt de 1976 a marqué la reprise de la relation forte mais calme dans une variété de domaines, notamment la sécurité, Israël soutenant le Kenya en cas d’urgence.
Au cours de l’attaque à la bombe de l’ambassade des États-Unis à Nairobi de 1998, où plus de 200 personnes ont été tuées, les troupes israéliennes étaient sur place pour aider à secourir ceux qui avaient été piégés dans les bâtiments.
En 2013, lorsque des terroristes ont attaqué le centre commercial Westgate à Nairobi tuant au moins 67 personnes, des agents israéliens sont arrivés pour une mission de sauvetage et pour aider aux enquêtes.
Les troupes israéliennes ont également été promptes à réagir lorsque des terroristes ont bombardé le Paradise Hôtel appartenant à des Israéliens, à Mombasa en 2002.
« Il y a une ligne directe entre l’assistance que le Kenya a offert à Israël lors de l’opération Entebbe et ce que nous avons fait dans le pays lors de menaces terroristes », a affirmé l’ambassadeur Vilan.
Vilan a déclaré qu’Israël travaille en étroite collaboration avec le Kenya dans la lutte contre le terrorisme et a promis d’aider le pays à empêcher de futures attaques terroristes.
« Quand le Kenya est attaqué nous nous sentons obligés de vous aider. Nous sommes toujours les premiers à arriver »
« Quand le Kenya est attaqué nous nous sentons obligés de vous aider. Nous sommes toujours les premiers à arriver. Parfois, nous n’attendons pas qu’on nous le demande, mais nous offrons », a assuré Vilan.
« Par le passé, nous sommes arrivés une minute trop tard et tout ce que nous avons pu faire fut d’aider à sauver. Nous voulons maintenant participer à la prévention de toutes les attaques terroristes au Kenya », a-t-il dit.
Selon Mwenda Njoka, porte-parole du ministère de l’Intérieur et de la coordination du gouvernement du Kenya, Israël a offert beaucoup de soutien à la fois dans la formation et le soutien technique à la sécurité et dans les forces spéciales du Kenya.
Lorsque le président Uhuru Kenyatta du Kenya a visité Israël en février 2016, il y a eu des discussions sur la coopération en matière de sécurité dans la guerre contre le terrorisme.
Vilan a assuré que bien que la sécurité n’ait pas été le seul ordre du jour, il y avait eu des discussions sur la façon d’aider le Kenya dans la guerre contre le terrorisme, en particulier contre la milice somalienne Al-Shabaab.
Il a confirmé qu’Israël était prêt à coopérer avec le Kenya dans ses opérations de contre-terrorisme.
Les militants d’Al-Shabaab ont mené plusieurs attaques terroristes au Kenya. Les plus récentes sont l’attaque du centre commercial Westgate en 2013 qui a fait 67 morts et l’attaque en 2015 de l’Université Garrisa dans la partie nord-est du pays, où 157 personnes ont été tuées.
En contre-attaque, les troupes des Forces de défense du Kenya font partie de la mission de soutien de la paix panafricaine en Somalie. Plusieurs soldats ont été tués et d’autres capturés lors d’une attaque d’Al-Shabaab sur une base du Kenya dans la ville de El-Adde il y a quelques mois.
Werunga a déclaré que la coopération de sécurité entre Israël et le Kenya datant de 40 ans est louable, et a estimé que la visite de Netanyahu au Kenya ne fera que renforcer la relation et conduire à la mise en place d’accords formels améliorés avec une feuille de route claire en termes de coopération en matière de sécurité.
« Chaque pays a besoin d’amis internationaux. Nombreux sont ceux qui parlent des États-Unis et de la Grande-Bretagne, mais Israël a été le plus proche du Kenya. C’est parce qu’Israël n’en fait pas des montagnes. Tout ce que le Kenya a besoin de faire, c’est de simplement passer un appel téléphonique en cas d’obligation d’intervention d’urgence et Israël sera présent. Ce sont de vrais amis », a affirmé Werunga.
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