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L’Iran exécute 29 personnes, plusieurs ONG tirent la sonnette d’alarme

La République islamique a exécuté au moins 313 personnes en 2024, selon un précédent décompte de l'ONG Iran Human Rights

Illustration : Un homme aux yeux bandés reconnu coupable de vol à main armée, d'enlèvement et du meurtre de deux policiers attend d'être pendu en public, le 16 avril 2011, sur une photo publiée par l'agence de presse semi-officielle Mehr. (Crédit : Mohammad Hadi Khosravi/AP)
Illustration : Un homme aux yeux bandés reconnu coupable de vol à main armée, d'enlèvement et du meurtre de deux policiers attend d'être pendu en public, le 16 avril 2011, sur une photo publiée par l'agence de presse semi-officielle Mehr. (Crédit : Mohammad Hadi Khosravi/AP)

L’Iran a pendu mercredi 29 personnes, dont 26 lors d’une exécution collective, a annoncé une ONG, peu après avoir fait l’objet d’une condamnation internationale pour avoir exécuté la veille un homme dans le cadre du mouvement de contestation déclenché par la mort de Mahsa Amini en 2022.

L’ONG Iran Human Rights (IHR), basée en Norvège, a déclaré que 26 hommes ont été exécutés dans la prison de Ghezel Hesar, à Karaj, près de Téhéran, et que trois autres hommes ont été exécutés dans une autre prison de cette même ville.

Ils avaient été condamnés pour meurtre, trafic de drogue et viol. Deux ressortissants afghans figuraient parmi eux.

D’autres groupes de défense des droits humains, Human Rights Activists News Agency (HRANA), basée aux États-Unis, et le Centre pour les droits de l’Homme en Iran (CHRI), basé à New York, ont également confirmé l’exécution d’au moins une vingtaine de personnes à Karaj.

Selon Amnesty International, l’Iran exécute plus de personnes par an que n’importe quel autre pays, à l’exception de la Chine. D’après l’IHR, une exécution collective de cette ampleur était sans précédent ces dernières années en Iran, le dernier exemple comparable remontant à 2009.

Des militants pour les droits humains accusent l’Iran d’utiliser la peine de mort comme moyen d’intimidation face au mouvement de contestation déclenché par la mort en détention en septembre de Mahsa Amini, une Kurde iranienne de 22 ans arrêtée pour infraction au strict code vestimentaire.

Des manifestations après la mort de Mahsa Amini, à Téhéran, en Iran, le 21 septembre 2022. (Crédit : AP)

« Sans une réponse immédiate de la communauté internationale, des centaines de personnes pourraient être victimes de la machine à tuer de la République islamique dans les mois à venir », a averti le directeur de l’IHR, Mahmood Amiry-Moghaddam.

« Outil de répression politique »

Plusieurs groupes de défense des droits humains avaient condamné plus tôt mercredi l’exécution la veille de Gholamreza Rasaei, la trentaine, dans la prison de Kermanshah, dans l’ouest du pays.

Il a été reconnu coupable du meurtre d’un colonel du Corps des Gardiens de la Révolution islamique (CGRI), le bras armé de l’Iran, dans la région de Kermanshah en novembre 2022, selon l’organe de presse de la justice iranienne Mizan Online.

Rasaei, membre de la minorité kurde, avait été condamné à mort en octobre 2023 conformément à la loi du talion, utilisée en Iran dans les affaires de meurtre et liée à la volonté de la famille de la victime de voir appliquer la peine capitale, a précisé Mizan Online.

Il a été exécuté en secret, sans que ses proches ni son avocat n’en soient informés. Sa famille a ensuite été contrainte d’enterrer son corps dans une zone reculée, loin de chez lui, selon Amnesty International.

Région à majorité kurde, Kermanshah était à l’époque l’un des épicentres du mouvement de protestation déclenché par la mort de Mahsa Amini.

Cette exécution met en évidence la détermination de la République islamique « à utiliser la peine de mort comme un outil de répression politique pour semer la peur au sein de la population », a déploré Diana Eltahawy, directrice adjointe d’Amnesty International pour le Moyen-Orient et l’Afrique du Nord.

Une femme brandissant une pancarte représentant une photo de Mahsa Amini, 22 ans, une Iranienne décédée alors qu’elle était détenue par les autorités iraniennes, lors d’une manifestation dans la ville de Hasakeh, dans le nord-est de la Syrie, le 25 septembre 2022. (Crédit : Delil Souleiman/AFP)

L’ONG a jugé que sa condamnation à mort avait été prononcée « à l’issue d’un procès manifestement inéquitable qui reposait sur des ‘aveux' » forcés obtenus sous la torture et autres mauvais traitements, notamment des passages à tabac, décharges électriques et violences sexuelles.

L’IHR a rapporté que Rasaei avait lui-même déclaré au tribunal que ses aveux avaient été obtenus sous la torture, ce que le juge a décidé d’ignorer, tout comme deux témoignages d’experts qui le disculpaient, dont un rapport médico-légal.

La France a aussi condamné « avec la plus grande fermeté » son exécution, qualifiant la peine de mort de « châtiment injuste et inhumain ».

Pour ces ONG, l’exécution de Rasaei montre qu’il n’y a aucun signe de relâchement dans cette politique de recours à la peine de mort depuis l’élection du nouveau président Massoud Pezeshkian en juillet.

Alors que les craintes d’un conflit ouvert entre l’Iran et Israël s’amplifient, les défenseurs des droits humains appellent la communauté internationale à ne pas ignorer cette frénésie des pendaisons.

Rasaei est le dixième homme pendu par les autorités iraniennes à la suite de ces manifestations. Plusieurs centaines de personnes, y compris des membres de forces de sécurité, ont été tuées et des milliers arrêtées lors de ce mouvement décrit par les autorités comme des « émeutes » orchestrées par les pays occidentaux.

L’Iran a exécuté au moins 313 personnes en 2024, selon un précédent décompte d’IHR.

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