Netanyahu a échappé au service en temps de guerre, dit son ancien commandant
Le bureau du Premier ministre a rejeté l'accusation du lieutenant-colonel Shlomi Reisman, ajoutant que ce dernier n'était pas le commandant de Netanyahu pendant la guerre du Liban
Un ancien commandant du Premier ministre Benjamin Netanyahu au sein de l’unité d’élite Sayeret Matkal, dans l’armée israélienne, l’a accusé d’avoir refusé de faire son devoir de réserviste pendant la Première guerre du Liban, vingt-quatre heures après que le Premier ministre a condamné les réservistes qui avaient menacé de ne pas se présenter au service en raison du plan de réforme du système judiciaire israélien qui est avancé par le gouvernement.
Dans une lettre écrite à Netanyahu, le lieutenant-colonel à la retraite Shlomi Reisman a fait savoir qu’alors que l’actuel chef du gouvernement occupait un poste de diplomate à Washington, en 1982, il avait refusé de revenir en Israël après avoir été rappelé pour une mission « qui n’était pas de votre goût ».
« En ces années où j’étais commandant de votre bataillon de réserve, nous avions porté le fardeau et chacun de vos amis, jeunes et moins jeunes, avait servi entre 40 à 70 jours de réserve par an. Certains étaient même spécialement revenus de l’étranger. Vous aviez servi un nombre minuscule de jours de réserve et j’avais donc ôté votre nom de l’ordre de combat », a ajouté Reisman dans son courrier.
« En les comparant à vous, sachez que les réservistes que vous critiquez avec tant d’ardeur effectuent de nombreuses journées de réserve, sans excuses et sans histoires, et ce ne sont pas des ‘refuseurs’. Vous êtes un refuseur. Vous refusez de mettre un terme à la destruction de la démocratie et à la destruction de l’armée israélienne », a-t-il poursuivi.
Dans une réponse acerbe, le bureau du Premier ministre a affirmé que les accusations lancées par Reisman étaient « des mensonges complets », affirmant de surcroît qu’il n’avait pas été le commandant direct de Netanyahu au sein de Tsahal.
« Le Premier ministre Netanyahu a consacré sa vie à la sécurité d’Israël et il a même risqué sa vie à plusieurs reprises dans la bataille pendant la guerre de Yom Kippour et pendant d’autres opérations. Il a aussi été blessé dans une opération qui visait à mettre un terme à la prise d’otages de l’avion Sabena », a noté le communiqué, faisant référence au détournement, par des terroristes palestiniens, d’un vol commercial qui reliait Vienne à Tel Aviv.
« A chaque fois qu’il a été appelé, le Premier ministre Netanyahu s’est présenté pour son devoir de réserve. C’est ce qu’il attend de tous et il a un respect immense pour les réservistes qui portent le fardeau de la défense du pays », a continué le communiqué.
Le courrier envoyé par Reisman semble être une réponse à une conférence de presse de Netanyahu qui a eu lieu lundi soir. Le Premier ministre avait souligné à cette occasion que les menaces lancées par les réservistes – qui menaçaient de refuser de faire leur service en raison du projet de réforme du système de la justice – étaient perçues comme une « faiblesse » par les ennemis d’Israël.
Netanyahu a aussi annoncé, lors de cette conférence de presse, que le ministre de la Défense Yoav Gallant resterait finalement à son poste. Il l’avait limogé il y a deux semaines en raison de son appel public à geler le plan de réforme.
Dans la lettre, Reisman a critiqué le Premier ministre qui aurait dit aux généraux qu’ils « s’étaient mis en grève » et il lui a reproché de ne pas avoir renvoyé la ministre des Renseignements, Galit Distel Atbaryan, qui avait qualifié les réservistes de « mauviettes tombées sur le bord de la route ».
« Vous ne l’avez pas renvoyée. Votre silence vous rend complice de ses propos malveillants », a-t-il ajouté dans sa missive.
Au cours des derniers mois, des groupes de réservistes de plus en plus nombreux – avec parmi eux des pilotes et des officiers des forces spéciales, qui font partie intégrante des activités de l’armée – ont averti qu’ils ne pourraient plus faire leur devoir militaire dans un Israël qui ne serait pas démocratique, accusant le gouvernement de vouloir supprimer la démocratie dans le pays avec son plan de réforme du système de la justice. Les soldats ont, eux aussi, fait part de leur inquiétude en notant qu’en l’absence d’un système judiciaire indépendant au sein de l’État juif et reconnu comme tel à l’international, ils ne fassent l’objet de poursuites judiciaires devant les tribunaux internationaux pour des actions menées pendant leur service.
Une tendance qui a entraîné de profondes inquiétudes au sein de l’establishment de la sécurité, qui a averti Netanyahu que les capacités opérationnelles de Tsahal étaient en péril.
Fin mars, Netanyahu a finalement interrompu le plan controversé, après de grandes manifestations spontanées qui ont été déclenchées par sa décision de renvoyer Yoav Gallant de son poste de ministre de la Défense. Gallant avait la veille appelé à suspendre le projet de réforme du système de la justice en Israël de manière à permettre des discussions de compromis, disant que les refus de service de plus en plus nombreux des réservistes faisaient peser une grave menace sur la sécurité nationale qui justifiait la mise en pause du processus.
L’équipe du Times of Israel staff a contribué à la rédaction de cet article.