Netanyahu promet d’intensifier la lutte contre les Houthis ; des responsables demanderaient d’attaquer l’Iran
Les rebelles yéménites subiront la même force que celle employée contre les autres proxies iraniens, menace le Premier ministre; le chef du Mossad aurait prévenu que frapper les Houthis n'était pas suffisant
Le Premier ministre Benjamin Netanyahu a averti dimanche qu’Israël passerait à l’acte contre les rebelles houthis au Yémen en employant la même force que contre les autres « tentacules terroristes » de l’Iran, ce qui semble indiquer le début du renforcement d’une campagne contre ce proxy de la République islamique, après qu’un missile balistique s’est écrasé à Tel Aviv, au cours du week-end.
Par ailleurs, des informations, en Israël, ont indiqué que de hauts-responsables de la Défense – et notamment dont le chef du Mossad, l’agence d’esionnage – ont estimé qu’il était préférable d’attaquer directement l’Iran plutôt que de s’en prendre à son groupe mandataire au Yémen.
Dans une déclaration filmée qui a été diffusée à l’issue d’une réunion de son cabinet de sécurité dans la ville de Safed, dans le nord d’Israël, Netanyahu a souligné qu’Israël n’était pas le seul pays à mener des opérations contre les Houthis, rappelant les attaques répétées lancées par les forces américaines et britanniques contre des cibles houthies au cours des douze derniers mois.
« Les États-Unis et d’autres pays, comme nous, considèrent que les Houthis sont une menace non seulement pour la navigation mondiale, mais aussi pour l’ordre mondial », a-t-il dit.
« Et comme nous avons agi avec force contre les tentacules terroristes de l’axe du mal iranien, nous agirons contre les Houthis avec force, avec détermination et sophistication », a-t-il continué.
Des propos qui ont été tenus vingt-quatre heures après qu’un missile balistique qui avait été tiré par ce supplétif de Téhéran a explosé dans un terrain de jeu au sud de Tel Aviv samedi, blessant 16 personnes et causant d’importants dégâts après l’échec des tentatives d’interception de l’armée israélienne.
Cela a été la deuxième fois en quarante-huit heures qu’un missile houthi a entraîné l’activation des sirènes dans le centre du pays au milieu de la nuit. Un missile, tiré jeudi, avait été partiellement intercepté en-dehors de l’espace aérien israélien et son ogive s’était écrasé sur un bâtiment scolaire vide dans la ville de Ramat Gan, causant à nouveau d’importants dégâts. Aucun blessé n’avait été signalé.
Peu après la frappe à Ramat Gan, l’armée avait lancé des frappes aériennes intenses contre des cibles houthies au Yémen.
Des dizaines d’avions avaient frappé des cibles houthies le long de la côte occidentale du Yémen et, pour la première fois, dans la capitale Sanaa, qui est tenue par les rebelles.
Les avions avaient touché des remorqueurs utilisés pour amener les navires au port et des centrales électriques dans la capitale.
L’armée de l’air se préparait à cette frappe depuis plusieurs semaines, selon des sources militaires, et les avions étaient déjà en route pour le Yémen lorsque les Houthis avaient lancé leur missile en direction d’Israël.
Des sources militaires israéliennes ont déclaré que les frappes au Yémen visaient à paralyser les trois ports utilisés par les Houthis, un groupe rebelle qui est soutenu par l’Iran, sur la côte du pays.
Tous les remorqueurs utilisés pour amener les navires dans les ports ont été bombardés lors de cette attaque israélienne, ainsi que les centrales électriques.
Indiquant que des frappes similaires pourraient être menées contre les Houthis à une date ultérieure, Netanyahu a promis dimanche que même si les opérations contre le groupe rebelle pouvaient prendre du temps, les résultats seraient les mêmes que ceux obtenus lors de la campagne israélienne contre le Hezbollah au Liban et contre le Hamas à Gaza.
Semblant confirmer les futures frappes au Yémen, un responsable israélien a déclaré au Times of Israel que « les Houthis sont désormais au centre des préoccupations » de l’establishment de la défense.
« Il y aura davantage d’attaques », a déclaré ce responsable.
Les attaques menées contre des cibles houthies, tout au long de l’année, semblent avoir aussi eu un impact financier. L’agence de presse turque Anadolu a récemment rapporté que le ministère yéménite des transports et la Red Sea Ports Corporation, dirigés par les Houthis, avaient annoncé que les frappes contre la ville portuaire de Hodeida, dans l’ouest du Yémen, depuis le mois de juillet, avaient causé des pertes à hauteur de 313 millions de dollars.
Les Houthis avaient commencé leurs attaques à l’encontre d’Israël et à l’encontre des itinéraires maritimes de la mer Rouge au mois de novembre dernier, dans le sillage du pogrom commis par le groupe terroriste du Hamas dans le sud d’Israël, le 7 octobre 2023 – un massacre qui avait été à l’origine de la guerre en cours dans la bande de Gaza.
Le groupe a lancé plus de 200 missiles et 170 drones en direction d’Israël au cours des douze derniers mois. Tsahal a fait savoir que la grande majorité d’entre eux n’avaient pas atteint l’espace aérien du pays ou qu’ils avaient été interceptés par l’armée et ses alliés dans la région.
Les rebelles soutenus par l’Iran ont également mené des attaques répétées en utilisant des missiles et des drones contre une centaine de navires marchands qui tentaient de traverser la mer rouge, ce qui a contraint de nombreux transporteurs à éviter cette voie d’eau déterminante et ce qui a paralysé le transport maritime mondial.
Téhéran craint une attaque israélienne
Alors que l’État juif semble prêt à intensifier ses attaques contre les Houthis, la chaîne israélienne N12 a signalé, dimanche soir, que la quasi-totalité des hauts responsables de l’establishment de la défense israélienne pensaient qu’Israël devait attaquer « à l’intérieur du territoire iranien ».
La Treizième chaîne, une chaîne d’information concurrente, a dit que le chef du Mossad, David Barnea, avait déclaré, semble-t-il, à des représentants du gouvernement lors de réunions récentes : « Nous devons viser la tête [du serpent], l’Iran – si nous ne frappons que les Houthis, il n’est pas certain que nous parviendrons à les arrêter. »
Israël estime que les Houthis ont pris la décision d’intensifier leurs attaques au missile et autres, a déclaré la chaîne, et que les actions du groupe ne sont pas toujours coordonnées avec l’Iran – voire appréciées par la république islamique.
Citant des responsables politiques et militaires israéliens qui se sont exprimés sous couvert d’anonymat, la Douzième chaîne a indiqué que le régime des Mollahs, à Téhéran, pensait qu’Israël pourrait bientôt attaquer. Des consultations seraient organisées de façon à déterminer la riposte à apporter dans ce cas de figure.
Le reportage de la chaîne N12 a souligné qu’il avait été approuvé par la censure militaire – a annoncé que lors de récentes rencontres entre des dirigeants politiques et militaires israéliens, des responsables avaient déclaré que l’Iran pensait qu’Israël avait choisi d’accepter un cessez-le-feu avec le Hezbollah au Liban dans le but de libérer des ressources afin de concentrer son attention directe sur la république islamique et d’exiger un prix à payer de la part de ses chefs.
Il a précisé que des sources israéliennes pensaient que le régime iranien était inquiet pour trois raisons : parce qu’Israël a détruit le système de défense antiaérienne de l’Iran, ouvrant l’accès de l’espace aérien du pays à l’armée de l’air israélienne ; parce que l’État juif a accepté le cessez-le-feu au Liban et en raison de la victoire électorale du président américain élu Donald Trump.
Le reportage a également noté que les leaders israéliens ont discuté de la possibilité de faire tout ce qui était en leur pouvoir pour garantir que l’Iran ne sera pas en mesure de reprendre le contrôle du Liban après les coups sévères portés au Hezbollah par Israël et qu’il ne pourront pas non plus reprendre le contrôle de la Syrie après le départ du président déchu Bachar el-Assad au début de ce mois.
Si de hauts responsables de la Défense se sont déclarés favorables à des frappes directes sur l’Iran, la chaîne N12 a également cité des sources qui, sous couvert d’anonymat, ont expliqué qu’Israël devait éviter une confrontation prolongée avec Téhéran à l’heure actuelle, car cela ne servirait pas les intérêts du pays – même si Tsahal doit encore entretenir et faire avancer ses capacités opérationnelles concernant l’Iran.
Les États-Unis craignent que l’Iran ne se concentre sur l’arme atomique
Alors que le recul de l’influence régionale de Téhéran serait perçu comme une opportunité par Israël, les États-Unis craignent que l’Iran, dans son état d’affaiblissement, ne se concentre sur la fabrication d’une arme nucléaire.
S’exprimant sur CNN, dimanche, le conseiller à la Sécurité nationale de la Maison-Blanche, Jake Sullivan, a déclaré qu’il avait informé l’équipe de Trump d’un risque que l’administration Biden juge crédible.
Les frappes israéliennes sur les installations iraniennes, y compris sur les usines de fabrication de missiles et sur le système de défense antiaérienne – ont réduit les capacités militaires conventionnelles de Téhéran, a déclaré Sullivan devant les caméras de CNN.
« Il n’est pas étonnant que des voix s’élèvent (en Iran) pour dire : ‘Eh bien, on devrait peut-être au plus vite nous doter d’une arme nucléaire… Peut-être que nous devrions revoir notre doctrine nucléaire ‘, » a dit Sullivan.
Il a ajouté qu’il avait demandé à l’équipe Trump de se montrer « vigilante » : « Concernant la menace d’une escalade nucléaire, c’est un risque dont j’ai personnellement informé l’équipe entrante ».
L’Iran affirme que son programme nucléaire a des visées pacifiques – mais la république islamique a développé ses activités d’enrichissement de l’uranium après que Trump, au cours de son mandat présidentiel, entre 2017 et 2021, s’est retiré d’un accord qui avait été conclu entre Téhéran et les grandes puissances mondiales – un accord qui imposait des restrictions aux activités nucléaires de l’Iran en échange d’un allègement des sanctions appliquées au régime des ayatollahs.